Lectures 2004-2012

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Depuis Plumes d’Afrique 2004, quelques personnes se sont regroupées dans
un comité de lecture pour échanger autour d’auteurs africains.
Lors des précédents festivals nous vous avions proposé une liste de titres lus par
notre comité.
Notre objectif est de faire partager nos lectures à tous ceux qui sont en quête
de titres ou à la recherche de textes pour leur public répondant à un des objectifs du
festival : Faire connaître la littérature d’expression francophone.
Il ne s’agit pas d’un travail professionnel. Nous avons poursuivi les lectures
après le Festival 2010. Le document que nous vous proposons regroupe les titres lus
depuis 2004 jusqu’à cette année.
Les romans Adultes/Ados p.1 à 76, les BD Adultes p. 77 à 82, les romans et BD
Enfants/Collèges, p.83 à la fin.
Les lectures les plus récentes sont en grisé.
N’ayant aucune ressource financière, chaque membre du comité glane ses
lectures en fonction des ses cheminements; ce qui explique que ce travail n’a aucun
caractère exhaustif ; notre souci est de couvrir les publics de tous les âges, mais il est
difficile de trouver des albums d’auteurs africains. Nous vous indiquons l’édition la
plus récente des ouvrages, disponible au moment de la publication de cette brochure.
Nous avons tenu à laisser parfois des avis contradictoires, aussi ne s’agit-il pas
d’une sélection. Nous sommes conscients de n’avoir lu que des titres diffusés ou
édités en France, laissant de côté bien des auteurs.
Si vous êtes intéressés par ce travail, vous pouvez nous rejoindre pour nous
aider à le poursuivre.
Le Comité de lecture
Titres 2012
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ROMANS ADULTES/LYCEES
AKKOUCHE
Mouloud
La sirène rousse
La Branche, 2008
Suite Noire, 93p.
10 €
Algérie
ALEM, Kangni
Canaille et Charlatans
Dapper – 2005
Congo
11€
Momo et David sont deux ados, copains depuis l’enfance avec
Lola. Milieu populaire en région parisienne aujourd’hui. Lola
vient de se découvrir un gros problème et, pour lui faire plaisir,
ses copains décident de l’emmener à la mer. Ils n’ont pas
d’argent donc décident d’enlever dans sa voiture la directrice
de cabinet d’un ministre pour qu’elle les y emmène. Un vieux
paparazzi has been est par hasard témoin de l’enlèvement. La
virée commence.
*C’est un livre court qu’on lit avec plaisir. Il y a plusieurs récits
parallèles : le monde des ados, celui de la dircab, les aventures du
paparazzi… il y a aussi beaucoup de dialogues, le choc des deux
mondes entre les ados et la « bourge » dans la voiture, le photographe
avec sa femme ou ses employeurs et enfin le monologue de Lola dans
son MP3.
* C’est bien enlevé mais noir plus que policier.
* Road movie très agréable à lire, qui parle vrai et qui peut plaire
aussi aux ados
Après le suicide de sa mère, qui vit à Paris, Héloïse, découvre
dans son testament qu’elle doit porter ses cendres à Cotonou et
les disperser dans le lit de son père, séparé depuis longtemps.
Alors, commence un périple qui plonge le lecteur dans
l’univers africain : animisme, embrouille politique etc… Des
personnages hauts en couleur, de l’humour mais aussi
beaucoup de violence.
Genre : un tiers de polar, un tiers de psychologique, un tiers de
sociologie
Thèmes : Afrique – Traditions
– Un récit alerte, décalé, souvent drôle malgré l’image de l’Afrique
qu’elle révèle.
4
ALEM, Kangni
Coca-Cola Jazz
Dapper – 2002
Congo
13 €
Héloïse, jeune métisse ne connaît de son père que ce que sa
mère lui a raconté. Un jour celui-ci réapparaît et l’invite à le
rejoindre à Ti Brava. Elle emporte avec elle le manuscrit d’un
roman inachevé de son père qui rêvait autrefois d’être écrivain.
La bas, elle rencontre sa demi-soeur Parisette aussi blonde que
sa soeur est brune ; les péripéties s’enchaînent toutes plus
délirantes les unes que les autres.
– Le récit est une quête échevelée de deux identités. Il s’inscrit au-delà
des conventions littéraires par un langage souvent cru et des
situations osées. Il nous interpelle et plaira à un public « libéré »
comme il pourra déplaire au lecteur plus classique dans ses goûts.
ANANISSOH, Théo
Ténèbres à midi
Gallimard Continents
noirs 2010, 3.90 €
Togo
« Ténèbres à midi » est le récit d’un écrivain africain vivant en
Allemagne qui décide de revenir vingt ans plus tard dans son
pays pour y rencontrer des gens qui se sont impliqués dans la
vie politique et s’interroger sur un éventuel retour. Une
libraire française qui a toujours vécu là-bas, lui fait rencontrer
Eric Bamezon, conseiller du président et donc participant au
régime en place. Une amitié s’installe rapidement entre eux et à
travers les échanges c’est toute la vie politique de ce pays
d’Afrique qui apparaît : une véritable dictature qui amènera
Eric Bamezon au pire. Le narrateur et Eric Bamezon ont tous
deux une expérience de l’étranger mais les idéaux d’Eric sont
mis à mal, il a voulu faire carrière.
*J’ai trouvé ce livre très prenant. Ecrit par un africain lui-même, il ne
prend que plus de force par la description du régime qu’il nous donne
à voir. Pour moi, c’est plus qu’un roman et il dépasse aussi le cadre de
l’Afrique puisqu’il s’agit de la vie d’un homme qui par carriérisme a
trahi ses propres idéaux. Il pose aussi le problème qui revient très
souvent dans la littérature « africaine » actuelle à savoir le retour
dans leur pays de ceux qui se sont confrontés à d’autres cultures. Une
écriture fluide.
*J’ai beaucoup aimé ce roman. Ananissoh y adopte un ton direct, sans
fioriture pour évoquer l’Afrique actuelle. J’ai apprécié sa lucidité et
son honnêteté, même si certaines vérités sont parfois difficiles à
entendre et à admettre. Ce livre nous donne à comprendre tout le
tragique de la situation dans certains pays d’Afrique
5
ANANISSOH, Théo
Lisahohé
Gallimard
Continents Noirs
2005, 13 €
Togo
APPANAH, Natacha
Le dernier Frère
Points – 2008 – 6 €
Île Maurice
APPANAH , Natacha
Les noces d’Anna
Gallimard – 2005
Continents Noirs,
12,50 €
Île Maurice –
M.A revient en Afrique, dans sa ville natale au coeur de la
savane, après 15 ans passés en Allemagne, pays dont il a acquis
la nationalité. Il ne passe pas inaperçu. Il retrouve les lieux de
sa jeunesse, des amis d’enfance ; certains sont devenus des
hommes de pouvoir ou des parias, d’autres ont disparu. Un
crime a été commis.
– L’écriture est claire, les lieux et les gens sont décrits de manière
précise et agréable mais on reste « en surface ». J’ai trouvé le début
très intéressant mais le livre m’a déçu. On pense d’abord à une
histoire policière à laquelle le narrateur serait mêlé par hasard mais le
livre se déroule de description en description et … il ne se passe rien.
C’est très frustrant.
L’île Maurice dans les années 40-45. Raj, le narrateur, à la
différence d’Anil et de Vinod, ses deux frères, est trop faible
pour participer au travail de la canne à sucre. A la suite d’un
cyclone ses deux frères meurent. La culpabilité et la honte que
Raj ressentait deviennent encore plus fortes. Pourquoi eux et
pas moi ? Son père, alcoolique et violent travaille à la prison et
Raj découvre ces mystérieux prisonniers dont son père est le
gardien. Raj rencontre David, un petit prisonnier qui s’échappe
et qui faisait partie des juifs refoulés de Palestine qui ont
accosté à Port-Louis…
– Natacha Appanah nous surprend encore par la diversité des thèmes
abordés. Ici, culpabilité et honte sont les thèmes majeurs. Le récit est
construit sur l’alternance entre l’enfance du narrateur et sa maturité.
J’ai aimé l’atmosphère de ce roman très « sensuel » dans le sens où le
rapport à la nature et aux êtres est très fort. La luxuriance de
l’environnement accentue l’écart avec les drames qui se produisent.
On peut simplement regretter le relâchement de l’écriture à la fin.
– Livre bouleversant sur l’amitié entre un petit mauricien, RAJ,
pauvre et naïf et un petit juif déporté, David, condamné à mourir.
La narratrice (autobiographie ?) parle de l’amour et de
l’affection qu’elle voue à sa fille Anna, alors que celle-ci est
tellement différente et qu’elles ont bien du mal à se
comprendre. Le récit se déroule à l’occasion du mariage
d’Anna, évoque la vie de sa mère, nous révèle l’existence de
son père qu’elle ne connaît pas. Cette journée sera-t-elle
l’occasion pour elles de se « trouver » ?
6
APPANAHMOURIQUAND,
Natacha
Les Rochers de
Poudre d’Or
Gallimard – 2005
Continents Noirs
Île Maurice
13,50 €
ATTIA, Maurice
Alger, la noire
Actes Sud
Babel – 2006
398 p. – 9,50€
Algérie
– Roman intéressant sur la relation mère-fille mais peut-être plus
analysé du côté de la mère que de la fille (ce en quoi je ne suis pas sûre
qu’il motive des lycéennes) mais un roman qui n’apporte rien quant à
notre connaissance de l’Afrique.
A la fin du 19e siècle en Inde, colonie britannique, on recrute
pour aller travailler à l’Île Maurice. On suit quelques
personnages très différents, leurs raisons de partir, le voyage
en bateau (infernal) puis l’arrivée à Maurice où ils vont
remplacer (ce qu’ils ne savent pas) les esclaves dans les
plantations de canne à sucre.
– Roman très émouvant et très bien écrit sur fond de l’histoire vraie
du peuplement de l’île par des déportés. Très agréable à lire.
– Décidément Natacha Appanah ne nous décevra pas. Pourtant elle
aborde ici un genre différent à thème historique peu connu. Le récit
est alerte et vivant et le style toujours aussi soigné.
Alger, 1962, sur une plage Estelle et Mouloud sont retrouvés
assassinés. Paco Martinez, inspecteur de police, Irène, son amie
pied noire qui malgré la guerre ne veut pas quitter Alger,
Choukroun, son coéquipier, la grand-mère de Paco font revivre
au lecteur les évènements de la guerre d’Algérie à travers
l’enquête sur la mort des deux jeunes.
– J’ai beaucoup aimé ce livre malgré le côté très noir. Le rythme est
très haletant. Mais à la lecture on sait bien que tout ce que l’auteur
écrit n’est hélas pas de la fiction mais un tableau de l’Algérie de 62,
qui de plus a des échos aujourd’hui.
– Excellent policier, qui fait revivre cette période de signature des
Accords d’Evian aux plus anciens d’entre nous. La complexité de la
situation politique de cette époque demande un véritable cours
d’histoire.
AWUMEY EDEM
Port Melo
Gallimard – 2005
Un pays d’Afrique, un port, des personnages très différents :
un étudiant, une vieille femme, un ancien prêtre, une jeune
prostituée. Ils survivent malgré la violence exercée par la police
7
Continents Noirs
Togo – 14€
omniprésente.
– Dans un style très personnel, musical et un peu incantatoire, on
retrouve les personnages dans plusieurs situations toujours très
noires. La forme relance les chapitres, on ne sait pas bien où on va
mais c’est toujours désespéré.
AWUMEY
Les pieds sales
Seuil, 2009,
158p. 17€
Togo
BA, Mariama
Une si longue lettre,
Le serpent à plumes –
2001 – 6€
Sénégal
BA, Mariama
Un chant écarlate
Nouvelles éditions
africaines (Sénégal)
Épuisé
« Longtemps, nous avons été sur les routes, mon fils. Et
partout, on nous a appelés les pieds sales. Si tu partais, tu
comprendrais ». Ainsi commence le roman. Askia, le fils a pris
la route, il est devenu chauffeur de taxi à Paris, il cherche les
traces de son père absent et les personnages rencontrés
donnent une image de l’exil.
*A travers sa quête identitaire Askia nous peint des figures de l’exil,
ceux qui vivent dans les squats, traqués par des menaces
permanentes : la police, les skinheads, et l’impossibilité de se poser
quelque part. Il dit aussi l’impossibilité de vivre sans histoire.
Une femme, Ramatoulaye, mère de plusieurs enfants, écrit à sa
meilleure amie après le décès de son mari. Évocation de la vie
des femmes, de leurs espoirs déçus, des contraintes sociales, de
la polygamie etc..
– Livre de femme, sur les femmes, émouvant, riche en éléments de
compréhension sans être démonstratif.
– Touchant parce que autobiographique ; malgré les différences de
culture, on se sent proche.
Histoire d’amour qui naît sur les bancs du lycée, à Dakar entre
Ousmane, sénégalais de famille modeste, et Mireille, française,
fille de diplomate confrontée à l’opposition des familles, au
poids des traditions et de la société sénégalaise. Après avoir
annoncé son amour à ses parents, Mireille est renvoyée en
France manu militari pour l’éloigner d’une relation
inconcevable pour ses parents. Ils réussissent à correspondre et à
sa majorité, Mireille épouse Ousmane et sa religion et part vivre en
Afrique
8
BADIAN Seydou
La saison des pièges
Présence Africaine
2008 222 p.
Mali
BARRY, Mariama
Le coeur n’est pas un
genou que l’on plie
Gallimard – 2007
Continents noirs
200 p. 17 €
Guinée
BEJANNIN, Pascal
Mammo
Gallimard
– Ce qui est intéressant c’est que l’histoire est racontée par une
femme africaine qui comprend le drame de la jeune femme
française, puis décrit (de l’intérieur en quelque sorte) l’état
d’esprit de l’homme africain qui ne peut sortir de ses traditions
et de sa sensualité.
– Bon roman, d’une lecture facile qui montre avec beaucoup de finesse
et de justesse, l’évolution problématique d’un amour. Le point de vue
de l’auteur n’est jamais simpliste, plutôt courageux car il stigmatise
autant, sinon plus la société sénégalaise que la société française
Un jeune malien étudiant en France, ressent après la visite
d’une cousine pleine de reproches, la nécessité de retourner au
pays. A travers le récit de ce retour, l’auteur dresse un tableau
de la société africaine et dénonce la perte des repères et des
valeurs qui la fondaient. Il s’insurge contre un certain nombre
de travers : corruption, perte du sens moral, laxisme etc.…ainsi
que contre une nouvelle classe de dirigeants.
– La lecture de « Sous l’orage » écrit 50 ans plus tôt m’avait
convaincue. Dans ce dernier roman même si les dénonciations sont
justes, elles ne donnent pas d’étoffe au livre et on en vient à regretter
que l’auteur n’écrive pas plutôt un essai politique qui se justifierait
tout à fait.
Récit autobiographique qui retrace le parcours d’une jeune fille
obligée de s’assumer dans la Guinée de Sékou Touré. Histoire
de la lutte d’une femme pour sa dignité et son droit à
l’instruction.
– Une écriture à la fois très orale comme une sorte de récit improvisé
où lieu et temps se superposent et à la fois très imagée, métaphorique
par moment.
– J’ai bien aimé le début puis je trouve que la situation de la jeune
fille n’est pas très claire (autonomie, argent, parents) et je trouve que
les situations apparaissent plaquées.
Un jeune albinos part à la recherche des raisons de son
handicap à travers l’Éthiopie en guerre contre les Italiens.
– C’est une aventure, une épopée et un roman très personnel auquel
9
Continents Noirs –
2005
192 p. – 15,90 €
Ile de la Réunion
BESSORA
Petroleum
Denoël – 2004
334 p. – 19 €
Gabon Suisse
BEY, Maïssa
Au commencement
était la mer
Éditions de l’Aube
2007 – poche
154 p. – 8,50€
j’ai adhéré très vite ; de plus c’est un pays très peu connu.
Un groupe de travailleurs, africains et expatriés, embarqués sur
un bateau qui cherche du pétrole au large du Gabon – une
explosion a lieu à bord, un homme est mort, un autre a disparu.
Une enquête, plusieurs enquêtes commencent.
– Livre tonique, beaucoup d’humour et de style dans les descriptions
des sociétés parallèles, celle des expatriés et le Gabon profond. C’est
une enquête policière mais on nous parle du Gabon, du pétrole et de
quelques mythes de la forêt. On ne s’ennuie pas.
Une jeune algéroise, Nadia, passe ses vacances au bord de la
mer en compagnie de ses frères et soeurs. La mer, la lecture et la
rencontre de Salim lui procurent une sensation de liberté et
d’évasion. Mais, Djamel, son frère aîné qui s’est enfermé dans
la religion, est là pour veiller. Nadia transgressera t elle les
règles ?
– L’histoire de Nadia ne pourra laisser les lecteurs indifférents,
l’oppression des filles et des femmes en général est insupportable.
L’écriture sert ce récit très poignant.
BEY, Maïssa,
Bleu, blanc, vert
L’aube, 2006
284p., 19,50€
Algérie
C’est un récit alterné, Elle et Lui.
Trente ans de la vie, en partie commune, de deux personnes en
Algérie de 1962 à 1992, 1962 l’Indépendance lorsqu’ils sont
encore enfants à 1992, la victoire du FIS aux élections, qu’ils ont
vécue ensemble.
* Excellent livre. C’est très bien écrit, c’est très intéressant du point
de vue historique et sociologique et on est souvent ému par l’histoire
de ces deux personnes. Et quand on est une lectrice on ne peut qu’être
passionnée par les combats de la jeune femme.
BEY, Maïssa
L’une et l’autre
Editions de l’Aube
Une autobiographie au cours de laquelle Maïssa Bey se
confronte sans concession à de multiples questions sur ellemême,
sur son pays l’Algérie.
10
58p. 7,50 €
Algérie
* L’auteure porte sur son histoire et sur celle de l’Algérie, un regard
lucide, conscient. De cette introspection Maïssa Bey va à la recherche
d’elle –même, de cette femme qui se dit … « algérienne, arabe de
tradition musulmane…et écrivain. ». Elle emmène chacune, chacun à
se poser la question de notre identité.
*Maïssa Bey, femme intellectuelle ne coupe jamais sa réflexion de
l’histoire de l’Algérie traumatisée par des conflits, des brassages
multiples. Elle va plus loin en demandant quelles constructions
individuelles ou collectives sont nécessaires pour aller de l’avant.
*Un livre fort et sans complaisance, l’autoportrait émouvant d’une
femme, algérienne qui détient une très belle écriture.
BEY, Maïssa
Pierre Sang Papier ou
Cendre-
Edition de l’Aube
Regards croisés
2008, 204 p., 16 €
Algérie
1830-1962 : large fresque qui relate la colonisation française
dans une Algérie démantelée, spoliée,torturée, bâillonnée.
Deux figures allégoriques fortes : l’enfant « muette sentinelle de
la mémoire » et Mme Lafrance, impitoyable, « sûre d’elle et de
sa légitimité »
*25 chapitres courts : un regard posé de l’intérieur sur la réalité
coloniale. L’expression est simple et lumineuse. Le titre, extrait du
poème « Liberté » de P. Eluard, souligne et annonce le choix
délibérément poétique de la narration. C’est remarquable.
*Une évocation poétique superbe qui permet au lecteur d’affronter la
dure réalité de cette période.
BOLYA
Les cocus posthumes
Le Serpent à Plumes,
2001
Serpent Noir, 218p.
12€
Congo Kinshasa
On découvre des enfants (des jumelles) assassinées au marché
Aligre à Paris. L’inspecteur Nègre, un français qui a vécu en
Afrique, enquête, avec l’aide d’une ancienne connaissance
africaine Makwa. Il se retrouve sur la piste d’une secte
sanguinaire où se côtoient un tas de personnages, français ou
africains, très louches qui finiront par être découverts.
*Les cocus posthumes se font toujours rattraper. L’histoire est riche
en rebondissements, les personnages sont souvent caricaturaux, c’est
l’Afrique de tous les cauchemars politico-véreux. On rit parfois, c’est
assez satirique, mais c’est trop sanguinaire pour moi.
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BONI Tanella
Les nègres n’iront
jamais au paradis
Le serpent à plumes
2006 – 205 p. 18€
Côte d’Ivoire
L’auteur retrace l’histoire d’un blanc qui a passé une partie de
sa vie en Côte d’Ivoire. Il y a exercé plusieurs métiers, a connu
plusieurs femmes, a fréquenté le monde politique, s’est
tellement bien intégré qu’il est devenu « nègre ». Pourtant, les
rapports qu’il a avec les Ivoiriens restent empreints de
colonialisme, et la guerre civile qui met des milliers de gens sur
les routes ne le touche pas.
Ce portrait d’homme blanc dans un pays noir se construit peu à peu
au travers de ses propres mémoires et des témoignages de femmes
qu’il a connues. Ces différents points de vue sur une même réalité
révèlent toute la complexité des rapports humains. Mais cela rend le
livre difficile à suivre, car on ne sait pas toujours qui parle, les
souvenirs sont embrumés, et une large part est faite au conte, à
l’onirique. La langue est agréable, poétique, mais on ne voit pas très
bien où l’auteur veut en venir. Malgré quelques passages ou les
rapports homme/femme et noir/blanc sont finement analysés, on
s’ennuie un peu…
BONI, Tanella
Les baigneurs du lac
rose
Le Serpent à Plumes
Motifs – 7,50 €
Côte d’Ivoire
Lénie retrace l’histoire de Misora, chef de guerre qui conquit le
Haut-Niger (dans la réalité Samori) avant d’être défait par les
troupes françaises. La quête historique de Lénie s’entrecroise
avec sa propre recherche des traces de Yété, un ancien amour.
Livre confus, on a beaucoup de difficultés à suivre le périple de Lénie.
L’écriture poétique est malgré tout intéressante.
– Intéressant pour la légende de Samori : de beaux moments poétiques
mais un ensemble parfois confus.
12
BONI, Tanela
Matins de couvre feu
Le Serpent à Plumes
2005 – 19,90 €
Côte d’Ivoire
Ce roman, au travers d’un pays nommé Zamba, nous raconte
les horreurs qui déchirent la Côte d’Ivoire. La narratrice est
assignée à résidence pendant 9 mois par la police parallèle et
son chef le machiavélique Arsène K. Ce sera l’occasion pour
elle de parler des femmes de sa famille : de sa mère en
particulier qui endura le pire de son père. Elle se refuse à subir
les mêmes sévices de son mari qu’elle quitte.
– Ce roman est une satire pleine d’humour parfois féroce de la société
ivoirienne et de toutes les horreurs dont elle est victime. Il est parfois
un peu difficile à suivre : lieux, époques, personnages différents…
BUGUL Ken
De l’autre côté du
regard
Le serpent à plumes
Motifs – 2004
372 p. – 9 €
Sénégal
BUGUL Ken
Riwan
Présence africaine
2001 –
223 p. – 6,10 €, Sénégal
Roman autobiographique. L’auteur s’adresse à sa mère qui ne
s’est pas occupée d’elle étant enfant, au profit d’une de ses
nièces. A travers ce roman sont évoqués des personnages et des
éléments de la vie africaine. Le tout est écrit dans un style
particulier à la limite de la poésie, très fort (même parfois
insoutenable).
– A découvrir absolument. J’ai beaucoup aimé ce foisonnement de
personnages qui ont jalonné la vie de cette femme, et ce retour
permanent sur cette obsession permanente : la relation
« insatisfaisante » à sa mère. Une écriture surprenante et aussi forte
que l’obsession qui la tenaille.
– Écriture particulière, comme une sorte d’incantation perpétuelle, une
phrase et on va à la ligne.
Ken Bugul parle de sa famille, de ses frères, de ses nièces, leurs
relations très complexes et elle dit surtout son amour pour ces
personnes. Si on s’habitue au style, ce livre nous plonge dans la toile
d’araignée des liens familiaux et des rites ancestraux.
– Un livre inoubliable de par le thème mais aussi de par l’écriture qui à
certains moment vous coupe le souffle ; alors vous êtes obligés de
suspendre la lecture tant l’émotion est forte.
Récit en grande partie autobiographique du séjour de la narratrice
auprès d’un marabout renommé dont elle deviendra la 28e épouse.
– Témoignage bouleversant. La narratrice, en faisant un constat lucide
de ses choix d’intellectuelle et des échecs qu’ils ont entraînés dans sa
vie privée, s’interroge sur les valeurs des traditions africaines.
Réflexion passionnante, pleine de sensibilité, de paradoxe, d’humour ;
écriture remarquablement maîtrisée.
– Remarquable, nuancé, bien écrit.
13
BUGUL, Ken
Rue Félix Faure
Edition Hoebecke
Collection Étonnants
voyageurs – 2005
408 p. – 18,50€
Sénégal
Une rue animée où circulent des femmes légères, des miséreux
et la découverte d’un lépreux mort et coupé en morceaux fait
découvrir de nombreux secrets.
Roman policier passionnant mais il faut rentrer dans l’écriture
complexe, répétitive de l’auteur. A la fois poétique,
philosophique, envoûtant.
Voyage à travers les coutumes d’un village africain et leurs
destructions par l’arrivée de la colonisation. Travail obligatoire,
impôts, scolarisation, religion, problèmes ethniques, culturels,
exil, retour au pays… de nombreux thèmes sont abordés.
– C’est un gros livre (408 pages) mais qui se lit facilement.
J’ai préféré la 1 ère partie avec la confrontation des deux logiques et des
deux cultures peut être parce que les problèmes du travail et ceux de la
2e génération m’apparaissaient plus familiers.
BUGUL Ken
Mes Hommes à moi
Présence Africaine,
2008, 245p.
Sénégal
Dior, installée à un comptoir « Chez Max » livre son histoire
entrecoupée des histoires des habitués de ce bar parisien.
*La narratrice se souvient de ses amours, de tous les hommes qu’elle a
séduits, de ceux qui l’ont aimée. Avec ce récit introspectif et
rétrospectif nous plongeons dans l’intimité de Ken Bugul. Ce récit est
entrecoupé par les histoires des habitués, comme pour apporter une
respiration aux lecteurs ? à l’auteur ? La nostalgie et la révolte
nourrissent l’intensité de son histoire.
*Elle signe un livre courageux. En allant à la rencontre de cette
vérité, elle s’offre la possibilité de se libérer des fantômes qui la
rongent et d’un secret trop douloureux.
CISSOKO, Aya,
DESPLECHIN, Marie
Danbé
Calmann-Lévy, 2011,
183 p., 15€
Aya, née de parents maliens vivant en France, raconte son
parcours de petite fille, puis d’adolescente, élevée par sa mère
après le décès de son père et de sa jeune soeur lors d’un
incendie.
– L’écriture est sèche et brute à l’image d’Aya qui ne s’attarde ni sur
elle-même ni sur les autres, mais qui fonce dans la vie, énergique
agressive et poings en avant (elle fait de la boxe).Pas de
questionnements, ni d’introspection dans ce roman qui livre les faits
de façon tellement distanciée que je suis restée complètement
extérieure à l’histoire, d’autant qu’Aya Cissoko ne fait rien pour
susciter l’empathie. Le coup de poing peut toucher …comme il peut
14
laisser froid…
– Témoignage poignant du parcours de Aya Cissoko qui tout en
racontant son entrée dans le monde de la boxe échappe au
nombrilisme et vient abolir les préjugés qui persistent encore sur
l’immigration, la vie des jeunes de banlieue et la boxe. Les mots sont
justes et précis, ils touchent le lecteur droit au coeur qui suit, presque
comme s’il le vivait aux côtés de Aya Cissoko, ce combat pour la
dignité, le danbé, pilier de la survie de la jeune championne et de sa
mère.
COUAO-ZOTTI
Florent
Poulet-bicyclette et
Cie
Gallimard Continents
Noirs
2008, 18 €
Bénin
Voilà un univers béninois bien sombre et même sinistre que
nous propose l’écrivain. Une femme du Nord du Bénin
accouche d’un enfant n’arrivant pas tête la première mais par le
bassin. C’est le signe de la venue au monde d’un être
diabolique qu’il faut tuer à tout prix pour que le village
échappe à des augures maléfiques (Enfant siège, enfant
sorcier). Que penser de cette mère torturée par la douleur que
subit son enfant en bas âge sauvagement frappé par un prêtre
de l’Église du Christianisme Céleste au cours d’un exorcisme
meurtrier (Femelle de ta race) ? La mère, la femme matrice de
la vie, une vie souillée, violée par la loi de ces criminels que
sont ces mâles ignares, occupe une place importante dans ce
livre. A ces situations terribles, l’unique sortie ne peut venir
que d’un miracle et seul le risque mène au miracle.
*Tel le scalpel du médecin légiste qui se doit de reconstruire la
scène du crime à partir du cadavre du trucidé, l’écrivain
trempe sa plume dans le sang de ces concitoyens assommés
qu’ils sont par des chemins de vie où prospérité, bonheur sont
bannis au profit si l’on ose dire d’une condamnation ad vitam
aeternam au sort maudit. La lecture de ce recueil de nouvelles
est rendue difficile, pour certains elle sera pénible, en raison
des scènes cauchemardesques décrites.
Thème : La misère quotidienne : superstitions et criminalité.
COUAO-ZOTTI
Florent
Si la cour du mouton
est sale, ce n’est pas
au porc de le dire
Une jeune femme béninoise, passeuse par obligation, a
subtilisé une valise bourrée de cocaïne ; un trafiquant libanais,
homme d’affaires véreux à Cotonou, cherche à la récupérer
coûte que coûte et gare à ceux ou celles qui se mettent en
travers de son chemin. D’autres personnages vont violemment
intervenir dans cette histoire : prostituées, détective, policier
15
Le Serpent à Plumes
Noir, 2010, 198p., 16€
Prix Ahmadou
Kourouma
Bénin
etc.… Les rencontres sont pittoresques mais rudes dans la nuit
de Cotonou.
* Un très bon roman policier dont les personnages hauts en couleur
ne s’en laissent pas conter quels que soient leurs sexes ou leurs
positions sociales. La violence est toujours vive, rien n’est simple à
Cotonou la nuit. La ville est omniprésente, l’auteur nous la fait visiter
de nuit et nous la fait vivre intensément. Enfin l’écriture et le style
sont magnifiques, jeux de mots, inventions de langage, proverbes
retrouvés on inventés,… un régal.
* Très bon roman policier, non pour l’intrigue classique et simple,
mais pour l’écriture, les mots, la vie…Plaisir de lecture.
Dernières nouvelles
du colonialisme
Vents d’ailleurs 2006
16€
17 nouvelles écrites par 17 auteurs : Bessora, Ebode,
Raharimanana, etc…
« Face crue, face cuite » de Bessora sur le thème de la rencontre
du colonisé et du colonisateur – deux ados au cours des âgeshumour.
« Le petit chien de Madame l’oeil » : histoire édifiante et cruelle
d’un toutou si obéissant.
« Pacification » de J.L. Raharimanana : un groupe de
pacificateurs à la solde du pouvoir oeuvre dans le Madagascar
d’aujourd’hui. Souvenirs et réflexions, qu’y-a-t-il de changé
depuis la colonisation ? Superbe et inquiétant.
« La profanation » de E.Ebodé : un revenant tonitruant au
cimetière du Père Lachaise. – Amusant mais agaçant, trop de
facilité.
« Propos abracadabrants d’un colonisé » de Mabanckou : un beau
héros noir et heureux qui donne le côté positif de la colonisation.
Ironique
– Nouvelles agréables à lire même les plus dures (Dalembert,
Raharimanana). Très diverses surtout dans le style des auteurs.
– Ce que j’ai particulièrement aimé c’est la diversité de ton du recueil.
La lecture peut intéresser même de grands ados car on ne s’ennuie pas
et la portée des nouvelles est accessible dans sa majorité.
COULIN, Delphine
Samba pour la France
S
Ce roman retrace l’itinéraire acharné de Samba, clandestin
malien, pour trouver sa place en France, pays rêvé du temps de
son enfance. Allant de désillusions en déceptions, il rencontrera
malgré tout des personnes avec qui il apprendra à survivre en
16
Seuil, 2011, 306 p., 19€
milieu hostile, mais aussi à trouver en lui la confiance
nécessaire pour assumer la légitimité de sa présence en France
et se faire une place dans ce monde après avoir fait le deuil du
pays fantasmé.
Malgré un style très sobre, ce livre arrive à donner une idée de la
réalité quotidienne de Samba avec beaucoup de force et de finesse, en
alliant la description d’éléments très concrets de la vie quotidienne à
la rêverie, aux souvenirs d’enfance au Mali et à l’imaginaire. Ainsi,
les conditions du voyage, puis de logement et d’accès au travail en
France, de la rétention au Centre de Vincennes ; etc. sont abordées,
mais renvoient en même temps à la façon dont Samba imaginait les
choses, vues du Mali. On suit le mécanisme de désillusion de Samba
et l’évolution de sa perception de la France….mais aussi de lui-même
et de son entourage.
Quelques chapitres s’intercalent, proposant un parallèle discret avec
la libre circulation des oiseaux migrateurs…Procédé troublant mais
intéressant.
Par contre le point de vue d’un bénévole de la Cimade m’a paru
inutile, n’apportant rien de particulier et laissant même une
impression gênante quant aux intentions de l’auteure (elle-même
bénévole à la Cimade). Dommage…
DELHOMME Sophie-
Anne
Quitter Dakar
Editions du Rouergue,
2010, 144 p., 13.50 €
Sénégal
Après le décès de sa mère, un jeune homme, ayant passé son
enfance à Dakar avant d’être exilé en France, décide de
retourner sur les traces de sa mère. De retour au Sénégal, il
tente de combler les trous de la vie de sa mère, de comprendre
leur exil, de découvrir la femme qu’était Manuela et de donner
un sens à sa vie.
Incontestablement, Sophie-Anne Delhomme se démarque, pour son
premier roman, par une plume féminine et légère dont la délicatesse
parvient à saisir le portrait de tous les personnages croisaient au
cours de ce retour aux sources. On bénit cette plume agréable à lire
car si l’histoire est touchante, l’idée de base manque tout de même un
peu d’originalité.
DEVI, Ananda
Moi , l’interdite
Editions Dapper –
« Je suis née avec un bec de lièvre ». Voila ce qui va attirer
foudre et malédiction sur l’héroïne d’Ananda Devi. Elle sera
considérée à l’origine de tous les malheurs qui tombent sur la
17
2000
126 p. – 8,84 €
famille ou le village, donc rejetée. Comme elle, sa grand-mère
est relayée dans un grenier, mais les histoires qu’elle raconte à
sa petite fille l’aideront à vivre.
– Conte cruel où la dignité de l’héroïne rend encore plus horrible la
noirceur des personnages qui l’entourent. Ce livre se lit d’une traite
et laisse sans voix tout comme l’écriture qui est superbe.
DEVI Ananda
Les hommes qui me
parlent
Gallimard Nrf, 2011
216 p., 17€
Maurice
« Les hommes qui me parlent » est un récit autobiographique et
introspectif écrit dans un moment difficile de la vie de l’auteur.
A 53 ans, Ananda Devi s’isole dans une chambre d’hôtel pour
réfléchir à sa vie de femme impliquée dans plusieurs rôles :
femme, mère, écrivain, femme mariée, etc..
Elle nous livre ses réflexions sur la vie, son enfance,
l’éducation, l’amour qui peut se transformer parfois en
tyrannie. Elle nous parle de son rapport à l’écriture, de la
création de quelques uns de ses personnages et des nombreux
auteurs qu’elle aime et qui l’enrichissent.
Dans une interview elle dit « « Ça me permettait de revenir sur
ces 40 ans d’écriture… sur ces auteurs tout le temps présents
dans ma vie… « ,
Le livre se construit au fil de son introspection et entraîne le
lecteur dans une sorte de va et vient qui pourrait être
dérangeant ; mais on suit l’auteur dans ses questionnements
portés par une écriture puissante et poétique.
– Un texte qui ne peut laisser indifférent même si on n’est pas soi
même impliqué dans une activité d’écriture. J’ai beaucoup aimé la
démarche de cet auteur qui se dédouble, analyse et sait se remettre en
question avec beaucoup de sincérité. D’ailleurs son récit s’achève par
cette phrase : « notre plus implacable ennemi : Nous ».
– Un livre qu’on quitte en ayant envie d’y revenir.
DEVILLE, Patrick
Equatoria
Seuil, 2009, 326p.
Savorgnan de Brazza, explorateur humaniste français a été
enterré à Alger en 1908. En 2006 Denis Sassou Nguesso
président de la République Populaire du Congo fait construire
un mausolée à Brazzaville pour y transférer ses cendres.
18
Français
DIALLO Muriel
La femme du blanc
Vents d’ailleurs, 2011,
185 p., 18€
Côte d’Ivoire
Prenant prétexte de cet événement assez inattendu, Patrick
Deville nous emmène sur les traces de Brazza en Afrique
Centrale de l’Ogooué à Sao Tomé et en Algérie et à la rencontre
de personnages qui ont marqué ces lieux de 1850 à nos jours :
on retrouve Brazza bien sûr mais aussi Stanley, Pierre Loti,
Albert Schweitzer, Mobutu Sese Seko, Che Guevara, Jonas
Savimbi …
*J’ai beaucoup aimé ce livre. C’est une leçon d’histoire et de
géographie très riche qui est tout sauf ennuyeuse. Le livre évoque
nombre de situations étonnantes et apporte un éclairage intéressant
sur des personnages historiques connus ou parfois mal connus.
Patrick Deville voyage aussi dans l’Afrique d’aujourd’hui, il nous
parle avec sympathie et tendresse des personnes qu’il rencontre. Enfin
son humour est irrésistible.
* Un vrai plaisir de lecture malgré la perpétuelle gymnastique entre
les époques et les lieux mais une vision nouvelle sur des évènements
dont on ne savait, souvent, pas grand-chose.
Astaï part à la recherche de ses « racines » comme on dit
aujourd’hui. Ses racines c’est « Beautiful », sa grand-mère
peule, la « femme du blanc ».
A travers cette quête d’un continent à l’autre, des rencontres
d’autres femmes, d’autres « soeurs » africaines aux destins
souvent tragiques : des portraits sans fards, des évocations
parfois terribles de femmes maltraitées par la vie.
– Une langue simple et forte, parfois poétique, parfois crue au service
d’un récit attachant.On peut regretter toutefois que l’histoire
familiale passe finalement au second plan d’un récit qui n’en livre
que des bribes.
– Ce livre m’a d’abord déconcerté par sa forme : la quête d’Astaï,
petite fille de « la femme du Blanc », n’est en fait qu’un prétexte à une
série de portraits de femmes dont on ne voit pas immédiatement le
lien entre elles.
Puis je me suis finalement laissée aller à l’émotion que dégagent tous
ces portraits de femmes oubliées, délaissées, combattant toujours pour
poursuivre leurs rêves…
19
DIAMANKABESLAND
Aïssatou
Patera
Les Ecrits du
Nord/Editions Henry,
2009, 216 p., 12 €
Sénégal
DIARRA Ousmane
Pagne de femme
2007 – Gallimard
Continents noirs
227 p. – 17,90€ – Mali
Alors qu’elle partageait un amour fou avec Boubacar,
Soukeyna reçoit une lettre lui annonçant qu’il épousait une
française.
Blessée, elle décide alors de se consacrer à ses études et de faire
une thèse sur l’immigration.
Ses recherches la poussent petit à petit à dénoncer le rêve
occidental de ses compatriotes, ce mirage qui va faire perdre la
vie à beaucoup et mettre les autres dans des conditions de vie
la plupart du temps dégradantes et portant atteinte à leur
dignité.
Son livre devient un véritable cri !
Elle dénonce, bien sur, tout ce qui en est à l’origine dans la
société comme le mariage forcé, le manque de travail pour les
diplômés, la situation économique etc.…mais aussi la
tromperie qu’entretiennent ceux qui partent lorsqu’ils
reviennent au pays. Véritable plaidoyer pour dissuader les
jeunes de s’embarquer sur « les Patera »
– Ce roman se lit d’une traite. Le lecteur peut être un peu agacé par la
construction : chapitres très courts avec une action en début suivie de
propos sur l’émigration, parfois un peu répétitifs. Aucun
manichéisme. Nombreux thèmes abordés : mariage forcé, vie familiale,
conditions de vie des immigrés, sexualité, désir d’authenticité.
– Un livre qu’il sera indispensable de proposer à la lecture des jeunes
africains ou français.
Dans un pays imaginaire d’Afrique, privé par la force de la
culture spirituelle ancestrale, et soumis à une dictature
appuyée sur la religion qui y a été substituée, mais dévoyée.
Une religion imaginaire contre cette dictature, fomentée à
partir des principes de cette même religion avant son
dévoiement.
– Le roman est construit comme le récit d’un griot, agrémenté
d’anecdotes parfois truculentes. On pourrait presque l’apparenter à
une épopée. Cette particularité peut constituer un obstacle à un accès
20
DIOME Fatou
Le ventre de
l’Atlantique
Ed. Anne Carrière
Sénégal- 5,70 €
DIOME Fatou,
Ketala
Flammarion – 2007
278 p. – 18€
Sénégal
DIOME Fatou
Inassouvies, nos vies
Flammarion – 2008
271 p. – 19€
immédiat du récit, il ne faut pas se laisser emporter par le récit. Le
texte est empreint d’une indéniable oralité et d’une musicalité
répétitive qui peut rebuter certains lecteurs auxquels ce style ne serait
pas familier. Mais il donne de l’Afrique une image réaliste même si
elle semble cruelle. Le style particulier est aussi ce qui en fait son
originalité.
…Salie vit en France. Son jeune frère habite un petit village du
Sénégal. Il compte sur sa soeur pour « l’aider à réaliser son
rêve » : s’expatrier et trouver ailleurs le bonheur (devenir
footballeur). Salie s’emploie à l’avertir et à essayer de le
convaincre (avec l’aide du vieil instituteur) que la vie des
immigrés n’a rien à voir avec la vie dont il rêve et qu’il vaut
mieux trouver un emploi au pays.
– Le regard d’une jeune femme africaine vivant en France sur
l’immigration. Analyse juste, souvent cruelle, de cette jeune femme à
la fois sur ses concitoyens, sur les habitudes du retour au pays
d’immigrés et sur sa propre vie d’immigrée.
« Ketala » signifie partage de l’héritage, une semaine après le
décès. Mémoria, jeune sénégalaise moderne est mariée à
Makhou qu’elle découvre être homosexuel. Le jeune couple
vient vivre en France où Makhou va vivre avec un amant.
Mémoria se retrouve seule et se prostitue. Elle revient mourir
en Afrique d’une M.S.T.
– L’originalité de ce roman, c’est que ce sont les objets qui ont
appartenu à Mémoria qui racontent sa vie avant le « Ketala »
(oreiller-canapé-table-masque-collier-statut-marinière-pagne…)
Deuxième roman bien écrit, un peu trop quelquefois.
– Je n’ai absolument pas supporté ce récit par les objets, je n’en vois
pas l’intérêt, je trouve cela infantilisant, je n’ai pu aller au-delà des 50
premières pages et encore en me forçant !!!
– J’ai un peu traîné au début mais je me suis laissée aller à lire la suite
par la curiosité de la trajectoire de l’héroïne et de sa vie tragique.
Betty, la trentaine décide d’observer tous les habitants de
l’immeuble d’en face. Petit à petit elle crée des liens avec ces
personnes mais particulièrement avec une vieille femme
Félicité. Une véritable amitié se noue. Lorsque Félicité est
obligée de partir en maison de retraite, Betty lui rend très
21
Sénégal
DIOP, Boubacar Boris
Murambi ou le livre
des ossements
Stock- Sénégal
DIOP Boubacar Boris
Les petits de la
guenon
Edition française de
Doomi Golo
Edition Philippe Rey,
2009,
Sénégal
souvent visite, lui apportant des nouvelles de ses voisins. Elle
dresse une peinture de ce que représente la vie dans ces
résidences.
Au travers de ces portraits Fatou Diome met en évidence tous
nos renoncements quotidiens d’où le titre qu’elle donne à son
roman.
– Un roman très accessible qui nous livre quelques réflexions sur la
vie quotidienne, l’amitié, la vieillesse, les maisons de retraite…
Cornelius, rwandais de père hutu et de mère tutsi a d’abord
émigré au Burundi dans son enfance d’où il a gardé des
compagnons. Emigré à Djibouti, et encore absent pendant la
tuerie de 94, il apprend qu’à l’exception d’un oncle, le vieux
Simon, sa famille a été décimée. Il décide de retourner au
Rwanda où il veut retrouver son oncle et ses amis Jessica et
Stan, mais là il découvrira une vérité avec laquelle il va devoir
vivre le restant de sa vie.
– Un roman très fort et réaliste qui s’appuie sur tous les témoignages
qu’on a pu avoir, sans concession… A travers les différents
personnages du roman c’est aussi un tableau des résultats de la
colonisation ; c’est aussi une leçon de philosophie par la bouche du
vieux.
– Une vraie écriture. Un roman qui permet de mieux comprendre ce
qui s’est passé au Rwanda.
Un très vieil homme, Nguirane Faye, s’adresse à son petit fils,
Badou. Il n’a pas vu depuis des années le jeune homme, émigré
on ne sait où, et dont il est sans nouvelles.
Alors il lui raconte tout dans 7 carnets : sa vie, son passé,
l’histoire de son fils, père de Badou. Ces récits alternent avec
l’histoire de ces lointains aïeux des royaumes anciens, avec
toujours la présence de figures mythologiques, notamment
celle d’Ali Kaboye, éternel mendiant, fou errant qui traverse les
temps, résiste à plusieurs morts et fait le trait d’union entre les
époques.
Les thèmes abordés : guerres civiles et tragédies africaines,
magouilles politiciennes, tragédies intimes.
22
DIOP, Boubacar
Boris
Le cavalier et son
ombre
Edition Philippe Rey,
1997, 18 €
Sénégal
DJEBAR, Aïssa
La femme sans
sépulture
Le livre de poche –
2004
254 p. – 5 €
Algérie
DJEMAÏ, Abdelkader
Gare du Nord
Seuil – Points 2006
Ecriture toujours aussi foisonnante et riche, avec des passages très
sombres et d’autres pleins de lyrisme.
Un homme attend au bord d’un fleuve un passeur qui va le
faire traverser pour retrouver la femme qu’il a aimée autrefois.
Celle-ci était devenue conteuse pour un auditeur invisible et
toujours muet.
Ce roman mêle les jours d’attente de l’homme, ses évocations
de l’époque où ils vivaient ensemble et les récits de la jeune
femme qui, emportée par la force de son imagination et sa rage
de ne pas connaître le destinataire des contes qu’elle crée, va
sombrer peu à peu dans la folie.
Guerres civiles et massacres et liens des pouvoirs en place avec
les ex puissances colonisatrices sont omniprésents dans ce livre,
comme l’interrogation sur les liens entre raison et folie, réalité
et imaginaire.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui, avec son style poétique et plein de
lyrisme, mêle une mythologie foisonnante et une réalité très sombre
décrite en termes crus, avec toujours
La vie de Zoulikha Oudai, née en 1916 en Algérie. Elle a eu le
certificat d’études. En 1939-1940, les colons dans le village
l’appelaient « l’anarchiste ». Après son 3e mariage, elle accepte
de se voiler mais ne perd pas sa liberté. Après la mort de son 3e
mari au maquis, elle organise un réseau de femmes. Elle va et
vient entre la montagne et la ville, transportant médicaments,
argent, poudre. Elle rejoint ensuite le maquis en 1957, en
confiant sa 2e fille Mina et son fils de 5 ans à sa fille aînée
Hania. Elle est arrêtée et portée disparue 2 ans plus tard.
– Histoire et poésie se mêlent dans ce livre. Les voix aussi se mêlent :
celles des filles de Zoulika, de sa meilleure amie « dame lienne », de
tante Zohra, de Zoulikha elle-même au-delà de la mort. Un livre
original, assez mystérieux, comme son héroïne. Une écriture à la fois
simple et lyrique.
La vie simple de trois travailleurs immigrés à la retraite dont la vie
gravite autour de « La chope verte » le bistrot où ils aiment se
23
91 p. – 5€
Algérie
DONGALA,
Emmanuel
Un fusil dans la main,
un poème dans la
poche
Le serpent à Plumes
2003 395 p. – 8 €
Congo Brazzaville
DONGALA,
Emmanuel
Les petits garçons
naissent aussi des
étoiles
Le serpent à plumes
2002 Congo
Brazzaville – épuisé
DONGALA
Emmanuel
Photo de groupe au
retrouver. Peinture minutieuse et juste.
– Ce tableau tout en finesse nous donne à voir ce qui fait le quotidien
de ces vies en France, le rapport à leur famille au pays, l’amitié qui les
aide à tenir. Tableau tendre où l’auteur use de toute son écriture pour
nous faire appréhender la « richesse » des personnages et le
dénuement de leur vie.
Après des études en France, un étudiant africain, dans les
années 1970, parcourt plusieurs pays d’Afrique nouvellement
indépendants, participe à des luttes armées, se retrouve au
pouvoir dans son pays. Ses convictions marxistes se heurtent
aux réalités…
– Fiction très intéressante (publiée en 73 !) L’analyse des
situations politiques, du malaise des intellectuels africains face
au pouvoir et aux « masses populaires » restent très actuelles.
– Le livre et son héros illustrent très bien cette époque, les idéologies,
les luttes pour l’indépendance, les nouveaux pouvoirs. Toute
l’Afrique noire en lutte est là dans cette épopée qui nous fait vivre
aussi le quotidien des populations au cours des différentes actions.
Haut en couleur et rempli de discours enflammés.
Matapari, le dernier des triplés se fera remarquer puisqu’il
arrive à la surprise de tout le monde deux jours après ses
frères. Enfant intelligent et curieux sa maturité nous
surprendra souvent au fil du récit qui nous fait découvrir ce
qu’est l’Afrique d’après la colonisation, les péripéties des états
où règne un parti unique.
Beaucoup d’humour.
– Un vrai plaisir de lecture. Un tableau de l’Afrique à travers les yeux
de ce petit adolescent plein d’humour et d’esprit d’observation.
– Intéressant mais un peu long car trop « historique » et caricatural
« Photo de groupe au bord du fleuve » n’est autre que le film
d’une grève de femmes casseuses de cailloux.
Avec la construction d’une nouvelle autoroute, la demande de
24
bord du fleuve
Actes Sud, 2011, 334
p., 23 €
Congo
DOSSA-QUENUM,
Eugénie : Gény, petit
ange sorcier du Bénin
Editions de Broca,
2011, 247 p., 15 €
Bénin
cailloux est en hausse et les intermédiaires ont multiplié leurs
bénéfices.
Alors les femmes se demandent pourquoi ne pas vendre 20
000CFA le sac de cailloux plutôt que 10 000. Mais les acheteurs
ne sont pas d’accord et la lutte s’engage.
Méré, propulsée leader par ses collègues mène avec elles une
lutte exemplaire.
C’est elle qui raconte les affrontements, les problèmes auxquels
elles ont dû faire face, les interrogations, les tentatives de
corruption du pouvoir en place, mais aussi à travers quelques
portraits une image de femmes africaines bien déterminées à
faire respecter leur dignité.
-Un livre fort qu’on a bien du mal à quitter. Bien sûr on a
l’impression que l’auteur n’a rien voulu omettre de tout ce qui peut
arriver dans une lutte donnant parfois un sentiment d’accumulation
et de malchance.
– Un livre à faire lire aussi aux adolescents
Gény, petite fille du Bénin, très douée pour le commerce, aide
beaucoup sa mère qui élève seule ses 4 enfants, sur les marchés
de Cotonou. Cependant elle rêve d’aller à l’école et de
poursuivre de longues études. Scolarisée très tardivement, elle
franchira toutes les étapes, malgré les innombrables difficultés
rencontrées, grâce à sa foi en elle même et sa ténacité.
Ce récit de vie, même s’il n’est pas, à proprement parler, « bien
écrit »(qu’il s’agisse de la langue ou du style), est intéressant à lire
comme témoignage sur les multiples obstacles à la scolarisation des
filles dans ce pays. Un message d’espoir, un peu agaçant toutefois
quand, à de multiples reprises, la fillette fait état de son « ange
gardien » qui la protège ou du pouvoir qu’elle a, à travers ses visions, ,
rêves prémonitoires ou don de télépathie, qu’elle considère comme
provenant de Dieu.
25
EBODE, Eugène
Silikani
Continents Noirs
Gallimard – 2006
241 p. 17,50 €
Cameroun
EBODE, Eugène
La divine colère
Gallimard – 2004
230 p. – 16,50 €
Cameroun
Eugène reçoit un coup de fil du « Pays des Crevettes » :
Chilane, la fiancée restée en Afrique, lasse de l’attendre depuis
vingt ans, s’est suicidée en se jetant sous un train. Il revit alors
ses derniers mois dans sa terre natale, à écouter de la musique,
à danser avec ses amis, et surtout avec Silikani, la meilleure
amie de Chilane, qui partage ses goûts artistiques et le trouble
beaucoup. Celle-ci viendra le rejoindre en France après la mort
de Chilane.
– On est plongé dans la vie africaine, ses traditions, sa musique, ses
danses. Les hésitations amoureuses devraient plaire aux adolescents.
Eugène Ebodé raconte un épisode de sa jeunesse sportive et une
semaine folle au Cameroun, les préparatifs de la rencontre au sommet
entre deux équipes de foot : le Dynamite de Douala (ville du sud) doit
affronter en finale à Yaoundé les Dromadaires de Matoua (ville du
nord).
Même les « non fouteux » apprécieront ce roman d’Ebodé. Un
sujet qui témoigne d’une vraie passion africaine. Beaucoup
d’humour et un style très agréable à lire. Un vrai moment de
plaisir.
– Avec ses souvenirs, Eugène Ebodé parle de l’Afrique et de la passion
du foot : les extravagances, les féticheurs, le tribalisme, la politique, le
sexe… la folie qui s’empare de tout un peuple, les catastrophes qui
surviennent. Nous sommes plongés dans une ambiance très chaude
où tout, même le pire, devient possible.
– Récit riche d’aspects multiples, c’est aussi une plongée dans cette
société camerounaise et ses disparités économiques et culturelles
(clivage Nord/Sud notamment). Une écriture précise et ironique qui
sait aussi devenir truculente et délirante, en particulier dans
l’évocation de la sexualité des protagonistes…
EBODE Eugène
La divine colère,
Gallimard, Continents
Noirs, 2004, 229p.
17.50€
Cameroun
Après avoir payé la dot de son père ( cf. premier volet de la
trilogie, La Transmission ), Eugène Ebodé, le narrateur, délaisse
peu à peu le lycée pour se lancer avec enthousiasme dans le
football où il espère faire carrière. Après avoir fait ses armes
chez plusieurs équipes de Douala, il incorpore « La
Dynamite », club principalement composé de Bassas. Arrivé en
finale de la coupe junior du « Pays des crevettes », la fièvre
footbalistique se transforme en folie identitaire ; l’autre finaliste
n’est autre que « Les Dromadaires », club mahométan du nord
26
EFFA, Gaston-Paul
A la vitesse d’un
baiser sur la peau
Ed. Carrière – 2007
230 p. – 17€
Cameroun
EFFA, Gaston
Je la voulais lointaine
Actes Sud, 2012, 133
p., 16 €
Cameroun
du pays. Pour les supporters de « La Dynamite », ce match
doit célébrer l’honneur du peuple bassa injustement sali :
d’après les chroniques, les Bassas auraient joué un rôle peu
glorieux dans la bataille légendaire qui au XVIème siècle vit la
conquête des musulmans stoppée par entre autres les
Bamilékés et les Bétis. En dépit des grigris et des maraboutages,
la confrontation sportive s’annonce des plus difficiles pour
Eugène et ses comparses.
Voici un roman passionnant où la lecture rendue agréable par un
style fluide est souvent drolatique : les péripéties d’Eugène et de la
préparation de la finale sont savoureuses. Le lecteur est invité à
partager la folle passion de l’Afrique pour le football, mais aussi à
constater que malheureusement derrière l’enjeu d’un simple match se
cache des passions identitaires nauséabondes. Un très bon récit
Thème : La folie footbalistique et les identités ethniques
Valère, jeune camerounais arrive en Alsace pour suivre des
études. Une jeune femme, Hilda, pleine de stéréotypes,
l’héberge et est fascinée par son goût pour la musique
classique. Bien qu’elle soit son aînée de vingt ans, elle tombe
amoureuse de son hôte. Valère, en pleine quête d’identité,
évolue dans la solitude, ayant bien du mal à rompre
l’attachement à sa grand-mère et à ses traditions. Il veut se
reconstruire. Le récit trace ce récit initiatique et l’impossible
relation entre lui et Hilda.
– Le parcours de Valère est attachant et l’auteur ne nous livre pas un
récit à l’eau de rose. La psychologie du personnage et ses
contradictions sont bien mises en évidence comme sa complicité à
rentrer dans l’image du « nègre banania » Le personnage d’Hilda m’a
beaucoup agacé mais il est cependant très réaliste. J’ai bien aimé
l’écriture du texte.
Obama, « au nom d’oiseau », celui qui « seul a le privilège de
tutoyer le soleil » est choisi tout enfant et contre toute attente,
par son aïeul, Elé le féticheur qui lui transmet le sac de
l’initiation, porteur de l’autorité sur toute la tribu. L’enfant
rebuté par le poids du destin, « veut bâtir sa vie » et va se
sauver en France pour vivre le « radieux » mirage européen
que tout africain porte en lui. Il grandit, étudie, la vie semble
lui sourire, désarmante malgré un sentiment d’exil. Mais le «
paradis » va se désaccorder. So grand père meurt. Obama
27
EFFA, Gaston- Paul

Grasset – 1998
222 p – 15,20 €
Cameroun
prend alors la décision de retourner en Afrique. Va-t-il
parvenir à « se réconcilier avec ses morts » ? Lui sera-t-il
possible de « nouer le noir de ses origines au blanc de sa
destinée ? »
– « Roman » est-il inscrit sur la couverture, mais aussi chant, conte,
pour le lecteur. Les fils du récit de la vie d’Obama (nom panafricain)
s’entrelacent en chapitres courts, poétiques. Le lecteur se promène
avec bonheur entre rêves, songes au gré de l’imaginaire de l’auteur et
descriptions aiguës, vives de la France. Les thèmes : le mirage
européen de tout africain, l’exil insoluble là-bas comme ici, les
mémoires refoulées à retrouver, l’animisme. Passages savoureux sur
l’éducation en France…Strasbourg et les Alsaciens.
– Un vrai plaisir de lecture dans cette rentrée littéraire…le lecteur ne
peut être que touché par l’itinéraire d’Obama : Un « courage-fuyons »
au début du récit mais où Obama nous amuse à vouloir malgré tout
conserver ses expressions vieillottes apprises dans les écoles de la
coloniale, une réelle réussite en temps que professeur de philosophie,
puis la quête des origines qui reprend le dessus !
– Une vision positive d’un parcours d’exil dans une langue poétique
et très maîtrisée.
Sabeth souffre car son mari lui a enlevé son fils premier-né
pour le confier à des religieuses. Elle revit toutes les souffrances
de son enfance et de son mariage polygame ; puis la rencontre
de sa marraine, Mâ, une féticheuse, va donner une nouvelle
orientation à sa vie.
– Lecture assez exigeante car très intériorisée et poétique.
– Richesse, couleur, force de la nature comme du style. Voyage d’une
femme, d’une mère qui trouve son sens.
EFFA Paul-Gaston
Voici le dernier jour
du monde
Éditions du Rocher
2005, 210p.
Cameroun.
Voici un roman où l’écrivain se met en scène. Sentant qu’il lui
est nécessaire de retrouver l’inspiration d’une écriture nègre
dont il s’est trop éloigné, l’auteur revient au pays natal après de
longues années d’absence. Il y retrouve son meilleur ami qui
après de brillantes études aux États-Unis est nommé à la tête
d’un pôle universitaire. Ne connaissant pas les arcanes d’un
régime dictatorial corrompu, ce dernier va connaître les geôles
puis doucement être happé par la folie. L’écrivain
28
l’accompagnera dans son précipice jusqu’au moment fatal.
Un magnifique roman sur le rapport entre les racines originelles de
l’écrivain – l’Afrique – et de son impossible retour. Ayant vécu trop
longtemps en terres occidentales il ne lui reste d’africanité que sa
couleur de peau.
Thème : retour au pays natal.
EFFA Gaston-Paul
Yaoundé instantanés
Editions du LAQUET
-Collections Terre
d’encre, 2003, 8 €
Cameroun
L’auteur revient au Cameroun son pays natal qu’il a quitté à
cinq ans emmené par des religieuses. Vingt ans d’exil loin de sa
ville natale, Yaoundé, de sa famille. Enfouis, comme ensablés
dans sa mémoire, les jouissances de l’enfance vont renaître au
cours d’une longue déambulation à pied. L’auteur fait «
l’inventaire de la ville »…Le temps qui arrache et corrode,
l’ennui, la promiscuité, tout est balayé par ces « instants
d’éternités ». « Il est des lieux que l’on quitte et qui accroissent
leur silence en nous. Il peut arriver qu’on les retrouve et qu’on
en soit aimé. »
« Instantanés » : le Yaoundé présent et ses sept collines renoue avec
les images intimes du passé et de l’enfance de l’auteur. Quelques
lignes, quelques mots disent les bonheurs de ce passé « qui ne passe
pas », exprime avec poésie l’accord invisible auquel l’auteur et
l’écrivain parvient. Ce livre écrit en 2003 se lit parfaitement …après
« Je la voulais lointaine » sorti en 2012 !
EFFOUI, Kossi
Solo d’un revenant
Seuil, 2008, 207p.
17€
Togo
Dix ans après le génocide, un homme qui avait fui les horreurs
revient au pays. Nulle identification précise de la nation en
question mais seulement des indices : un état très semblable au
Rwanda par les atrocités qui s’y sont produites. Le nom de cet
homme ? Aucun n’est mentionné. Il est seulement un revenant
parmi tant d’autres. Celui qui après ses dix années d’exil est
accueilli en frère par les anciens miliciens, des meurtriers
intégrés à la force nationale, lors d’une cérémonie grossière et
surréaliste, mascarade des oublis volontaires. Désormais les
victimes et leurs bourreaux constituent un seul peuple uni dans
une réconciliation forcée, parrainée par l’ONU et appliquée sur
le terrain par les Casques Bleus. Mais peut-on oublier toutes les
atrocités passées après tout ce temps et pour le bien du
peuple ? Du reste, pour quel peuple et pour quelle solidarité ?
*Le livre est complexe, l’écriture est belle. Je trouve réussie la
29
description que l’auteur réussit à faire d’un pays déchiré par une
guerre fratricide sans être précisément situé. Cela pourrait être
n’importe où, Rwanda, Cote d’Ivoire …Le héros n’est pas simple,
comme la situation et les événements relatés, il souffre du passé, du
présent, on ne comprend pas toujours ce qu’il veut et où il va… on se
perd parfois un peu.
* La pudeur est ici de mise. Aucune scène misérabiliste et
épouvantable ne transpire dans ces pages. Seule importe la tragédie
du personnage principal et à travers lui ceux qui dans leur survie ont
pour seuls compagnons d’infortunes le dénuement et la souffrance.
Solo pour un Revenant est un texte magnifique tout en nuance qui
par sa portée universelle en fait une oeuvre majeure de la littérature.
Thème : L’après génocide vu par un rescapé !
EKOTTO, Frieda :
Portrait d’une jeune
artiste de Bona
Mbella
L’Harmattan, coll. «
Ecrire l’Afrique »,
2010, 84 p.
Cameroun
A travers Chantou, l’auteure nous fait le portrait du quartier de
Bona Mbella. Se sont les rencontres de la narratrice avec les
divers personnages du roman que le quartier prend vie. Ils sont
tous une partie de Bona Mbella, quartier de débauche et de
misère mais non dépourvu de poésie et de magie.
Chantou ne sert que de fil conducteur à ce texte aux chapitres presque
autonomes. On se laisse surtout porter par la tendresse que semble
avoir Frieda Ekotto pour ce quartier. Son écriture fine et délicate
semble nous ébaucher un quartier pour lequel on se prend d’affection.
Mais il ne faut pas chercher à lire un roman avec des personnages
évolutifs, des intrigues et des rebondissements. C’est un livre qui
coule, qui plaît mais qui ne laisse pas de trace inoubliable.
EL ASWANY, Alaa
J’aurais voulu être
égyptien, Actes Sud,
2009, 204p.
Egypte
10 nouvelles décortiquant une certaine société égyptienne sous
l’emprise de l’obscurantisme et de l’arbitraire : lâcheté,
hypocrisie, paresse, corruption etc. décrites avec une ironie
cinglante. Dans la préface de ce recueil El Aswany explique de
façon très explicite comment est née la première nouvelle
« Celui qui s’est approché et qui a vu », initialement écrite pour
être publiée comme un roman mais refusée par l’Office du livre
égyptien. Il y précise la distance entre l’auteur et les
personnages qu’il met en scène, distance entre le réel et
l’imaginaire. Malgré cette peinture d’une société qui apparaît
corrompue et manquée de moralité, on sent une tendresse de
l’auteur pour son pays.
*J’ai beaucoup aimé « Celui qui s’est approché et qui a vu » et qui
30
répond vraiment aux critères de la nouvelle à savoir une chute
vraiment inattendue. Ce que j’ai aimé c’est la valeur universelle de ce
qu’El Aswany dénonce : la violence, l’humiliation, la souffrance de la
différence etc.
FALL SOW Aminata
Le jujubier du
patriarche
Le Serpent à Plumes,
1998, Motifs, 5 €
Sénégal
FATHY SIDIBE,
Fatoumata
Une saison africaine
Présence Africaine
2006 – 16€
Mali
Au départ de l’intrigue on suit le quotidien banal d’une famille
africaine d’Afrique de l’Ouest : les difficultés financières du
mari, la rancoeur de l’épouse, le mariage des enfants, leurs
déboires conjugaux, leurs échecs et leurs réussites. Mais le
véritable sujet du livre est l’histoire des liens indéfectibles qui
existent entre ces personnages avec une autre famille, et qui se
sont transmis de génération en génération, sur la base d’un
passé commun, mythique et glorieux. Au fur et à mesure que
l’histoire avance, il est question d’un retour aux sources, dans
un village de brousse en déclin, où miraculeusement, un
jujubier mort a repris vie, sur la tombe d’un ancêtre légendaire.
Ce passé épique va peu à peu envahir le texte sous la forme
d’un chant qui raconte l’affrontement entre le « turban »
(l’islam) et la société des chasseurs (les croyances
traditionnelles). Ce chant va redonner aux personnages leur
noblesse originelle.
* Globalement, j’ai trouvé ce livre assez ennuyeux. On a du mal à
s’attacher à ces personnages trop superficiels et le style est souvent
lourd.
Pourtant, sociologiquement, j’ai appris des choses sur la nature de
certains liens sociaux importants et spécifiques aux sociétés africaines
qu’on appelle « plaisanterie » et qui prennent racine dans les
événements mi historiques mi légendaires racontés par les griots.
Enfin, la fin du livre rattrape l’ennui du début car le chant (transcrit
directement en français ?) est très beau, très poétique
Dans un pays d’Afrique de l’ouest, que l’on comprend être le
Mali, dans un village, après l’indépendance, un instituteur
arrive à convaincre un père de famille que son fils Cheickna
doit partir faire ses études à Paris. Nous le suivons dans ses
rencontres, ses débats avec les jeunes intellectuels africains des
années soixante. Enfin, c’est le retour au pays, le poids de la
tradition, le déchirement entre un mariage imposé et un amour
resté en France, les espoirs déçus d’un avenir rêvé plus radieux
(social et personnel). C’est aussi le portrait d’une jeune femme
31
Coumba, élevée soumise au père puis au mari qui s’émancipe
dans la souffrance.
– Intéressant, juste, se lit très facilement. L’auteur, journaliste, aborde
de multiples thèmes : racisme, ONG, tradition, problèmes de
développement… mais souvent de façon très descriptive (trop ?), les
émotions des personnages sont toujours au service d’une volonté
didactique.
– Mon avis rejoint le précédent, mais je pense que pour un lecteur qui
n’a jamais abordé l’Afrique par le biais de la littérature, ce roman
agréable à lire, bien écrit peut permettre une première approche et un
tour d’horizon des problèmes rencontrés par les africains.
FOFANA Libar M
Le cri des feuilles qui
meurent
Gallimard – 2008
Continents Noirs
201 p. – 13,90€
Guinée
L’histoire met en relation des personnages meurtris par la vie
mais pas abattus : une lépreuse avec un bel enfant, un métis
retardé mental qui pense avoir tué Dieu etc… ils croisent
d’autres personnages peu reluisants qui n’ont de cesse
d’escroquer tout le monde dans cette Guinée des années 70
sous le joug des sbires de Sekou Touré. Les aventures des uns
et des autres se succèdent parfois amusantes souvent
dramatiques.
– La construction du livre est très intéressante par la forme
cinématographique des différentes scènes qui se succèdent et que l’on
« voit » bien. L’écriture est aisée et classique. C’est noir certes mais il
y a de l’énergie.
FOFANA Libar M. Le
diable dévot
Gallimard, Continents
noirs, 2009, 187 p., 16€
Guinée
Galouwa redoute de perdre sa place d’imam car il n’a pas
encore trouvé l’argent nécessaire pour se payer le voyage à la
Mecque. Ladji Oumarou, 80 ans, lui demande la main de sa
fille Héra, 13ans en échange du billet d’avion.
Pour Galouwa cela ne pose aucun problème et il met tout en
oeuvre pour arriver à ses fins. Héra ayant perdu sa mère à sa
naissance vit dans la culpabilité et ne veut pas contrarier son
père. Elle va tout mettre en oeuvre pour échapper à ce mariage
en gagnant elle-même l’argent nécessaire.
Le roman de Fofana est bouversant car il décrit avec une grande
lucidité la cruauté d’un homme, ce qu’il peut faire endurer à sa fille,
uniquement pour plaire à Allah et garder son pouvoir religieux. Le
32
personnage d’Héra est attachant, de la petite fille coupable prête à
tout endurer pour ne pas contrarier son père elle devient avec l’aide de
Maciré, la prostituée, une jeune femme lucide et décidée à ne plus
subir la tyrannie de son père et capable de l’affronter.
FOFANA Libar M.
L’étrange rêve d’une
femme inachevée
Gallimard, Continents
noirs, 2012, 17.50 €
Guinée
Une femme meurt en couche en laissant au monde deux filles
Hawa et Toumbou. Mais celles-ci sont siamoises ! Rejetées par
leur père c’est une grand-mère qui va les élever avec beaucoup
d’amour !
Mais ce n’est pas facile de vivre quant tout oppose les deux
soeurs : l’une est belle et l’autre est perçue comme un monstre,
l’une veut vivre comme tout le monde et l’autre a des
ambitions politiques…difficile parcours face à un monde
souvent hostile mais qui va parfois les amener à se rapprocher.
Un roman à la limite du fantastique très surprenant mais qui tient le
lecteur en haleine. Roman émouvant par cette quête d’identité qui
parcourt tout le livre : comment trouver sa place, être reconnu,
réaliser ses rêves et ses ambitions face à une société hostile.
GALY, Nadia
Alger, lavoir galant
Albin Michel, 2007
232p.
Algérie
GALY Nadia
Le cimetière de St
Eugène
Albin Michel, 2010
247p.
Algérie
Jeha, malgré son physique plus que désavantageux, est
heureux. Aîné et unique garçon de la famille, il a repris la petite
épicerie paternelle à Alger. Mais un jour sa vie bascule : le
monde et la vie deviennent insupportables, la frustration
grandit. Mais jusqu’où cela le mènera-t-il ?
Nadia Galy à travers le portrait de Jeha, livre dans une langue très
imagée et créative, avec un humour absolument féroce, le portrait
décapant et terrible d’une jeunesse algérienne coincée « entre
fatalisme, immobilisme, et rêves de verts paradis ». Un roman
« décoiffant » que j’ai beaucoup aimé.
Slim vit et grandit avec l’image d’un père martyr du FLN à
laquelle s’ajoute sa haine de la France. Sa mère, à l’amour
possessif, l’étouffe.
Quant à son ami Moka, il en demande beaucoup à Slim.
La rencontre amicale de Clémentine une jeune française
contribue sans doute à lui faire prendre conscience que sa
véritable identité n’est peut-être pas celle qu’il croyait.
Un vrai plaisir de lecture tant au point de vue du fond que de la
33
forme.
L’identité, le rôle de la mère, la sexualité…sont abordés dans une
langue absolument décapante et jubilatoire à certains moments
GATORE,
Le passé devant soi
(Figures de la vie
Impossible, T.1)
Phebus, 10/18, 2008,
184p.
Prix Ouest-France/
Etonnants Voyageurs
2008
Rwanda
Récit à deux voix : celle de Niko, réfugié dans une grotte sous la
surveillance de singes, depuis les massacres dans son pays qui
l’ont obligé à fuir et qu’il veut oublier ; celle d’Issaro, une jeune
fille africaine adoptée par un couple de blancs lors de massacres
dans son pays ;
Elle voudrait comprendre ce qui s’est passé.
Le questionnement de ces deux personnages constitue la trame
du livre. Deux vies en parallèle mais qui se choquent. Ce qui se
traduit au niveau de l’écriture : chapitres numérotés et sous
numérotés mais toujours dans le même ordre et donnant
successivement mais sans transition la parole à l’un ou à l’autre.
2 histoires de deux personnages qui se croisent, s’entremêlent.
Elle, qu’on peut supposer être l’auteur de l’autre, tente de régler
et comprendre un passé insoutenable et resté implicite tant il est
indicible. Lui, personnage fictif qui incarnerait toute cette folie,
à la fois victime qui attire la compassion et bourreau
irresponsable. En filigranes les massacres, comme tamisés au
travers de sa mémoire à lui et l’obsession de savoir pour elle
dont la quête l’amène à rompre avec cette vie facile, réussie et
confortable d’enfant adoptée et choyée dont elle s’interdit de
jouir.
*Ce livre, à la portée d’un mythe tragique, dépasse le cadre même de ce
pays et fait de cette histoire en la situant dans une grotte à la limite
entre deux mondes : l’humain et l’animal (entre raison et pulsion ?) et
pose le problème de l’humanité, du courage et de la responsabilité.
*Après avoir eu un peu de mal à entrer dans le texte car déroutée par
sa structure, j’ai été prise par l’approche de ces deux personnages, leur
évolution psychologique. C’est un livre bouleversant dont la lecture
vous laisse sans voix. On est touché à la fois par le fond du livre, les
thèmes abordés, mais on est touché aussi par la construction et
l’écriture du récit.
* Ouvrage très fort, bien écrit ; composition intéressante entre les deux
histoires des deux personnages (parties numérotées pour lui et simples
alinéas pour elle) avec une adresse directe au lecteur.
Effet de mise à distance double : G Gatoré écrit ce qui peut être une
34
GRINE Hamid :
Camus dans le
narguile
Edition Après la
lune, 2011, 175p.,
18 €
Algérie
GUEYE, Asse
No woman no cry
L’harmattan
Polars noirs – 9,15 €
part de son histoire, mais il choisit une femme comme porte parole …
le seul héros masculin étant cet homme pitoyable malencontreusement
tombé dans la barbarie.
Nabil est professeur de lettres à Alger. Il a des relations difficiles
avec son père à qui il en veut pour la façon dont il traitait sa
femme qu’il avait épousée pour ses biens. A la mort de son père,
son oncle lui révèle qu’il était un enfant adopté, fils d’une
bourgeoise algérienne et de son amant, un célèbre écrivain
français.
Le récit nous emmène à Alger dans la vie d’une famille avec ses
rapports parfois difficiles, dans une ville que l’auteur, nous
peint de façon très vivante ; mais le roman nous entraîne surtout
sur les pas de Camus, auteur qu’il a toujours aimé.
Mais c’est aussi une quête d’identité et une découverte du vrai
visage de son père.
J’ai trouvé ce roman très vivant et même si on ne croit pas à une issue
positive on ne s’interrompt pas pour autant. La vie familiale algéroise,
la ville, les traces de Camus tiennent le lecteur en haleine. Mais il ne
faut pas s’attendre à une thèse sur Camus. J’ai trouvé intéressant le
personnage de Nabil, attachant et vrai.
Un espion français proche de la retraite fait équipe avec un
membre de la CIA, dans la traque d’un dangereux terroriste,
Bassirou Bèye, un physicien noir africain de génie. La chasse à
l’homme commence par une pêche aux renseignements au
Sénégal auprès du géniteur cinéaste, et par l’infiltration d’un bel
agent,
danseuse dans le civil. Puis au détour de rebondissements et de
révélations faites par le camarade d’études japonais, Mahuto, la
nature de la menace que constitue le projet de Bèye se précise et
vient faire écho à la situation scandaleuse des noirs d’Afrique
du sud : l’Apartheid.
– Une histoire d’espionnage écrite de façon classique, sur fonds
d’années 70 qui tient la route.
– Agréable à lire, bien documenté, mais manque un peu de suspense à
mon goût.
35
HANE Khadi
Des fourmis dans la
bouche
Denoël, 2012, 150 p.,
Khadidja, malienne, vit à Paris, quartier Château-Rouge. Elle
élève seule ses quatre enfants.
Le dernier est le fils de Jacques, un français. Cette aventure
amoureuse lui vaut d’être considérée ici comme au pays où la
rumeur est parvenue, la qualification de « pute ». Cette aventure
lui a valu la perte de son travail, la pression permanente des
voisines et du « conseil des sages », hommes maliens résidant en
France.Ses rapports avec l’assistante sociale sont difficiles. Seul
l’oncle Jules sera un véritable réconfort mais il lui demande de
continuer de croire en Dieu ! Comment faire face à la faim de ses
enfants, au fils aîné qui se drogue, à la honte que procurent à ses
enfants ses relations avec un blanc, à ce qu’on dit au village sur
elle. Et ce blanc qui ne souhaite pas remettre en question sa
propre vie et attend surtout le paiement des loyers que Khadija
ne peut assumer.Khadija, comme beaucoup d’autres, a cru en la
France comme l’oncle Jules ou Saly croient que « tout homme
qui s’en remet au Seigneur sera comblé » ! Mais il lui faudra
trouver une solution.
– J’ai lu ce livre avec beaucoup d’émotion car même s’il dit des choses
que l’on croit déjà savoir, c’est un parcours de vie, un regard de femme
sur ses propres compatriotes, sur son pays, un témoignage sur la
condition des femmes africaines en France, sur elle-même et ses
propres doutes.
Le seul regard positif est celui de l’oncle Jules et on comprend pourquoi
à la fin du récit. Et la solitude dans laquelle se trouve Khadija est
insupportable.
L’originalité du livre est aussi dans l’écriture maîtrisée et vivante.
– J’ai trouvé ce roman trop caricatural ce qui m’a empêché de
l’apprécier ; le personnage de Khadija n’est pas du tout attachant. Du
coup, tout ce que ce roman pourrait dénoncer, condition des femmes,
misère des immigrés en France… paraît trop convenu ou anecdotique.
– Récit de vie plutôt que roman, le livre de Khady ne laisse pas
indifférent : le choc des deux cultures, malienne et française, dans
aucunes desquelles la narratrice ne se retrouve, le quotidien souvent
problématique de sa vie et les problèmes qui la dépassent parfois
touchent le lecteur.
36
HATZFELD, Jean
La stratégie des
antilopes
Seuil – Points – 2007
Fiction et Cie
308 p. – 7 €
cartes, chronologie
IDE Adamou,
Camisole de paille
La Cheminante, 2011,
150 p., 14 €
Niger
Mais une impression de déjà lu, un certain manque de souffle dans le
style et une absence de perspectives font que j’ai un peu de mal à
adhérer pleinement au récit
Il s’agit du troisième volume d’une trilogie (pouvant se lire
séparément). Après avoir donné la parole aux victimes et aux
bourreaux, l’auteur laisse parler des Tutsis rescapés de la forêt
(20 sur six mille), qui se trouvent, suite à la libération des
prisonniers, confrontés à leur bourreau. Y a t il une
réconciliation possible ?
– Encore une fois nous côtoyons l’inimaginable. Mais nous avons le
devoir de l’affronter. Jean Hatzfeld a su faire parler sans questionner.
Les victimes et les bourreaux s’expriment chacun dans leur monde,
c’est comme une chape de béton qui retombe, stabilité fragile des
bourreaux, pardon impossible des victimes sous un voile factice de
réconciliation.
Fatou et Karimou s’aiment. Mais comme souvent en Afrique
leur sort est scellé d’avance. Pour les parents de Fatou, Karimou
n’est pas l’homme qu’il lui faut surtout lorsque Koumandaw, le
chef du village demande sa main.
Adamou Ide trace la vie de son héroïne évoquant tous les
problèmes que soulèvent la vie traditionnelle, les problèmes
économiques, la sécheresse et ce qu’elle devra faire pour
défendre sa condition de femme et conquérir sa liberté.
– J’ai beaucoup aimé ce roman qui, bien qu’il aborde un sujet souvent
traité dans les littératures africaines ne tombe ni dans le pathos ni le
manichéisme.
L’auteur n’oppose pas à la société traditionnelle une société…qui serait
la panacée. Les personnages aux comportements problématiques ne
sont pas caricaturés.
Quant aux personnages féminins, ils sont authentiques et déterminés.
Au fil du récit les personnages évoluent et cela donne au récit un
caractère un peu moins noir.
Il faut souligner la qualité d’écriture d’Adamou IDE.
– Ce livre m’a beaucoup plu et interpellé : par la clarté, la limpidité de
37
N KOLI Jean Bofane
Mathématiques
congolaises
Actes Sud, coll. «
Babel », 318 p., 23 €
République
Démocratique du
Congo
JAOMANORO,
David
Pirogue sur le vide
Editions de l’Aube
2006
221 p. – 17€
Madagascar
son style, par la force de ses héros qui osent s’opposer au poids des
traditions en milieu rural. Il montre aussi les dangers, les pièges du
milieu urbain. il pose de façon lumineuse, les problèmes de toujours
dans une Afrique d’aujourd’hui.
Célio Matemona dit « Célio Mathematik » décrypte le monde à
l’aide de théorèmes mathématiques. Il est l’intellectuel du
quartier. Dans un contexte politique perturbé, le Congo-
Kinshasa est dans un pouvoir de transition, l’ami de Célio,
Baestro, trouve la mort alors qu’il était embauché pour faire le
public d’une manifestation politique. Le parti politique
responsable de ce décès cherche à éliminer Gaucher, seul témoin
de l’événement. C’est dans ce même parti que Célio sera engagé
pour établir une grande manipulation médiatique et politique.
Découvrant peu à peu la face cachée de cette corruption, Célio,
descendra progressivement de son piédestal pour finalement
agir contre les têtes penseuses du parti.
Invitant le lecteur à établir lui-même un parallèle entre le monde décrit
et les maths via les titres de chapitre, In Koli Jean Bofane l’implique et
le contraint à analyser les événements qui caractérisent un Congo
bouleversé.
L’auteur nous offre un témoignage poignant sur les manipulations
politiques au Congo qui ne laisse pas indifférent et invite à la réflexion
sur le milieu politique et médiatique de façon plus générale.
Néanmoins la densité du texte invite à la relecture pour s’assurer
qu’on a bien pris en compte toutes les imbrications et toutes les
implications de cette manipulation.
12 nouvelles. La vie quotidienne de déshérités entre
Madagascar et les Comores : des histoires de passeurs, de
clandestins , de viols, d’inceste….
Mariage forcé, noyade plus ou moins organisée des clandestins
par les passeurs, circoncision collective, exploitation des petites
filles, des femmes, des adolescents par la famille, les maîtres
coraniques, la police et des bandes d’adolescents, les 12
nouvelles de ce livre sont plus cruelles les unes que les autres.
Aucune lueur d’espoir, sauf peut-être dans la dernière nouvelle
où Ndzada sauve la petite Faouzia des griffes d’un adolescent
chef de bande : elles travailleront pour gagner l’argent
38
nécessaire à leur retour à Anjouan.
– Les nouvelles sont dures comme la vie de ces gens. On ne parle pas
souvent des Comores et des Malgaches qui y vivent. Il est aussi très
rare qu’un auteur malgache parle de l’Islam. Sur la forme, beaucoup de
mots malgaches ( traduits) dans le texte ainsi que des textes de poésie
ou de chansons.
– Les amoureux de Madagascar et de Mayotte ne reconnaîtront pas
leurs îles. C’est un monde déshumanisé que décrit l’auteur, avec une
précision « chirurgicale » qui fait froid dans le dos. Ce livre est pour
adultes et lycéens « avertis. ».
KANE, CHEIK
AMIDOU
L’Aventure ambiguë
10/18
Sénégal
KEITA, Kabouna
L’enfant cadeau
Belfond – 2007
366 p. – 19 €
Mali – Biographie
Samba Diallo, fils du chef de la tribu des Diallobés, débute son
éducation à l’école coranique où un maître sévère le guide vers
la ferveur religieuse. Il y tisse un lien puissant, mystique, à son
pays et à ses ancêtres.
Plus âgé, on décide après délibération de l’envoyer à l’école des
blancs colonisateurs afin de mieux les connaître pour mieux les
combattre. Excellent élève, Samba Diallo est bientôt appelé à
poursuivre ses études à Paris durant lesquelles il cherche à
définir cette ambiguïté qui le définit désormais, celle d’être
entre deux cultures, étranger à l’une comme à l’autre, entre la
nostalgie de l’enfance et l’impossibilité de s’intégrer
complètement à la culture européenne.
J’ai trouvé ce livre passionnant et très émouvant. C’est un essai
philosophique qui essaie d’approcher l’ « inquiétante étrangeté » que
génère la perte d’une culture. Mais Kane raconte aussi ce qu’est
l’enfance, l’exil, thèmes qu’il évoque dans un style épuré et élégant.
Né dans une famille malienne nombreuse et pauvre, Kabouna, à
sa naissance est offert par ses parents en cadeau. Il commence à
travailler dès l’âge de cinq ans ; puis de rencontres en rencontres
avec beaucoup de ténacité, il s’enrichit et devient l’idole de
Bamako. A 19 ans, il part, seul, à la conquête de l’Amérique,
puis à Paris où il devient éducateur pour adolescents difficiles.
Aidé dans son récit par une journaliste, il rappelle l’importance
de la famille en Afrique où la solitude n’existe pas, il parle de la
difficulté de travailler en Amérique, de la rigueur de
l’administration française. Ses aventures, sa générosité, et sa
confiance en l’autre l’aident à redonner espoir aux jeunes en
39
KELMAN, Gaston
Je suis noir et je
n’aime pas le manioc
10/18 – 2005
207 p. – 7 €
Cameroun
KHADI
Mutilée
Oh ! Editions – 2005
232 p. – 18,90€
Sénégal
[Bibliothèques]
KHADRA, Yasmina
Ce que le jour doit à
la nuit
Julliard – 2008
Algérie
413 p. – 20 €
Algérie
détresse une belle leçon de vie !
L’auteur, camerounais d’origine vivant en Bourgogne et se
sentant vraiment bourguignon nous livre un pamphlet contre le
racisme ambiant.
– Lecture rendue très agréable par un style alerte et plein d’humour.
Malgré des exemples parfois un peu outrés, la lecture est conseillée et
peut faire réfléchir même les plus avertis sur certaines réactions que
nous avons par rapport à la peau « noire ».
Récit autobiographique, écrit dans une langue simple, qui
retrace le parcours de Khadi, excisée à 7 ans, contrainte de se
marier à 13 ans et demi, puis d’émigrer à Paris pour y rejoindre
son mari. Devenue mère, elle prend conscience de la barbarie de
l’excision et de l’asservissement auquel son statut de femme
mariée la contraint. Elle conquiert petit à petit son
indépendance pour se vouer ensuite à la défense de la cause des
femmes africaines dans le monde entier.
– Un témoignage à ne pas manquer et à faire lire aux jeunes, filles et
garçons.
Younès a 9 ans quand ses parents doivent quitter les terres
familiales brûlées par un colon.
Ils rejoignent les « bas-fonds » d’Oran, mais le père malgré sa
volonté et toutes ses tentatives n’arrive pas à sortir sa famille du
bourbier. Aussi, confie-t-il Younès à son frère, pharmacien à
Oran. Younès devient alors Jonas, comme le signe d’un
changement d’identité. Celui-ci grandit et s’épanouit, comblé
d’affection et de sollicitude, dans cette autre société algérienne,
celle des français. Adolescence heureuse que viennent ponctuer
la seconde guerre mondiale et les premières manifestations
nationalistes. La rencontre d’Émilie, leur histoire d’amour, la
guerre d’Algérie plongent Jonas dans une situation complexe ;
il refuse de détruire l’amitié qu’il a pour ses camarades piedsnoirs,
de rejeter la vie que
lui ont offert son oncle et sa tante, et de renoncer aux valeurs
familiales : fierté, coutumes ancestrales, respect de la parole
40
KHADRA Yasmina
L’équation africaine
Julliard, 2011,
Algérie
KONATE, Moussa
L’assassin du
donnée.
– Ce livre m’a beaucoup plu d’abord parce qu’on se laisse très
rapidement séduire par l’écriture de Yasmina Khadra : beaucoup
d’images, de poésie, une écriture très forte. L’histoire m’a intéressée
car elle aborde le problème de l’Algérie d’une façon inhabituelle ; en
partant de la vie quotidienne Khadra nous donne à voir une image
beaucoup plus complexe de la société algérienne.
Kurt Krausman, médecin allemand perd sa femme. Face à ce
drame, Hans, un ami lui propose de partir avec lui aux Comores
sur son voilier ; il part en mission humanitaire. Ce voyage a
visage « thérapeutique » pour Kurt, vire au drame : les deux
hommes sont pris en otage au large de la Somalie par des
tortionnaires faisant feu de toute morale. Véritable descente aux
enfers, confrontation avec une face sauvage et violente de
l’Afrique mais aussi avec ce que celle-ci nous apporte de
philosophie, de sagesse et de dignité.
– La lecture du roman de Khadra nous tient de la première à la dernière
ligne. Les chapitres avec les rebelles peuvent nous sembler un peu
longs mais c’est parce l’auteur nous fait vraiment partager l’angoisse
des otages dont le sort est plus qu’incertain. Bruno, un français fou
d’Afrique est également retenu et c’est aussi grâce à lui que Kurt
découvrira les vraies valeurs de l’Afrique : soif de vivre, solidarité,
générosité etc…
Dans un style très clair et juste l’auteur nous décrit l’évolution
psychologique des personnages. La violence est parfois insoutenable et
l’émotion intense.
– Une aventure haletante où le lecteur découvre en même temps que le
personnage principal les vérités de l’Afrique, les belles comme les
moins belles, dont celles qui mènent au terrorisme, mais aussi les
tourments de l’être humain. La plume est fluide et nous mène d’un
bout à l’autre du roman sans nous lâcher une seule fois. Seul bémol,
l’histoire de veuvage sur laquelle part l’auteur n’apporte pas grandchose
à l’histoire.
Deux enquêtes menées par le commissaire Habib et son adjoint
Sosso : empoisonnements au cyanure et faux-billets à Bamako,
41
Banconi
Gallimard
Série Noire – 10€
Mali
KONATE, Moussa
L’empreinte du
renard Fayard – 2006
265 p. 17 €
Mali
meurtre dans la brousse.
– Intrigues plaisamment racontées. Le duo commissaire/adjoint
n’est pas très original. Des scènes de vie de quartier ou de village
qui ajoutent de l’intérêt à l’enquête.
– Policier vivant mais très traditionnel.
Le commissaire Habib et son adjoint doivent enquêter sur une série de
morts mystérieuses : les victimes meurent toujours de la même façon:
le corps gonflé. Au cours de l’enquête, le mutisme des villageois ne va
pas faciliter le travail. La rationalité de la police et de l’administration
se trouvent confrontée aux pratiques de sorcellerie et de magie du
peuple dogon.
– Un récit très vivant et très agréable à lire. L’auteur transmet
beaucoup de sa connaissance du pays dogon et le côté
ethnographique est passionnant. Tradition et modernité
s’opposent.
Le style est très agréable également.
KONATE, Moussa
La malédiction du
lamantin
Fayard noir, Points
policier, 2009, 188p.
6.50 €
Mali
C’est une nouvelle enquête du célèbre commissaire Habib et de
son adjoint Sosso, au bord du Niger dans un quartier de
Bamako, au milieu de l’ethnie des Bozos.
Le chef Kouata et son épouse Nassoumba meurent lors d’un
épouvantable orage. En fait ils ont été assassinés mais les
villageois y voient une vengeance du lamantin, le génie du
fleuve. Le commissaire Habib essaie de résoudre l’énigme, il
doit déjouer de nombreux pièges.
* Ce roman est agréable à lire.
Il est très bien fait du point de vue policier, on est tenu en haleine
jusqu’au bout. C’est très vivant, on suit avec plaisir les enquêteurs
dans leur vie quotidienne et on est toujours surpris par les pressions
qu’ils subissent de toutes parts. Et le livre est aussi très intéressant du
point de vue ethnographique car il nous informe sur les légendes et le
quotidien des Bozos.
*Ce que j’aime dans les livres de Moussa Konate c’est le parti pris
ethnographique. Il nous plonge dans les croyances des populations du
Mali de façon attrayante.
* Une intrigue simple et classique, un commissaire Habib sympathique
42
et intelligent.
KONATE, Moussa
L’Afrique noire estelle
maudite ?
Préf. d’E.Orsenna
Fayard, 2010, 240p. ,
16.50€
Mali
KONARE, Adam-Ba
Quand l’ail se frotte à
l’encens
Présence Africaine
Mali – 246 p. – 18 €
KOUNTA, Albakaye
Ousmane
Les sans-repères
Editions Grandvaux
Qui suis-je donc ? Pourquoi l’Afrique noire est-elle dans cet
état ? Telles sont les questions que se pose Moussa Konate dans
son dernier livre. L’auteur y dresse un état des lieux de
l’Afrique noire : démographie, économie, société… avec pour
objectif de permettre aux noirs africains « de se comprendre et
de comprendre la situation dans laquelle [l’Afrique] se trouve et
comment elle peut contribuer par ses valeurs au « salut de
l’humanité ». Il dénonce l’afro pessimisme, alimenté par certains
africains eux-mêmes, il se bat pour une autre image de
l’Afrique. Il aborde de nombreux thèmes : la famille, le rapport
à l’individu à la communauté, l’éducation, le rôle du travail, la
place de la femme, la polygamie, l’excision, l’organisation
sociale, l’esclavage, la colonisation et la décolonisation, la
démocratie, le fonctionnement de l’état etc.…
*Une lecture absolument indispensable pour mieux comprendre
l’Afrique d’aujourd’hui et qui a le mérite d’être d’une lecture claire et
abordable même par un public néophyte. Moussa Konaté fait preuve
d’une grande lucidité d’analyse. Sa lecture questionne aussi tous ceux
qui travaillent avec les africains.
*Moussa Konaté préoccupé par l’avenir du continent fait une analyse
sans concessions. Critique à l’égard des Afro pessimistes, il l’est aussi
à l’égard de certaines traditions sans jamais être fataliste. Il pose des
questions, il esquisse des solutions…à lire absolument
Diangina, fils de Mariam vit avec sa famille du tri d’ordures, en
marge de la ville. Humilié, il va se frotter aux puissants et
prendre le pouvoir pour mieux connaître la chute.
– Roman très fort sur la fracture entre surpuissants et humiliés, sur le
pouvoir du verbe et la vanité du pouvoir. Très belle écriture.
Je me suis rapidement ennuyée à la lecture de ce roman en raison de
l’écriture très exercice de style (pardon Queneau)
– Même avis que le précédent
Au Sahel, dans les années 1970 – 1980, le jeune Salim est esclave
dans une famille de nomades, comme son père avant lui.
– Un récit très vivant et très intéressant sur la vie de ce jeune garçon
du désert qui nous plonge au coeur des traditions, des conditions de vie
43
2006 – Mali
KOUROUMA,
Ahmadou
Monné, outrages et
défis
Seuil, coll. « Points »,
Côte d’Ivoire
KOUROUMA,
Ahmadou
difficiles et du rapport maître-esclave. A travers cette fiction c’est un
conte philosophique que nous livre l’auteur.
Roman à la fois satirique, historique et politique.qui s’intéresse
à la période coloniale. Cette fresque retrace la période couvrant
la fin du 19ème siècle jusqu’après la seconde guerre mondiale. Le
récit se passe à Soba, ville onirique qui traduit bien le coté
ironique du récit.
– Ahmadou Kourouma nous livre sans doute l’un de ses meilleurs
romans. La plume y est acérée et mêle avec adresse l’oralité malinké et
la langue française. Les personnages que l’on suit du début de la
colonisation aux lendemains de la décolonisation sont tous porteurs
d’une voix et d’un regard spécifiques, s’agençant autour du roi Djigui,
un plus que centenaire aux allures dépassées par les événements mais
très conscient du pouvoir de la langue. Malgré l’époque tragique
décrite par l’auteur, il n’en perd pas moins la notion d’humour et nous
invite à redécouvrir cette période historique sous le regard de villageois
africains qui ne comprennent pas le Blanc ou font mine de ne pas le
comprendre. Ahmadou Kourouma joue avec ses personnages tout
comme avec le lecteur malmené par la langue et la structure du roman.
Un livre à lire et à relire tant il est riche d’éléments à relever.
– Ahmadou Kourouma nous livre sans doute l’un de ses meilleurs
romans. La plume y est acérée et mêle avec adresse l’oralité malinké et
la langue française. Les personnages que l’on suit du début de la
colonisation aux lendemains de la décolonisation sont tous porteurs
d’une voix et d’un regard spécifiques, s’agençant autour du roi Djigui,
un plus que centenaire aux allures dépassées par les événements mais
très conscient du pouvoir de la langue. Malgré l’époque tragique
décrite par l’auteur, il n’en perd pas moins la notion d’humour et nous
invite à redécouvrir cette période historique sous le regard de villageois
africains qui ne comprennent pas le Blanc ou font mine de ne pas le
comprendre. Ahmadou Kourouma joue avec ses personnages tout
comme avec le lecteur malmené par la langue et la structure du roman.
Un livre à lire et à relire tant il est riche d’éléments à relever.
On retrouve « petit Birahima », l’enfant soldat de « Allah n’est
pas obligé ». Démobilisé, il fuit vers le nord de la Côte d’Ivoire
44
Quand on refuse on
dit non
Seuil – 160 p. – 14€
Côte d’Ivoire
KOUROUMA,
Ahmadou
Les soleils des
indépendances
Seuil – Points – 2006
196 p. – 6 €
Côte d’Ivoire
lors des massacres de 2002, en compagnie de la belle Fanta dont
il est amoureux. En route, la jeune fille lui raconte l’histoire du
pays, et ils font des rencontres pittoresques ou dramatiques. Le
livre s’achève avec l’arrivée à Bouaké, chez l’oncle de Fanta,
mais l’histoire devait avoir une suite que l’auteur n’a jamais pu
écrire : il est décédé en 2003, laissant juste quelques indices sur
ce qu’aurait dû être la fin du roman.
– Le style est assez déroutant car c’est l’enfant qui parle, dans un
langage direct, imagé et qui se veut explicatif. L’avantage, c’est qu’on
apprend beaucoup de choses sur l’histoire de la Côte d’Ivoire : les
raisons très complexes de la guerre civile, les différences entre les
ethnies, les modes de vie, la culture et les arcanes de la vie politique. La
vision de l’enfant, naïve et malicieuse, apporte un peu de légèreté dans
cette histoire sombre et les péripéties du voyage sont racontées de
manière très vivante.
Mais on reste sur notre faim puisque le roman est inachevé… et on ne
sait pas pourquoi l’auteur a choisi ce titre si particulier
L’histoire se déroule dans un pays imaginaire : la République de
la Côte des Ebènes, après l’indépendance. Fama, Prince
malinké, descendant et chef traditionnel des Doumbaya du
Horodougou est parti vivre avec sa femme Salimata à la
ville(« les indépendances » ne lui ont légué pour seul héritage
…qu’une carte nationale d’identité et celle du parti unique). Lui
vit une certaine déchéance, obligé de participer à de multiples
funérailles pour assurer son quotidien. C’est surtout sa femme
qui fait vivre la maison avec son petit commerce. Excisée puis
violée dans sa jeunesse par un marabout féticheur, elle ne peut
avoir d’enfants. A l’occasion de funérailles , il retourne au
village, redécouvre les terres de ses ancêtres qu’il ne connaissait
quasiment plus. Il (re)découvre son histoire, celle de ses
ancêtres, celle de la gloire de sa dynastie, autrefois riche et
respectée. ; histoire bouleversée par les indépendances. Il prend
une deuxième épouse(leg de son cousin décédé), et décide de
vivre parmi « les siens ». Il entreprend un voyage en République
des Ebènes pour avertir Salimata. Il est arrêté, accusé de
complot visant à assassiner le Président de la République et à
renverser le régime en place
– Livre pas toujours facile à suivre au milieu des récits de magie, des
fétiches, des symboles, des malheurs, des problèmes politiques. Vision
45
KWAHULE, Koffi
Babyface
Gallimard
Continents noirs –
2006
213 p. – 17€
Côte d’Ivoire
très noire de l’Afrique d’après les indépendances, réquisitoire contre
les nouveaux dirigeants et leurs abus de pouvoir qui ont détruit
l’espoir et creusé le fossé entre riches et pauvres. L’homme est réduit à
la misère économique et morale. Parallèlement à la satire politique,
c’est aussi une satire de la condition de la femme (aspect à mon avis le
plus réussi.)
– Mêler la vie réelle et le rêve apporte une atmosphère originale qui
peut être plaisante. Mais les détails toujours nombreux, par souci de
vérité peut-être, alourdissent la lecture et obligent à un effort, ce qui
est dommageable au plaisir. Être un peu averti des coutumes africaines
aiderait à la lecture de ce livre, me semble-t-il.
Le récit est construit à partir du journal intime de Jérôme,
écrivain du dimanche et compagnon de Mozati qui, tout le long
du roman, décrit l’amour-passion de sa compagne. D’où tout un
jeu de miroir, qui nous fait naviguer sans cesse entre la réalité et
la fiction, entre le journal intime et la narration à la troisième
personne.
Née dans une famille modeste, violée par un maître d’école peu
scrupuleux et fantasque, devenue par nécessité la maîtresse
d’un expatrié français (Jérôme), Mozati rencontre avec Babyface
l’amour, pour la première fois, et abandonne mari, copains,
parents et amis pour se consacrer à celui qu’elle appelle
affectueusement, «mon bébé».
– Je suis un peu déroutée par l’histoire, pas tant par les différents
points de vue que par la profusion des scènes de vie et l’extrême
lyrisme de la dernière partie.
– Cette façon de raconter l’histoire de plusieurs points de vue m’a
intéressée même si c’est parfois un peu complexe tout comme la
situation du pays dans lequel se trouvent les protagonistes. Tout n’est
peut-être qu’une apparence trompeuse et quand on a croisé les points
de vue on ne sait plus trop où on en est. Original et intéressant.
KWAHULE Koffi
Monsieur Ki,
Rhapsodie
parisienne à sourire
pour caresser le
temps
Un africain, jeune homme arrivé à Paris, loue une mansarde
dans un banal immeuble près de la rue de la Roquette. Dans
cette chambre, le narrateur fait la découverte d’une bande
magnétique où le locataire précédent, lui-même jeune africain, a
enregistré un dialogue bien étrange entretenu avec un non
moins mystérieux Monsieur Ki à propos d’un village dans le
pays d’origine gouverné par la folie des habitants,
violents « déconneurs ». S’ensuit une alternance entre les
46
Gallimard,
Continents Noirs,
2010, 146p. ,
16 €
Côte d’Ivoire
écoutes de la bande son et les échanges ubuesques tenus par le
narrateur et la concierge.
Comme le premier roman de Koffi Kwahulé, Babyface, l’écrivain, telle
une araignée avec sa proie, joue avec le lecteur qu’il plonge dans un
univers bien étrange, souvent oppressant, où toute ouverture sur un
extérieur qui serait la bienvenue est bannie. La folie, maîtresse du
roman, s’empare progressivement des personnages et avec eux le
lecteur.
LABOU TANSI Sony
La Vie et demie
Le Seuil, Points, 1979,
6 €
Congo
Dans un pays imaginaire, un chef d’Etat qui se fait appeler le «
Guide Providentiel » impose une dictature absurde et
sanglante. Malgré toutes ses tentatives, il ne parvient pas à tuer
le rebelle Martial qui refuse de « mourir cette mort » et qui
viendra hanter, génération après génération, la longue
descendance des dictateurs successifs. Martial est bientôt
secondé par sa fille Chaïdana, dangereusement belle, qui séduit
les dignitaires du régime pour les tuer les uns après les autres.
Dans ce livre où la cruauté côtoie le grotesque, où chaque
nouveau dictateur est la caricature encore plus forcée du
précédent, on rit souvent jaune. Soni Labou Tansi élabore ici
une parodie des régimes dictatoriaux dont il dénonce
l’absurdité, la violence et l’incohérence.
* L’aspect le plus intéressant de ce roman est sans doute le style de
Sony Labou Tansi : excessif, délirant, mâtiné de néologismes calqués
sur le parler local, il se prête bien à cette fable burlesque dont
l’absurdité augmente de page en page. Rien que ça vaut le détour !
LARTANE Amid
Le faucon vert
Métaillié 2007, Noir
213p. 9,50€
Algérie
Ce livre est une fresque de l’Algérie des années 90, des gens au
pouvoir et de toutes sortes d’acteurs mafieux politiques ou
autres. Il raconte surtout, au milieu de très nombreux
personnages, comment un fils à papa assez minable réussit à
monter une énorme banque privée grâce aux manoeuvres des
uns et des autres qui y trouvent un intérêt et accompagnent ce
montage.
Ce livre est très bien écrit et très intéressant. Les descriptions des
lieux, des salons, des intrigues, des faits de guerre sont quasiment
balzaciennes. L’auteur nous montre Alger puis la résidence d’un
général tout puissant ; on se retrouve dans une réception avec ses
47
affidés, tout est minutieusement présenté et palpitant. Nous
n’ignorerons rien des personnages, de leur passé et de leur vie actuelle,
leurs actions sont décortiquées. Cette société algérienne nous fait froid
dans le dos. Le roman est noir, très noir mais il est inspiré d’une
affaire réelle qui s’est terminée par un énorme scandale financier dans
les années 2003 2004.
A lire absolument.
* Ecriture classique et efficace. Ce n’est pas une intrigue haletante
mais une galerie de portraits, une mise en scène réaliste et
convaincante de la corruption généralisée en Algérie depuis les
ministres jusqu’aux Emirs sanguinaires et des manipulations
organisées par la « sécurité », avec en prime quelques égratignures sur
le milieu Show Biz en France (on pourra s’amuser au passage à
identifier quelques vedettes mêlées à ces milieux troubles). Amid
Lartane montre en particulier comment l’Etat algérien met en
« scène » une vitrine de respectabilité pour les instances
internationales et autres gouvernements occidentaux qui n’en
demandent d’ailleurs pas plus. C’est aussi une démonstration de la
façon dont le gouvernement algérien fabrique des partis
« démocratiques » pour correspondre au critère du pluralisme
politique demandé par l’Europe et les Etats Unis ou des banques pour
répondre au credo libéral occidental. Pendant ce temps on utilise les
Barbus pour terroriser la population. Nous le savons, nous ne voulons
pas toujours nous l’avouer, cela fait froid dans le dos.
LY Ibrahima
Toiles d’araignées
1ère éd. 1982 – Actes
Sud – 1997 – 420p. –
9.50 €
Mali
Ibrahima LY nous narre le destin tragique d’une jeune fille de
seize ans, la belle Mariama, qui en dépit des injonctions de ses
parents a le courage de refuser d’épouser le riche Bakari, son
aîné malingre aux soixante-dix ans. Violée par ce dernier, mais
toujours obstinée dans son bon droit à pouvoir choisir librement
son époux, Mariama est emprisonnée. S’ensuit pour la pauvre
innocente une descente aux enfers avec ses compagnons
d’infortunes, les autres prisonniers. Tortures après tortures,
humiliations succédant aux humiliations, la pauvre hère va peu
à peu plonger dans un corps de souffrance rongé par la folie.
Dans une langue recherchée (trop ?) où le vocabulaire est d’une
grande richesse, l’auteur alterne les descriptions horribles qui rendent
la lecture très éprouvante avec des réflexions sur la vie ; pensées qui
sont les seules fenêtres des bagnards sur une liberté fictionnelle. Ce
livre n’est pas conseillé à un lectorat trop sensible ou qui est à la
recherche de distractions littéraires des plus légères.
48
MABANKOU, Alain
Les petits-fils nègres
de Vercingétorix
Points Poche – 2006
248 p. 6,50 €
Congo Brazzaville
[Lyc. J. Monnet]
MABANKOU, Alain
Verre Cassé
Seuil – 2005
248 p. – 17 €
Congo Brazzaville
[Médiathèque de
Joué]
Roman de politique-fiction dont le cadre est la République du
Vietcongo en proie à une guerre civile. Le Président sudiste
Laboukaya a perdu le pouvoir suite au coup d’état du général
nordiste Eydou. A travers le cahier d’Hortense Iloki (nordiste
mariée à un sudiste) et amie de Christiane (sudiste mariée à un
nordiste) le lecteur peut suivre le récit de la vie d’Hortense et
également le récit de cette guerre civile. Elle sera obligée de fuir
vers le sud et écrit son cahier pour que sa fille garde une trace
de cette histoire.
– Fiction qui témoigne malheureusement de problèmes réels de pays
confrontés aux luttes ethniques. Le récit de la vie d’Hortense est
vivant, en prise sur la réalité, bien écrit même si parfois on peut un
peu se perdre entre nordistes et sudistes.
Le narrateur, grand buveur, raconte l’histoire, les histoires d’un
petit bar congolais perdu dans le fin fond d’un quartier
populaire.
– Style très personnel, très fleuri, le livre part un peu dans tous les
sens mais est très amusant. Les personnages et les situations sont très
pittoresques comme la langue utilisée.
MABANCKOU,
Alain
Black Bazar
Seuil, 2009, 18€
Congo-Brazza
La vie à Paris, quartier Château Rouge, d’un dandy africain,
d’origine congolaise, son quotidien, son histoire amoureuse.
Grand « fessologue »* devant l’éternel, il découvre sa vocation
d’écrivain au détour d’une histoire d’amour et de sa rencontre
avec Louis Philippe, écrivain. Regard d’un africain, immigré à
Paris, sur la vie, son passé à Brazzaville, ses rencontres, ses
réflexions
*Fessologue : Expert masculin de la « face B »des individus féminins.
« On peut lire la psychologie d’un être humain à la façon dont il
remue son derrière »
*Livre plaisant, regard plein d’humour, belle galerie de
portraits :l’arabe du coin, Roger le franco-ivoirien, Louis Philippe,
écrivain haïtien, Vladimir, le Camerounais, Couleur d’origine,
l’aimée….Différentes conceptions de la vie, différents regards .Au
total, un beau tableau sociologique de la diversité africaine à Paris
49
*Après avoir rencontré Mabanckou à la B.L. j’avais très envie de lire le
livre car je l’avais trouvé plein d’humour : l’auteur autant que le héros
du livre « Fessologue » qui est une bonne représentation de son
auteur.
Fessologue après un dépit amoureux s’installe très souvent dans le bar
pour observer les clients, nouer des relations et écrire. Cela donne une
importante galerie de portraits peinte avec beaucoup de verve. Tous ces
personnages donnent une image de notre monde dans toutes ses
dimensions. Il y a quand même au bout d’un certain temps une
lassitude au niveau de la fesse, un peu répétitif !! Une écriture imagée
souvent intéressante. Quelques passages plus accrocheurs car ils
relèvent d’une réflexion plus « politique ».
Au bout du compte, j’ai été un peu déçue.
MABANCKOU,
Alain
Demain j’aurai vingt
ans
Gallimard, 2010,
383p. 21€
Congo
Michel, un gamin de 10 ans, évoque le Congo-Brazzaville des
années 70 gouverné par le président Marien Ngouabi, chef
charismatique marxiste. Il raconte son enfance entre ses deux
mamans Pauline et Martine, la deuxième femme de son père.
Apprentissage de la vie, amitié et amour parcourent le récit.
Mais Michel livre aussi au lecteur des nouvelles du monde de
cette époque qu’il entendait de la radio, de son père adoptif ou
de son tonton René adepte de Engels.
C’est avec toujours autant de verve et d’humour dans l’écriture,
qu’Alain Mabanckou livre des souvenirs de son enfance.
MABANCKOU,
Alain
L’Europe depuis
l’Afrique – ill. de
Christophe Mermin
Editions naïve, Livres
d’heure, 2010, 45p.8 €
Congo
Un texte court, dont le mot Europe nourrit l’imaginaire d’un
adolescent et d’autres gamins de Pointe Noire. Ce mot est aussi
alimenté par les rêves de son père pour qui l’Europe est « tout
ce qu’il y a derrière l’Océan… ».
*Dans cet essai, Alain Mabanckou parle de ce que fut le rêve de…
«… l’Europe comme une maîtresse tant convoitée… » ; il met face à
face cette Afrique et cette Europe qui ont tant de mal à se reconnaître,
dans leurs différences et dans ce qu’elles ont en commun. Il faut noter
le travail de Christophe Merlin qui illustre cet ouvrage en renforçant
le propos de l’auteur.
MACFOY Pierre
Samy –
L’Odyssée de
L’auteur nous livre un récit sur les premières heures du
colonialisme dans un village d’une région perdue de la
Centrafrique et ce jusqu’à la fin de la guerre 14-18. Le jeune chef
50
Mongou
Sepia, 2006, 198p.
6 €
Centrafrique
MAROUANE, Leïla
La jeune fille et la
mère
Seuil – 2005
177 p. – 15 €
Algérie
de la communauté en question, Mongou, conscient de la fin
irrévocable des temps anciens avec la venue des premiers
blancs, s’efforce à ce que le village et ses sujets puissent
accompagner au mieux les évolutions structurelles de la
nouvelle ère mystérieuse qui se profile. Tout au long du récit,
les actes de Mongou sont inspirés par le même refrain ou
devrions-nous dire la même rengaine : « Le destin est comme
l’air que l’on respire. On ne sait d’où il vient ni où il conduit.
Mais il faut le prendre comme il se présente. » Agent docile de
la colonisation, il fera part de sa dévolution totale pour sa
nouvelle patrie, la France, en partant, lui et ses administrés, en
Europe pour combattre les forces de l’axe pendant la première
guerre mondiale.
Bien que le jugement puisse paraître sévère, voici un roman de second
ordre qui laissera dubitatif le lecteur sur l’engagement de l’écrivain en
faveur du colonialisme. Le panégyrique en faveur de Mongou, docile
indigène, est étonnant. A propos du style, l’écriture est sans être
désagréable un peu trop linéaire. Le lecteur souffrira probablement de
l’absence d’aspérités.
Thème : le colonialisme vu par l’indigène.
La mère ne voulait pas être comme sa propre mère mais de
résistante, elle est devenue femme mariée, soumise à la tyrannie
de l’homme. La mère ne voulait pas que sa fille se marie mais
elle change d’avis et devient elle-même tyrannique. La fille s’en
sortira grâce à ses frères.
– L’histoire individuelle permet d’aborder l’histoire de la femme de
manière générale, l’histoire familiale, les relations entre les membres de
la famille, la mère et la fille en particulier.
Livre facile à lire, intéressant.
– Histoire très noire. Les relations mère-fille sont violentes. La mère
devient inhumaine envers sa fille. Celle-ci sera sauvée par ses frères.
Malgré la révolution les femmes algériennes restent « mineures »
– Une façon assez originale de parler du problème des filles et des
femmes. Même si par moment on a un peu de mal à adhérer du fait de
la cruauté de la mère envers sa fille pour la sauver, le livre reste malgré
tout un témoignage très prenant.
51
MAHAMAT ALY EL
HADJ ALY El-Hadj
Ahmat
L’écolier d’Abkar
Djombong : Tu seras
tchadien, mon fils
L’Harmattan, 2012 ,
82 p., 11 €
Tchad
MECHENTEL Leyla
Z Le papier, l’encre
et la braise
éditions du Rocher,
2011, 17 €
Tunisie/Algérie
Mahamat raconte son entrée dans le système scolaire des Blancs
grâce à l’ouverture d’esprit de son père, alors khalif du chef du
canton d’Abkar Djombong. Il y fait état de l’effritement
progressif des traditions de son clan et des difficultés premières
de maintenir les établissements scolaires et les effectifs avant de
centrer l’ouvrage sur son propre circuit estudiantin, personnel et
professionnel.
La première partie est intéressante. L’auteur y décrit une civilisation
en voie de disparition. Nous accédons alors à des connaissances qui
pourraient être enrichissantes s’il n’y avait pas ce manque de recul
critique qui semble échapper à l’auteur pour qui toute cette vie
traditionnelle n’était que paradis et harmonie parfaite entre les êtres.
Les difficultés rencontrées par les premiers élèves de l’école des Blancs
a ont aussi leur intérêt dans la narration mais on se surprend à
n’avoir aucun commentaire sur le contenu des cours. Etaient-ils donc
eux aussi en parfaite adéquation avec ce que pensaient apprendre les
élèves. Aucune surprise de ce côté là ?
La deuxième partie semble quant à elle un peu superflue ou survolée.
L’auteur passe d’un niveau à l’autre sans difficulté et nous assistons à
son ascencion vitesse grand V sans le suivre.
Leïla Marouane a repris ici son véritable nom pour ce nouveau
roman…
Sassiya et Djida, vivent toutes deux à Paris depuis des années.
Elles se sont rencontrées à Alger, dans les années 80. Ensemble
elles y ont vécu leurs années universitaires et partagé une amitié
particulièrement forte… chacune porte sa singularité.
Sassyia indépendante fréquente les réunions politiques et
féministes…
Djida plus réservée est venue faire se études à Alger avec la
promesse de retourner auprès de ses parents en Kabylie
Comment et pourquoi 20 ans plus tard leur situation et leur
parcours se sont-ils ainsi métamorphosés ?
Sous forme d’un dialogue théâtral, Leyla Z. Mechentel nous
livre le parcours de ces deux femmes, à travers leur situation,
leurs croyances et leur espoir.
L’auteur avec ses deux héroïnes nous parle de la situation de la femme
algérienne, de ses rêves, de ses espoirs, et désespoirs. L’immigration
52
MELLAL, Arezki
Maintenant ils
peuvent venir
Actes Sud – 2002
202 p. – 15,90€
Algérie
MIANO, Léonora
Contours du jour qui
vient
Plon – 2006
275 p. – 18€
Cameroun
[Bibliothèques]
MIANO, Léonora
Ces âmes chagrines
Plon, 2011, 286 p.
Cameroun
leur fera prendre conscience de la difficulté de s’intégrer ; mais est-il
également simple le retour au village quand les enfants ont vécu sur
d’autres terres…
Un roman fort qui fait que nous pourrons une fois encore porter un
regard autre sur la Femme, les Intégrismes, sur Ceux et Celles qui
partent et qui vivent auprès de nous.
Une mère possessive, toujours malade. C’est pour elle qu’il
épouse Yasmina, sans l’aimer vraiment. Plus tard, un amour
impossible, Zakia.
Un pays dans lequel tout bascule. Violence, haine, assassinats,
terreur. « Les intégristes se sont emparés de tous les espaces de
la vie publique ».
Sa vie reprend un sens avec la naissance de sa fille Safia. Il est
prêt à tout pour qu’elle échappe aux égorgeurs.
– Un livre fort qui livre, sans excès, l’histoire d’un homme, de sa
famille, de son pays, à l’époque de l’intégrisme qui tue et terrorise,
dans une écriture rigoureuse et belle.
C’est l’histoire de Musango, enfant d’un pays d’Afrique
Équatoriale le Mboasu (pays imaginaire) à l’heure actuelle. Elle
a 9 ans, est victime des violences de sa mère qui ne la supporte
plus depuis que son père est mort. Chassée de chez elle, elle erre
dans les bas quartiers de la ville, témoin et victime de sévices
dans ce pays livré à la violence et à l’anarchie. C’est son
parcours au milieu des voyous, des églises tout aussi délirantes
et malfaisantes pour retrouver ses racines et sa mère trois ans
plus tard.
– C’est très bien écrit et très prenant. J’ai beaucoup aimé la description
(1 ère partie) des problèmes familiaux, des violences de la ville et de ce
que font les gens pour survivre. J’ai trouvé un peu longues les
descriptions religieuses, les monologues intérieurs de Musango et ses
états d’âme vis-à-vis de sa mère.
Antoine aime vivre au crochet des autres leur soutirant argent et
biens matériels. Toutes ses relations se construisent autour de la
domination dans l’espoir d’atteindre le détachement affectif
total, tout comme il cherche, de façon visuelle, à s’écarter de ses
racines africaines en se décolorant les cheveux par exemple.
Mais toutes ses certitudes semblent s’effriter progressivement
jusqu’au jour où Maxime, son aîné, le contraint à revenir au
53
MIANO, Léonora
Tels des astres éteints
Plon – 2008
405 p. – 20€
Cameroun
[Bibliothèques]
Mboasu à la demande de sa mère tant haïe, Thamar. De retour
sur les terres de son origine, il réapprend l’amour, l’amour de
soi et d’autrui en dénouant un à un les secrets et chagrins
enfouis de sa famille.
A travers le portrait d’un homme déchiré par le manque d’amour,
Léonora Miano nous fait accéder à des destinées détruites qui tentent
tant bien que mal de se raccrocher les unes aux autres. La fragilité de
chaque personnage les rend authentiques et attachants. On suit avec
une réelle tendresse leurs cheminements au coeur d’un Mboasu décrit
avec délicatesse et de la compréhension de leur déracinement
Parcours entrecroisés de 3 jeunes noirs vivant dans une grande
ville du Nord. Les 2 hommes viennent d’Afrique, la femme est
née en Guyane. On nous présente longuement d’où ils
viennent, ce qu’ils font et leur positionnement par rapport aux
théories triomphantes de la race noire largement développées
elles aussi.
– J’ai souvent trouvé ce livre ennuyeux et un peu prétentieux au
début. Les héros sont assez attachants mais ils sont très typés par
rapport aux théories pour que cela me soit apparu laborieux. Discours
original toutefois.
– La partie du livre consacrée à la revendication kémite (liée à l’Égypte
antique) m’a parue bien longue. Les personnages, qui expriment
chacun leur attachement différent au continent noir, sont intéressants
et attachants et c’est un des côtés séduisants de ce roman ; mais par
ailleurs la volonté de l’auteur de concentrer (trop ?) des
problématiques vécues au Nord par les femmes et hommes noirs a
tendance à nuire au propos par « overdose ». Une belle écriture, avec
des références musicales.
54
MIANO Léonora
Afropean Soul et
autres nouvelles
Petites histoires
rapportées
Flammarion, 2008
3.70€
Cameroun
MONENEMBO,
Tierno
L’aîné des orphelins
Seuil – Points – 2000
156 p. – 5,70 €
Guinée
MONENEMBO,
Tierno
Le terroriste noir
Seuil, 2012, 225p. , 17
Cinq nouvelles : « depuis la première heure » / fabrique de nos
âmes insurgées/ filles du bord de ligne/ Afropéan soul/ 166, rue
de C/ »
Entre Afrique et Europe :.ces 5 nouvelles traitent de la difficulté
de trouver une identité et d’exister dans le mélange de deux
cultures, de deux conceptions du monde. ; et cela dans un pays
–la France- où l’exclusion n’est pas un vain mot.
Ces 5 nouvelles sont précédées d’une présentation de l’auteure
et de l’ensemble des nouvelles (p 5 à 24) et suivies d’un dossier
comprenant questions, compléments documentaires, et extraits
d’ oeuvres (p.85 à 121)
Ensemble bien construit en vue de son utilisation par des lycéens :
questions posées/sujets abordés : les compléments informatifs et
explicatifs sont adaptés . Les nouvelles sont bien menées : les
situations choisies sont pertinentes et l’expression vive et puissante.
Ensemble agréable et utile à lire…
Faustin Nsenghimana, 15 ans, raconte depuis sa prison où il va
être condamné à mort cinq années de sa vie. Hutu par son père,
Tutsi par sa mère, il échappe au massacre où ses parents sont
tués. Il raconte ses souvenirs dans le désordre témoignant ainsi
de ce qu’ont été les évènements et les traces ou plutôt les
blessures qu’ils ont laissées sur les survivants. A la fois cynique
et désespéré Faustin livre un récit très dur, parfois insoutenable
et pourtant plein de vie.
– On ouvre ce récit pour essayer de comprendre ce qui c’est passé au
Rwanda. Mais la folie meurtrière a-t-elle une explication ? Récit
poignant qui a l’intérêt de montrer comment se présente « après » la
vie de ces jeunes enfants laissés à l’abandon. On voit aussi comment
réagissent journalistes et ONG. On est révolté par l’injustice de cette
condamnation à mort de Faustin pour un meurtre qui semble « peu »
au regard d’un génocide institutionnalisé.
Dès les premières pages du roman, le lecteur est emporté par le
rythme du récit, se demandant toujours comment va évoluer la
vie d’Addi Bâ.
Va et vient permanent entre le temps de l’action exprimé dans
55
Guinée
les dialogues et celui de la narration pour fixer la mémoire,
faire revivre une page de notre histoire et surtout mettre en
lumière le rôle joué par ceux que l’on appelle les « tirailleurs
sénégalais » – 60 000 envoyés en France, dont près de la moitié
furent faits prisonniers.
Un coup de coeur mériterait ce roman qui nous surprend à la fois par
l’écriture utilisant à certains moments le patois local (signe
d’intégration !) et l’humour dont ne manque pas « le nègre » ou
« monsieur » selon la manière dont on le nomme !
Belle fresque historique sur ce que fut la période : histoire d’un village,
rivalités des familles, conditions de vie, organisation de la résistance,
rapports avec Londres, coutumes africaines etc.… A ne pas manquer !
MONENEMBO
Tierno
Le roi de Kahel
Seuil, 2010,
262 p., 19 €
Prix Renaudot 2008
Guinée
Aimé Olivier personnage qui a réellement existé (1840-1919),
vicomte de Sanderval est issu de la bourgeoisie industrielle
lyonnaise, à la fois homme politique, ingénieur explorateur et
écrivain…. Son désir de partir vers l’Afrique lui viendra d’un
oncle qui pendant son enfance fait de nombreux récits sur ce
continent lors de ces retours en France. Oliver de Sanderval
nourrira ce désir jusqu’à l’âge adulte, s’embarquera en 1880
pour le Fouta-Djalon. Au cours de ces cinq voyages, les
obstacles n’empêcheront pas cet explorateur de maintenir le
désir de s’installer dans le royaume des Peuls, au Fouta-Djalon,
massif montagneux situé au centre de l’actuelle Guinée. Son
ambition prendre possession de et accessoirement pour la
France qui occupe déjà le Sénégal.
* Un roman d’aventures riche en péripéties. Une Afrique où on meurt
de malaria, mordu par les serpents, empoisonné, ou d’intrigues
politiques. Tierno Monémembo nous parle d’une Afrique avec laquelle
il n’est pas tendre : ancêtres manipulateurs, comploteurs, maîtres du
double langage. Il dépeint aussi les cabinets parisiens dans lesquels les
intrigues s’élaborent pour mettre à l’écart le peuple peul.
Le destin d’Oliver de Sanderval nous emmène dans cette Afrique qui
voit le déclin des pouvoirs traditionnels au profit des conquêtes
56
coloniales.
*Un voyage passionnant, palpitant dans une région d’Afrique de la
fin du XIXème et début du XXème.
– Il s’agit de la biographie romancée d’un personnage excentrique,
précurseur de la colonisatin de l’Afrique de l’Ouest. Une riche
découverte du milieu des chefs peuls de cette époque et un héros
attachant. Le roman est plutôt classique dans sa forme.
MUJAWAYO Esther
BELHADDAD Souâd
Survivantes
Edition de l’Aube,
2004
Rwanda
MUKASONGA,
Scholastique
Inyenzi ou les
cafards
Gallimard
Continents noirs
2006
163 p. – 13,50 €
Rwanda
Rwandaise, tutsi Esther MUJAWAYO a raconté l’enfer de 94 au
Rwanda. Souâd BELLHDAD l’a écoutée et à écrit.
Il s’agit donc d’un témoignage sur ce qu’a été le génocide mais
aussi l’avant et l’après.
Une interrogation permanente suit le récit : comment est-ce
encore possible après la Shoah de reproduire de telles
horreurs ?
Ayant échappé au massacre avec ses trois filles, elle nous livre
son combat pour témoigner au nom des morts et des rescapés
qui ne peuvent parler et dans l’espoir du « plus jamais ça ».
On se sent vraiment tout petit devant la force et le courage d’Esther
MUJAWAYO. Le parti pris de Souâd Belhadad de rester au plus près
de la parole de l’auteur donne au lecteur l’impression de suivre
vraiment le ressenti et la pensée de celle-ci et donne encore plus de
force au récit. Comme dans tous les récits sur le Rwanda, même si
l’envie nous en prenait, il serait lâche de ne pas aller au bout de la
lecture par respect pour les victimes.
Récit autobiographique. L’auteur n’était pas au Rwanda en 94
lors des évènements. Mais au travers de l’histoire de toute sa
famille, elle en retrace le fil depuis 1960 : c’est ce qui fait
l’originalité de ce récit par rapport aux autres titres sur le même
thème.
Témoignage très fort, à la lecture parfois insoutenable, mais il faut
bien savoir !
– A travers ce témoignage, on voit bien la progression dans le mauvais
sort réservé aux Tutsis : pogroms, puis déportations et enfin les
massacres même avant 94. L’auteur montre bien aussi tous les efforts
pour survivre dans une nature hostile où les Tutsis devaient tout
recréer à chaque déportation.
57
MUKASONGA,
Scholastique
La femme aux pieds
nus
Gallimard – 2008
Continents Noirs
143 p. – 13,90€
Rwanda
Une réflexion peut être engagée sur le rôle du «colonisateur » avant
l’indépendance : il a attisé la haine entre les deux ethnies ; les Tutsis
étant plus grands, avec une peau plus claire, ont été jugés
« supérieurs » aux Hutus et ont occupé des postes importants dans
l’administration coloniale.
Scholastique n’a pu recouvrir le corps de sa mère morte, d’un
tissu comme elle le lui demandait quand elle était enfant. Elle
rend un hommage à sa mère assassinée par les Hutus en 1994 en
racontant la vie quotidienne à Nyamata où la famille avait été
déplacée. On parle de cultures, de coutumes, de morale, de
plantes, de cuisine… mais aussi de précautions à prendre en cas
d’attaque.
– J’ai bien aimé ce livre car il nous parle du Rwanda d’une façon
différente de ce qu’on a lu ces dernières années sans effacer la situation
dramatique de ce que vivent ces populations.
Très prenant, bien écrit.
– Excellent livre, très bien écrit et très émouvant. La vie quotidienne
dans sa simplicité et sa complexité. On est plongés avec bonheur dans
une autre culture.
MUKASONGA
Scholastique
L’Iguifou
Nouvelles
rwandaises
Gallimard,
Continents Noirs,
2010, 122 p., 13.50 €
Rwanda
Chaque phrase, chaque mot composant les cinq nouvelles de ce
recueil, L’Iguifou, nouvelles rwandaises, empoigne notre coeur aux
battements saccadés par l’angoisse, amène un trop plein de sang
qui fait bourdonner nos oreilles de plaintes venant d’un petit
pays, le Rwanda, où le peuple tutsi est massacré. Rien de plus
logique, pied de nez fait aux assassins, qu’une rescapée à la
plume faite de retenue et de sobriété poétique, écrive ce qu’elle
a vécu lors de ces années d’apocalypse. Y sont évoqués
« l’iguifou », cette faim atroce qui se fait compagne de malheur
des Tutsis enfermés dans des camps, le deuil impossible, la
recherche des victimes, les souvenirs d’une culture inimaginable
sans la vache et bien d’autres pensées douloureuses.
Un témoignage prenant centré sur les victimes tant assassinées que
vivantes dans un style sobre ; une apparente simplicité stylistique
comme pour insister sur le dénuement de l’auteur dont presque toute
la famille a été massacrée. Un livre essentiel.
Thème : le génocide rwandais.
58
MUKASONGA
Scholastique
Notre dame du Nil
Gallimard,
Continents noirs
2012, 225p.,
17.90euros
Rwanda
Prix RENAUDOT
2012
Virginia et Véronica, deux élèves de terminale du Lycée Notre
Dame du Nil, font partie du quota de 10% réservé aux tutsi dans
ce lycée.
Gloriosa, est également élève de terminale, fille de militaire,
militante pour le maintien en place des Hutus.
C’est dans ce huis clos que représente ce lycée privé, situé à
2500m d’altitude, loin de tout, que sont élevées les filles pour
devenir l’élite féminine de la nation..
Quelques personnages annexes fort intéressants : l’étrange
Monsieur de Fontenaille, un blanc, planteur de café qui
souhaite faire retrouver aux tutsis leur origine. Ils voient en
Virginia et Véronica les descendantes de la déesse Isis pour
laquelle il a construit un temple dans sa propriété ; la mère
supérieure qui saura s’effacer pour ne pas prendre parti dans la
tension qui monte, tout comme le père Herménégilde,
l’aumônier du lycée.
A travers la vie de ce lycée, le lecteur découvre à la fois les
traditions, mais aussi tout ce qui va alimenter subrepticement la
haine de l’autre.
Une fois de plus j’ai aimé un roman de Mukasonga. J’aime sa façon de
nous parler de son pays d’origine avec beaucoup de délicatesse et de
subtilité. Le thème est grave puisqu’il s’agit de la montée en puissance
de la haine qui va aboutir au drame rwandais de 94. Mais malgré cela,
elle sait manier de temps à autre l’humour pour permettre au lecteur
de respirer. Et à partir de ce thème central, elle nous parle du quotidien
de ce pays. Nombreux sont les sujets abordés : la pluie, la sorcellerie,
l’imaginaire des blancs quant aux origines des tutsis, la sexualité, les
mariages mixtes etc… Vraiment intéressant
N’DIAYE Tidiane
Le génocide voilé
Gallimard,
Continents noirs,
2008, 240p., 21.50€
Sénégal
Le livre montre un sujet mal connu et peut être tabou : la traite
des peuples d’Afrique par les envahisseurs arabo musulmans.
Cette page tragique de l’histoire de l’Afrique a commencé dès le
VII ème siècle et dure encore (Darfour). L’auteur illustre la thèse
par des textes d’auteurs et de poètes arabes ou d’explorateurs
occidentaux et montre divers épisodes historiques.
L’auteur est anthropologue, sénégalais et musulman. Cette thèse est
sans doute un brûlot car rarement défendue et souvent contredite.
C’est bien argumenté et facile à lire.
59
NDIONE, Abasse
Mbeke Mi,
A l’assaut des
vagues de
l’Atlantique
Gallimard,
2008, 83p. 11€
Sénégal
Les pêcheurs n’arrivent plus à vivre de leur pêche mais ils
possèdent une pirogue. De nombreux jeunes sénégalais (parfois
aidés de leurs parents) veulent émigrer en Europe, ils sont prêts
à payer pour arriver jusqu’aux Canaries.
Le livre raconte l’un de ces « voyages » avec 40 passagers à
bord.
*Le livre est très descriptif du voyage, de sa préparation à l’épisode
final. Les personnages apparaissent secondaires, il n’y a pas de héros
auquel s’attacher malgré les événements dramatiques (et prévisibles).
J’ai été un peu déçue, je trouve l’écriture trop plate, il n’y a rien
d’inattendu.
*Récit très court, sans recherche d’écriture, raconté de façon
descriptive et plutôt documentaire, très à plat. Volonté peut être d’une
certaine forme d’objectivité pour ne pas susciter émotion et
apitoiement.
Le mérite est de montrer comment cela se passe. Les passeurs ici ne
sont pas des escrocs mais se présentent comme au service d’une bonne
cause. On ne sait rien de l’arrivée et de l’après mais peut-être est-ce
volontaire.
*C’est vrai que lorsqu’on a lu Eldorado de Laurent Gaudé, on reste un
peu sur sa faim car malgré deux morts tout est un peu « soft ».
60
NDIONE, Abasse
Ramata
Gallimard, 2000,
449p.
Sénégal
NGANANG Patrice et
autres
Nouvelles du
Cameroun
Magellan et
Cie/Courrier
International,
Ifrikiya/Miniatures,
2011, 152 p.
C’est, en plusieurs parties, la vie de Ramata dans le Sénégal des
années 1960 à 2000. Ramata est une très belle jeune femme
mariée à un homme riche et puissant mais c’est une peste.
Dans la 1ère partie, elle cause la mort d’un homme, ses amis
puissants camoufleront cette bavure en accident de la vie.
Dans la 2ème partie on la retrouve 20 ans après toujours belle,
riche et puissante et enfin comblée sexuellement par un homme
qui l’a violée, qu’elle va « s’acheter » mais qui la mènera à la
déchéance, à la folie et au malheur de ceux qui l’ont côtoyée.
J’ai cru au départ que ce serait un policier, il y avait crime et arnaque,
le livre avait un certain rythme mais on reste sur Ramata et l’histoire
de ses problèmes. Le rythme se perd : il y a des digressions que j’ai
trouvées un peu longues sur des peuplades, leur histoire, la
colonisation, il y a des retours en arrière sur la vie des personnages,
censés expliquer leur destinée, des retours dans les retours…
J’ai eu un peu de mal.
Toutes ces nouvelles nous font vivre la vie quotidienne, les
dangers qui guettent la population en brousse (P.Nganang : «
Les rêveries du bûcheron solitaire ») , les difficultés à combattre
le poids des croyances, des traditions dans un village isolé
(F.Nkémé : « La tragédie du chef »), ou, en ville, les
conséquences tragiques auxquelles peuvent aboutir ces
croyances, ainsi que le poids, au quotidien, de la corruption
instituée et des lourdeurs administratives (G.Obinong : « Le
trajet ») ; E.E.Bvouma : « Ave Maria »).
Peter W.Vakunta (« Un mariage de convenance ») nous montre
les humiliations subies par un jeune diplômé qui vient chercher
du travail à la capitale, tandis que Dipita Kwa (« Le fugitif »)
s’attache à la révolte d’un jeune garçon contre son père
alcoolique qui brutalise et vole sa mère.
6 nouvelles à découvrir, d’un style simple et accessible, qui relatent
sans fioriture ni pathos les difficultés de la vie quotidienne, avec des
fins souvent tragiques.
Ces nouvelles m’ont intéressée par leur diversité. De plus je trouve que
la plupart ont une vraie chute ! Malgré des fins souvent tragiques une
lecture agréable.
61
NGANANG, Patrice
L’invention du Beau
Regard
Gallimard – 2005
Continents Noirs
195 p. – 15,50 €
Cameroun
1er conte : Le commissaire Eloundou part à la retraite le
lendemain ; on prépare une grande fête. Il reçoit un mot
anonyme le menaçant et part à la recherche de son auteur. Ses
basses manoeuvres passées reviennent au grand jour et
l’entraînent dans une course folle.
2ème conte : Taba et sa famille vivent misérablement. Touchant la
tontine, il achète une truie et se met à rêver de richesse. Mais
avec « ce nouvel enfant », tous les malheurs s’abattent sur sa
famille.
– Contes cruels et ironiques sur le Cameroun d’aujourd’hui.
L’auteur a beaucoup d’imagination, la description de la lutte
pour la survie est très réaliste, très fleurie mais désespérante. Il
n’y a pas beaucoup d’espoir, comme au Cameroun ? On rit des
excès mais c’est très sombre.
NGANANG, Patrice
Mont Plaisant
Philippe Rey, 2012,
507 p.,
Cameroun
Njoya, dernier sultan bamoum, est au centre de cette histoire
: autour de lui gravitent des personnages hauts en couleur tels
que : Sara, son « ombre », à l’identité trouble ; Bertha, la
matrone, l’éducatrice de ses futures épouses ; Nebu, fils de
Bertha, l’Artiste de la résidence de l’exil royal ; et enfin des
personnages plus politiques comme Charles Atangana, chef
supérieur des Ewondo, flambeur et prêt à toutes les
compromissions ainsi que Joseph Ngono, « agitateur politique »
malheureux. Ce livre est comme un puzzle où les pièces nous
sont livrées au fur et à mesure du récit avec parcimonie, ce qui
entretient le suspense et titille la curiosité. Progressivement,
nous comprenons les imbrications de ces histoires individuelles
qui finissent par former une grande fresque historique, celle du
Cameroun de la première moitié du XXème siècle, ou plus
exactement, de la chute du sultanat. De ce qui ressemble
initialement à un grand bazar certes flamboyant mais qui peut
tourner la tête, surgissent la cohérence et simultanément la
complexité de l’évolution historique et politique du pays.
Il s’agit aussi d’une belle réflexion sur l’art et l’écriture.
62
L’écriture est magnifique : flamboyante, luxuriante même, et pourtant,
toujours accessible, malgré le nombre de personnages dont on ne
perçoit pas immédiatement les liens qui les unit et la complexité des
changements incessants d’époque et de lieu.
L’artifice narratif utilisé en première partie finit par lasser, alourdit le
récit et surtout ne présente pas d’intérêt ; l’auteur a en effet recours à
un prétexte pour raconter son histoire: l’enquête de Berta, (historienne,
journaliste ?), Camerounaise exilée qui revient au pays pour
reconstituer l’histoire de Mont Plaisant en interrogeant Sara.
Heureusement, au moment où on pourrait être tenté de lâcher la suite,
cette Berta (sans h) devient plus discrète et le récit, qui n’est alors plus
encombré de ce personnage inutile, devient plus clair, plus léger, plus
fluide, plus libre et du coup plus captivant : on peut se laisser happer
par les volutes de l’histoire sans un retour à la « réalité » de cette soitdisant
enquête. Car ce roman est d’une certaine manière un conte, où
l’imaginaire et le symbolique prennent toute leur place, celle de nous
envoûter, de nous faire rêver et de nous emmener, tel un tapis volant,
vers un monde disparu, mais tellement vivant qu’on pourrait s’y
croire…
NGOYE Achille F..
Agence Black
Bafousa,
Gallimard, 1996
Série Noire, 262p.
Congo Kinshasa
Danga, réfugié politique, habite dans une cité de la banlieue
parisienne ; il attend son ami Jim, organisateur de spectacles à
l’agence Black Bafoussa. Il est abattu, Jim est arrêté puis relâché.
La police enquête mais tout est très compliqué dans les milieux
africains de Paris : argent sale, politique, sexe, drogue … il
faudra beaucoup de ténacité aux inspecteurs pour résoudre les
différentes affaires.
*C’est un polar classique, rebondissements et meurtres en cascade qui
se passe à Paris mais les personnages, les endroits qu’ils fréquentent et
leurs activités sont liés à l’Afrique et à ses démons. Un seul bémol sur
la forme, l’argot utilisé abondamment par l’auteur, me semble un peu
plaqué et manque de naturel dans l’écriture.
* Même avis, j’ajouterais que je trouve l’ensemble assez confus,
scénario et écriture.
63
NIANGOUNA,
Dieudonné
Les inepties volantes
Les solitaires
intempestifs, 2010,96
p., 13 €
Congo
Les deux textes se présentent comme des monologues. Les
Inepties volantes retracent l’horreur de la guerre civile du
Congo-Brazzaville de 1997. L’homme qui parle laisse affluer les
souvenirs liés à cette tragédie et remonter les ambiances
oppressantes. Il nous conduit, nous lecteur ou spectateur, au
coeur de la guerre.
Dans Attitude clando, le détenu s’adresse à son médecin et lui
raconte son histoire où la succession de soi-disant mauvais
arrangements ou malentendus l’ont mené ici.
L’écriture de Niangouna est à l’image du contenu de ses textes :
essouflante, oppressante, asphyxiante. La forme du monologue
implique directement le lecteur qui devient le seul destinataire de ces
deux récits poignants et l’auteur, malgré une présentation aérée des
textes en courts passages, ne ménage aucun temps de respiration où
reposer son esprit. Nous sommes pris dans le même engrenage que les
deux hommes.
NIMROD
L’Or des rivières
Actes Sud, 2010,
125p. , 13 €
Tchad
N’SONDE, Wilfried
Le Coeur des enfants
léopards
Actes Sud – 2007
132 p. – 15 €
Congo
Comme chaque année, Nimrod exilé en France retourne au
Tchad. Au cours de ce voyage, à la demande de sa mère, celui-ci
fils unique devra s’occuper de la tombe de son père… pasteur
protestant qui a dû exercer un deuxième métier, celui de
pêcheur pour subvenir aux besoins de sa famille…
De tableaux en tableaux Nimrod nous offre les rares moments
partagés, avec ce père trop absent… celui qui détenait le Livre…, et
avec cette mère simple, retenue mais fortement présente.
L’écriture poétique de Nimrod éclaire cette relation triangulaire et fait
de nous des spectateurs discrets.
Incarcéré, un jeune congolais d’une cité parisienne revient sur
lui-même, sur « les éclats de sa vie », Mireille, la parole décalée
mais guidant de l’ancêtre de là-bas, le quartier, le voisinage aux
multiples facettes : il ouvre son « coeur de léopard ». (Le texte
de 4e de couverture constitue un bon résumé)
-…très fort : une capacité à évoquer l’amour, la violence, l’humanité
déchirée. Beaucoup d’images puissantes, saisissantes, émouvantes,
belles.
– A partir d’une situation désespérée et des personnages dont on
64
N’SONDE, Wilfried
Fleur de béton
Actes Sud, 2012, 222
p., 18 €
Congo
OUSMANE,
Sembene Xala
Présence africaine
1995 – Sénégal
OYONO, Ferdinand
Une vie de boy
Pocket – 2006 (1970)
185 p. – 4,60 €
Cameroun
RADOADY
RALALAROSY, René
Zovy – 1947
Au coeur de
comprend rapidement qu’ils n’ont plus d’issue, W N’Sondé arrive à
construire un récit poétique, fort et simple, humain.
La jeunesse de la cité des 6000 se retrouve régulièrement dans la
discothèque improvisée dans le sous-sol d’un immeuble. Rosa
Maria y fuit l’atmosphère familiale mais surtout elle admire
Jason l’un des meilleurs danseurs de la cité.
Une écriture réaliste pour décrire la vie quotidienne de cette cité
(racisme, violence, désespoir…). W. N’Sondé a su rendre les
personnages de ce roman attachants parce qu’ils sont tous
profondément humains malgré leur carcan, adolescentes, prostituée,
policiers, délinquants.
Un notable africain se retrouve impuissant le soir de son 3e
mariage. Il a le Xala. La famille, les amis, la société le rejettent et
le ruinent ; il doit payer cher une faute ancienne.
– Étude d’une société traditionnelle où argent et pouvoir gangrènent
les traditions. La violence est très grande.
Témoignage sur la vie d’un boy au temps de la colonisation.
Trundi, battu très souvent par son père, se réfugie chez un père
blanc qui lui apprend à lire, écrire et dire la messe. A la mort du
père Gilbert, Toundi devient le boy d’un commandant blanc et
son « souffre-douleur ». Il est aussi le témoin de l’adultère de la
femme du commandant, ce que ce dernier ne le lui pardonnera
pas.
– Témoignage intéressant sur la vie des « noirs » à l’époque et sur la
toute puissance des « blancs ». Peut permettre de se poser la question :
la colonisation a-t-elle été globalement positive ?
– Roman très vivant et très bien écrit. Très classique en même temps
C’est une fiction qui fait partager la vie de plusieurs personnes
d’origine diverses engagées volontairement pour certains,
mêlés involontairement pour d’autres, dans cette page
d’histoire sanglante de la révolte de 1947 à Madagascar alors
65
l’insurrection
malgache
Sepia, coédition
Tsipika 2008
218 p.- 8 €
Madagascar
RAHARIMANANA
Jean-Luc
Les cauchemars du
Gecko
Vents d’Ailleurs,
2011, 11p., 15€
RAHARIMANANA,
Jean Luc
Lucarne – 2005
Le Serpent à Plumes
136 p. – 5,70 €
Madagascar
colonie française.
– Le fait que ce soit une fiction permet à l’auteur de faire se côtoyer des
personnages très typés (le colon, l’ancien combattant malgache, le
paysan de la côte, le citadin..) et de pouvoir faire énoncer différentes
théories souvent controversées de cette tragique période de l’histoire
malgache. Une originalité, l’auteur est un ancien militaire.
12 récits entre contes et réalité où se mêlent violence, sexe, mort, viol,
folie, passions.
– Une réalité dure, sans concession. Un style incisif, d’une poésie
crue.
Il ne s’agit ni d’un roman ni d’un essai mais d’une suite de
fragments très souvent poétiques, traduisant un regard du sud
sur le nord, de l’orient sur l’occident.
Dénonciation des violences subies au fil du temps, de la
barbarie d’où qu’elle provienne, des systèmes de gouvernement
qui se voudraient un modèle !!!
J’ai vraiment beaucoup aimé la lecture de ce texte à la fois très fort (je
pense aux passages sur le Rwanda), la violence des dénonciations qui
vont plus loin que la critique de l’occident et du blanc en général ; le
tout dans une écriture incroyable et qui peut être très souvent
poétique.
A lire absolument
C’est histoire de Zâ. Il est fou, fou de douleur dans une société
absurde et cruelle. Sa seule force est le détournement du
langage et le rire de tout. C’est l’enfer. ; il y a des scènes
d’horreur mais l’écriture est inventée, réinventée avec des
passages poétiques comme toujours chez JLR.
Il y a des passages très politiques, on parle d’histoire,
d’esclavage, de tradition, des ancêtres, de la mort. Il faut
attendre 90 pages pour avoir une partie d’histoire (un peu folle
aussi) avec des personnages qui racontent le pays. Puis le délire
reprend avec des trouvailles étonnantes et des passages
66
RAHARIMANANA,
Jean-Luc

Philippe Rey -2008
295 p. – 19 €
RAHARIMANANA,
Jean-Luc
Nour, 1947
Le serpent à
énigmatiques. La cruauté est justifiée par la réalité du monde.
Thème récurrent chez l’auteur.
Spectateur et victime de toutes les violences et de toutes les
corruptions, Za devient jusqu’à l’absurde une loque brisée par
la souffrance dans une société en décomposition. Il rencontre
des êtres monstrueux : les « Rien que tête », les « Rien que
chair », les Immolards, nervis du tyran Dollaromane. La nuit,
point de repos : c’est la lutte implacable avec « l’Anze »
revanchard. Une lente et longue descente aux enfers, jusqu’à
l’épuisement des mots (maux ?)
– J’ai trouvé cela dur à lire, trop foisonnant, trop de brutalités. J’ai ri à
certaines trouvailles de langue et été émerveillée par certains passages.
– Si je n’avais pas écouté la lecture de quelques extraits et su qu’il
fallait dépasser les soixante dix premières pages, je crois que j’aurais
abandonné rapidement ma lecture. Finalement, prévenue, je me suis
installée dans une lecture intérieure oralisée, me jouant du zozotement
que nous impose l’auteur.
Il faut accepter de se laisser chambouler dans tous les sens comme la
boule aux résultats du loto. C’est dur, c’est cruel comme le monde
dans lequel, on se demande, arrive à survivre JLR. Mais il faut dire
que la poésie qui émane du texte à certains moments nous donne envie
de poursuivre la lecture. Le texte aurait gagné en force s’il avait été
plus court. On se demande ce qu’ensuite l’auteur pourra écrire.
– Lecture aussi usante que fascinante. Écriture aussi déroutante
qu’envoûtante. Force des images, la puissance de ses évocations,
originalité du point de vue (schizophrénie) et de la syntaxe mise en
oeuvre (télescopage entre je et il, zézaiement.. ;). J’ai envie de relire ce
texte qui résiste et recèle de grandes richesses poétiques, et en même
temps un réel questionnement sur la langue (« Ma langue à Za est à
reconstruire ») sur l’identité et sur l’état de nos sociétés. Très grande
originalité et force ; A lire.
Récit sur l’histoire de Madagascar, son peuplement, la
colonisation, la révolte de 1947 et la répression sanglante qui a
suivi. Plusieurs voix en parallèles, celle du récitant, de Nour qui
est morte, de son frère Benja qui a fait la guerre de 39/45.. ; il y a
plusieurs histoires : celle du père de Nour, celles de révoltés…
avec comme des flashs, des lettres de missionnaires des siècles
67
Plumes – 2003
260 p. – 7,50 €
[Lyc. J. Monnet]
Madagascar
RAHARIMANANA
Jean Luc (texte) et
MEN Pierrot (Photos)
Portraits d’insurgés
Madagascar 1947
M Editions vents
d’aillleurs/Ici et
ailleurs, 2012, 61 p.,
20 €
Madagascar
RAKOTOSON,
Michèle
Juillet au pays
Chronique d’un
retour à Madagascar
passés et des incantations autour de la mort.
– Ce livre n’a rien d’une aimable promenade exotique.
C’est un livre très riche sur les origines du pays, les différentes
influences qui se sont exercées sur les habitants et sur les violences
dont ils ont été victimes. Nour ( la lumière) est le symbole de la révolte
mais elle n’est qu’un maillon de l’histoire du peuple.
L’écriture est très poétique mais c’est un livre difficile, les scènes de
violence sont parfois insoutenables. Il y a des pages magnifiques sur la
révolte ratée, sur la mission civilisatrice de l’église et les doutes des
missionnaires. Tout ce qui est dit est très important dans l’inconscient
malgache : l’esclavage, l’église, le fatalisme, le rapport à la mort…
Livre qui fait suite à l’exposition à Avignon en 2009 :
« 47 Portraits d’insurgés »
31 portraits en noir et blanc, parfois en pleine page sur couleur
rouge sang, d’hommes et de quelques femmes très âgés, ultimes
survivants des massacres perpétrés lors de la répression par les
occupants français et leurs troupes coloniales lors du
soulèvement de 1947 sur l’île avec des photos de moments de
commémorations et d’espaces immenses de fosses communes.
Visages burinés, dont l’expression, les regards disent le
mutisme, le silence et la souffrance qui les empoignent toujours
aussi fort 60 ans plus tard et qui laissent percer « ces voix qui se
sont perdues »…si on veut bien les écouter !Avoir en mémoire
que ces massacres sont commis par des troupes françaises deux
ans à peine après la fin de la deuxième guerre mondiale !
Textes poétiques, passionnés, terribles. Témoignages en vis à vis qui
tentent de traverser ces décennies de drames recueillis de la bouche des
derniers survivants.
Exilée en France depuis vingt ans, Michèle Rakotoson retourne
dans son pays pour « comprendre, connaître et renaître ». Ce
voyage nous permet de la suivre tout au long de son périple et
de découvrir à la fois des paysages, la vie quotidienne, l’histoire
et les traditions malgaches ; il est aussi pour l’auteur un voyage
68
Elytis – 2007
203 p. – 20 €
Madagascar
RAKOTOSON,
Michèle
Le bain des reliques
Ed. Karthala
Coll. Lettres du sud
Epuisé
RAKOTOSON,
Michèle
Elle au printemps
Sepia- 1996
Madagascar – Épuisé
RAKOTOSON,
Michèle
Lalana
L’Aube – Épuisé
[Bibli]
intérieur en quête de son passé et son identité.
– J’ai beaucoup aimé ce livre car je trouve qu’il permet de mieux
comprendre ce que représente l’exil pour ceux qui le vivent. Le texte
est très vivant et les descriptions sont superbes. Les passages en langue
malgache apportent à la musique du livre et sans eux elle n’aurait pu
faire ce voyage intérieur.
Ranja accepte la proposition du prince Kandreho d’aller filmer la
cérémonie du bain des reliques royales. Ranja, l’homme des hauts
plateaux, découvre dans le moyen Ouest un peuple qui avait été grand
mais qui vit maintenant dans la misère. Porteurs de reliques, zébus
sacrifiés, chants et danses des femmes autour des possédées, rencontre
de Ranja avec la femme interdite…
– L’histoire d’un homme et d’un pays au bout du désespoir. Une
construction symétrique, rigoureuse. Une écriture forte et sans
fioriture
Sahondra, jeune malgache voit enfin son rêve aboutir : partir en
France pour suivre des études. Malheureusement Marie, la
jeune française qui l’avait invitée ne sera pas à l’aéroport. C’est
avec la peur au ventre qu’elle retrouvera de la famille mais
rencontrera aussi tous les problèmes : carte de séjour etc…
– Un beau roman sur l’exil. Facile à lire.
– Roman décrivant la réalité de l’exil : les « illusions perdues ».
Naivo et Rivo ont la trentaine, ils ont été étudiants et galèrent à
Tananarive. Rivo a le sida, il va mourir et veut finir ses jours à la mer.
Après des descriptions très réalistes de leur vie à Tana, le livre raconte
le voyage des deux amis, par une route mythique de l’Île, leurs
rencontres, leurs cauchemars jusqu’à la fin annoncée.
– Ce livre écrit par une femme est un cri d’alarme sur le SIDA, un cri
de révolte contre la pauvreté et la misère à Madagascar mais avec une
grande tendresse pour l’Île et ses habitants. Après un début
69
sociologique avec des scènes très dures, on entre peu à peu dans un
domaine plus onirique, des histoires et des délires ponctués de refrains
en malgache. On en sort ému et révolté mais presque apaisé à l’issue
du voyage.
RALALAROSY René
Radoady
Zovy 1947 (Au coeur
de l’insurrection
malgache)
Sepia 2008, coédition
Tsipika, 218p. 8€
Madagascar
RANAIVOSON,
Dominique
Chroniques de
Madagascar
Sépia – 2006
170 p. – 6€
Madagascar
RUGHOONUNDUN,
Vinod
Daïnes et autres
chroniques de la mort
Naïves fictions – 2006
125 p. – 15€
Île Maurice
C’est une fiction qui fait partager la vie de plusieurs personnes
d’origine diverses engagées volontairement pour certains,
mêlés involontairement pour d’autres, dans cette page
d’histoire sanglante de la révolte de 1947 à Madagascar alors
colonie française.
Le fait que ce soit une fiction permet à l’auteur de faire se côtoyer des
personnages très typés (le colon, l’ancien combattant malgache, le
paysan de la côte, le citadin..) et de pouvoir faire énoncer différentes
théories souvent controversées de cette tragique période de l’histoire
malgache. Une originalité, l’auteur est un ancien militaire.
12 nouvelles pleines de tendresse et de poésie, inspirées de la
vie malgache. Chaque auteur est présenté.
Ces textes, pour la plupart inédits, brefs, incisifs, attendris,
drôles, parfois grinçants ou dramatiques, aideront le lecteur
francophone à rencontrer les bourgeois des collines, l’enfant des
rues, le pêcheur immigré, les villageois de la côte, les natifs des
forêts.
Ensemble de 11 nouvelles :
Kikolo, celui qui ne boit pas d’eau. Le miracle, ou comment
l’ivrogne invétéré acquiert le statut de saint homme.
D’Jamma, la femme illusion, habillée d’un mélange de 7
parfums. Groventre, l’ambulancier amoureux y laissera son âme.
L’Amante, penché sur sa page blanche, l’écrivain découvre une
présence nocturne qui le séduit et dont il ne peut plus se passer.
La lettre, la découverte d’une lettre met le narrateur sur la piste
70
RYAM, Thomté
Banlieues noires
Présence africaine
2007
171 p. – 9€
RD du Congo
d’un passé bien triste.
L’accident, « Ils étaient amants depuis près d’un an et demi… »
L’anniversaire, fin de vie.
L’enfant, « Le père lui fit part d’une fatigue inhabituelle… »
Le pigeon blanc, l’envoûtement.
La tisane, agonie et naissance.
Daïnes, nues, la nuit, elles se parent des cendres des morts.
Prémila, la protégée des dieux, « Un air absent planait sur les traits
fins de son visage… ».
– Bel ensemble de nouvelles : personnages, situations… Récits
fantastiques ancrés dans la réalité Mauricienne. Allusions
nombreuses aux croyances sur la mort et ce qui l’entoure. Ce sont des
nouvelles fortement imprégnées de contes. C’est beau et plein de
poésie. L’écriture est charpentée et puissante.
– Un ensemble de nouvelles très originales, surprenantes et prenantes.
Une très belle écriture.
Banlieue noire c’est le roman de Sébastien, jeune homme d’une
cité près de Paris. Sa vie c’est le foot et les filles. Pour la
première fois, les sélectionneurs nationaux s’intéressent à lui ;
dans trois jours, son équipe disputera un match crucial au cours
duquel son jeu et ses capacités sportives seront examinés par les
professionnels. Si ça marche adieu le collège et les galères ! Mais
il reste trois jours à attendre et il faut se concentrer. Dans cette
banlieue, ce n’est pas facile. La veille du match, Sébastien se
laisse entraîner par des amis dans une soirée. La descente aux
enfers commence, personne n’en sortira indemne.
– Ce roman est un patchwork de violence, de mort, de délit, de
délinquance juvénile, de misère et de résistance à la norme sociale avec
humour c’est vrai. Ce témoignage de l’intégration d’un immigré en
France laisse un goût amer, mais tellement crédible.
– Une écriture un peu irrégulière : des formules presque puériles et
puis de jolies trouvailles. L’ensemble fait un peu froid dans le dos tant
la poisse paraît inévitable.
71
SANSAL Boualem
Rue Darwin
Gallimard, 2012, 255
p., 17.50 €
Algérie
La mère de Yazid, le narrateur, meurt : « retourne rue Darwin »
(lieu de son enfance) seront les dernières paroles qu’elle adresse
à son fils. C’est l’histoire d’une famille algérienne marquée par
une grand-mère à la fois chef de tribu et propriétaire de bordels,
à la forte personnalité. C’est dans ce quartier de Belcourt à
Algers où l’auteur a vécu huit ans qu’il revient et tente de
reconstruire son identité
La construction du roman de Sansal m’a plu, elle est un va et vient
permanent qui ressemble à vie de Yazid le narrateur (l’auteur ?) en
pleine recherche d’identité. Cette quête nous met au coeur de l’intime
des personnages, famille, amis du phalanstère… Bien que le sujet
puisse sembler banal, le lecteur ne peut rester indifférent.
L’intérêt du récit réside également dans le fait que l’histoire de cette
famille se mêle à l’histoire de l’Algérie.
J’aime aussi beaucoup l’écriture de l’auteur : vocabulaire choisi,
expressions imagées…et son humour.
SANSAL Boualem
Le Village de
l’Allemand ou le
journal des frères
Schiller
Gallimard, 2009 310p.,
7,10 €
Grand Prix RTL Lire
2008
Grand Prix SGDL du
roman 2008 /Algérie
TADJO , Véronique
L’ombre d’Imana
Actes Sud – Babel –
2000
6,20 €
En 1994, les deux frères Schiller vivants en France, perdent leurs
parents au cours du massacre d’Aïn Deb près de Sétif. Dans ce
village, leur père allemand d’origine et converti à l’islam
jouissait du titre prestigieux de moudjahid… Les journaux croisés
des frères Schiller nous mènent dans une ronde infernale,
terrifiante de la vie de leur père.
*D’une histoire vraie qui lui a été racontée au cours d’un périple en
Algérie, Boualem Sansal livre à travers ce roman, une réflexion
bouleversante sur les barbaries, une interrogation persistante …
sommes-nous coupables, du crime de nos parents, de ne pas savoir ? Le
souci de l’humain reste une quête incessante pour Boualem Sansal. Il
ne peut s’y soustraire.
A travers un récit qui mêle à la fois document, témoignages et
fiction, Véronique Tadjo cherche à comprendre ce qui a pu se
passer et comment on peut en arriver à un tel degré
d’inhumanité. Elle donne la parole aux acteurs de ce drame.
Récit non manichéen qui vient contribuer au devoir de
mémoire.
– Même si la lecture est parfois difficile au niveau de l’émotion qu’elle
engendre, c’est un livre incontournable sur le sujet.
72
TAMSIR Niane
Djibril
Sounjata ou l’épopée
mandingue
Présence africaine,
1960 –, 5€
Guinée
Niane Djibril Tamsir tel un conteur nous rapporte le récit de
l’épopée de Sounjata à la manière des griots qui le lui ont
enseigné. Il reprend chaque phase initiatique de la naissance
puis de l’affirmation progressive de l’autorité de Sounjata,
fondateur légendaire de l’Empire du Mali. À noter que l’auteur
en profite pour dénoncer tous ces margoulins qui se donnent le
titre de griots.
Un roman historique narré par un griot tel un conte initiatique. Nous
nous croirions à ses côtés lors d’une veillée. C’est un classique de la
littérature africaine étudié par de nombreux écoliers du secondaire.
Thème : Epopée historique.
TCHAK Sami
Al Capone le malien
Mercure de France,
2011, 18€
Togo
René Chérin et son collègue Félix, viennent à la frontière du
Mali et de la Guinée, faire un reportage sur Namane
KOUYATE, joueur et gardien du balafon sacré : le sosso-bala.
C’est un vieil homme intègre que rencontre René dans cette
première partie du roman ; il est fasciné par cette Afrique
traditionnelle : accueil, protocole, traditions, histoire.
Lorsqu’enfin advient le moment où l’objet sacré pourra être
montré, l’arrivée du Prince et de la princesse du Cameroun,
dans leur superbe et énorme limousine noire, détournera
l’attention de tous de la cérémonie, entraînant la colère de
Kouyate.
Tradition contre modernité achèvent cette première partie.
Dans la deuxième partie qui se déroule à Bamako, le Prince, Al
Capone le malien, symbole de l’Afrique de la corruption, des
affaires de moeurs et de meurtres, raconte comment il est
devenu l’élève de Donatien Koagne, surnommé « the King », le
plus grand escroc international.
René Chérin, personnage un peu falot, fasciné par le luxe, la
débauche, la personnalité d’Al Capone, les femmes qui
l’entourent : la princesse Sidonie et Binetou Fall, ne pourra
s’extraire de cet univers.
J’ai beaucoup aimé la première partie du livre, à l’écriture très imagée
et proche de ma vision de ce que je connaissais de l’Afrique.
Je n’ai pu partager la fascination de René Chérin pour ces personnages
vivants dans la luxure et la débauche. J’en croyais la description
totalement exagérée et ne pouvais y adhérer.
Mais grande fut ma surprise quand j’ai découvert que Sami Tchak
s’appuyait sur des personnages tout à fait réel puisque Donatien
Koagne a réellement existé dans les années 1990, il est mort en prison,
73
les deux mains coupées…
En fait l’auteur nous révèle cet univers de la corruption et tous ceux
qui y ont été impliqués et là, malheureusement cela rejoint notre
Histoire !!!
TCHAK, Sami
Filles de Mexico
Mercure de France,
2009, 17€
Togo
TCHOUNGUI
Elisabeth
Bamako climax
Plon, 2010, 404 p.,
19.50 €
Deux parties : « Ville cruelle » (Mexico) et « La ville où nul ne
meurt » (Bogota). Djibril Nawo, écrivain d’origine Togolaise,
regarde, rencontre, apprend, traverse bas-fonds et quartiers
huppés, croise et noue des relations éphémères avec des
personnages étranges éclaboussés par la prostitution, la
drogue, la violence et la misère. La couleur de sa peau le
conduira dans des situations extrêmes, où réalité et fantasme se
côtoieront. Il trouvera une paix toute relative auprès de Deliz,
poétesse colombienne.
Ce livre a le mérite de nous faire pénétrer dans des milieux où inégalité
sociale, raciale, sexualité et violence sont à l’oeuvre. Devenu
personnage extérieur dans la seconde partie, le narrateur, impliqué
dans un bouillonnement qui le dépasse, est confronté à des
personnages en profonde détresse. Ouvrage bien écrit.
Elliott Marie-Rose est Antillais, Elio Della Valle, juif italien.
Tous deux sont amoureux de Céleste, la reporter afropéenne
mondaine, aventureuse et fantasque. Céleste disparait en
Afrique.
Les personnages du roman évoluent dans un milieu très mondain et
superficiel, que de paillettes ! La partie du roman qui se déroule en
Afrique est plus intéressante mais elle arrive bien tardivement et n’a
pas suffit à me convaincre.
Ce livre est divisé en 2 parties.
74
TCHOUNGUI,
Élisabeth
Je vous souhaite la
pluie
Plon – 2007
221 p. – 18 €
Cameroun
TIDIANE, N’Diaye
Le génocide voilé
Gallimard – 2008
Continents Noirs
240 p. – 21,50€
Sénégal
TRAORE, Sayouba
Belle en savane
Vents d’ailleurs, 2011,
142 p., 16 €
La première partie « Hivernage » se passe en Afrique. Ngazan,
très belle mais très pauvre ne veut pas faire « bordellologie »
c’est-à-dire vivre de ses charmes. Elle travaille dur dans un
restaurant, où elle fait la connaissance d’un français, Alexandre,
qui va l’épouser et la ramener en France. La deuxième partie
« France mirage » est la découverte de cette France, idéalisée,
par Ngazan. Elle se heurte au racisme de sa belle-famille, de ses
amis. Mais tout s’arrangera quand son livre sera publié.
– La partie africaine est intéressante : l’amour de Ngazan pour la
France et sa littérature est touchant, ainsi que son désir se rester
vertueuse dans son bidonville.
La seconde partie en France est plus banale ; ses réflexions sur le
comportement des français sont souvent justes et drôles.
Le style est très enlevé ; il y a beaucoup d’humour, même dans les
moments difficiles. C’est un livre agréable à lire.
– Malgré un sujet souvent traité dans la littérature africaine, le récit
est vivant et se lit sans ennui. Il peut permettre à un public adolescent
d’aborder aisément les problèmes traités qui eux sont bien réels.
La deuxième partie est trop banale.
Le livre montre un sujet mal connu et peut être tabou : la traite
des peuples d’Afrique par les envahisseurs arabo musulmans.
Cette page tragique de l’histoire de l’Afrique a commencé dès le
VIIème siècle et dure encore (Darfour). L’auteur illustre sa thèse
par des textes d’auteurs et de poètes arabes ou d’explorateurs
occidentaux et montre divers épisodes historiques.
– L’auteur est anthropologue, sénégalais et musulman. Cette thèse est
sans doute un brûlot car rarement défendue et souvent contredite.
C’est bien argumenté et facile à lire.
Sita est atteinte de cette « maladie-là », celle que l’on a peur de
nommer, le Sida. Parce qu’elle est femme, elle est forcément
coupable. Rejetée par sa belle famille et son mari, elle trouve
réconfort auprès de Dadah, sa grand mère maternelle.
Avec courage et fierté, elle tiendra tête à la petite société
villageoise, faisant fi des croyances, des rivalités et des
racontars.
Le lecteur ne peut qu’être touché par le combat de cette femme pour
75
TRAORE, Sayouba
Loin de mon village
c’est la brousse
Vents d’ailleurs – 2005
408 p. – 21 €
Burkina Faso
garder sa dignité. Ce qui fait très peur c’est la solitude qui l’entoure
mis à part le soutien de Dadah, mais on a bien du mal à comprendre
que d’autres femmes ne lui épousent le pas et soient complices de la
tradition.
Ce qui est étonnant dans ce livre c’est le style de l’auteur : déroutant
par moment, poétique, incisif , efficace, aux couleurs de l’Afrique.
Trois époques, trois histoires d’une même famille
En 1900 le village de Kougsalla : les blancs arrivent, les jeunes
hommes sont réquisitionnés pour le travail, les jeunes filles sont
recrutées pour la mission ; comme la vie de Wanda et Nobila,
toute la vie du village est bouleversée. La frontière (Mali/ Haute
Volta) coupe le village en deux. Dans les années 1950 leur fils
Ouango ira étudier chez les frères, s’exilera en Côte d’Ivoire
pour travailler puis en France avec sa femme Marie au moment
de l’indépendance. Enfin de nos jours le quotidien de leurs
enfants en France, leur retour au pays, les problèmes de la 2e
génération.
– Voyage à travers les coutumes d’un village africain et leurs
destructions par l’arrivée de la colonisation. Travail obligatoire,
impôts, scolarisation, religion, problèmes ethniques, culturels, exil,
retour au pays… de nombreux thèmes sont abordés. C’est un gros
livre (408 pages) mais qui se lit facilement. J’ai préféré la 1 ère partie
avec la confrontation des deux logiques et des deux cultures peut être
parce que les problèmes du travail et ceux de la 2e génération
m’apparaissaient plus familiers.
WABERI, A.
Abdourahman
Balbala
Le Serpent à Plumes,
1997, 188p., 5€
Djibouti.
A Djibouti, quatre amis tentent à leur manière de s’opposer au
régime liberticide. Une tyrannie favorisée par les traditions
patriarcales qui ne favorisent guère la tolérance et font obstacle
à l’épanouissement de la démocratie. Que dire en outre des
traditions tribales : ne réservent-elles pas à la femme un état
d’assujettissement ? Ces défaillances engagent ce pays et toute
cette région de l’Afrique dans la voie suicidaire
d’autodestruction.
Ce roman d’une très grande sensibilité saisit le lecteur. Toutefois,
Abdourahman Waberi qui est un grand admirateur de l’illustre
écrivain somalien Nuruddin Farah s’en inspire trop. la lecture de ce
76
YEMA, Georges
Le Tarmac des
hirondelles
Héloïse d’Ormesson
2008
286 p. – 19 €
Cameroun
livre est vivement recommandée.
Thème : Politique.
Les exactions les plus odieuses commises, Muna, l’albinos se
retrouve seul dans la forêt avec un passé lourd des crimes les
plus abjects.. Lent chemin vers la lumière sous la coupe de, puis
face à l’autorité adulte corrompue, imaginairement défiée ;
(Tarmac des hirondelles, c’est le nom français du groupe
d’enfants soldats peu à peu décimé , comme les hirondelles
perdues dans la brume à l’affût d’un tarmac accueillant. L’autre
nom du groupe : devil shooters : ceux qui vont en finir avec le
diable
– Livre difficile ; moments très violents. L’hallucination et le réel figuré
cohabitent dans un univers où violenter, violer, tuer sont des jeux
d’enfants orchestrés par des adultes à la solde de pouvoirs corrompus.
Une écriture parfois arrogante. J’ai eu beaucoup de difficultés à entrer
dans cet univers.
– Je n’ai pas pu du tout.
77
BD ADULTES-ADOS
ABOUET
Marguerite,
OUBRERIE
Clément
(illustrateur)
Aya de Yopougon
(vol 1)
Gallimard – 2005
Collection Bayou
96 p. – 15 €
[Bibliothèques de la
ville]
Côte d’Ivoire
ABOUET
Marguerite,
OUBRERIE
Clément
(illustrateur)
Aya de Yopougon
(vol 2)
Gallimard – 2006
Collection Bayou
106 p. – 15,50 €
[Bibliothèques de la
ville]
Côte d’Ivoire
C’est l’histoire de trois « copines », l’une très sérieuse et
intelligente, les deux autres passant leur temps à danser et à
s’amuser avec les garçons ! En toile de fond : les rapports
amoureux et une grossesse inopinée. « Aya de Yopougon » tisse
les relations familiales et sentimentales de l’Afrique
d’aujourd’hui avec ses coutumes, la pression sociale mais aussi la
candeur de la jeunesse.
– En une centaine de pages, cette BD nous fait mieux découvrir
l’Afrique qu’un reportage TV ; un argot percutant, des dialogues
saisissants et toujours le mot d’Aya pour pousser à la réflexion.
L’Afrique racontée par des Africains : enrichissant.
– oui, sans hésiter.
On retrouve Aya et ses amies à Abidjan. A travers leur vie
quotidienne et celle de leur famille, on les voit entrer dans le
monde des adultes et faire face à leurs difficultés : Adjoua vient
d’accoucher mais elle a menti sur l’identité du père de l’enfant,
Bintou est amoureuse et ne voit pas que son « môgô » lui ment et
la trompe, et Aya découvre que son père a une maîtresse à qui il
a fait deux enfants.
– Comme dans le volume 1, on est frappé par la justesse de ton qui
donne une réelle authenticité à l’histoire et aux personnages. L’humour
et le vocabulaire si particulier des quartiers populaires d’Abidjan sont
savoureux. Les problèmes de relations entre jeunes, entre maris et
femmes, entre parents et enfants, sont abordés avec profondeur et
sensibilité. Dans ce volume, l’image de l’homme n’est pas brillante :
paresseux, menteur, coureur de jupon… il profite sans vergogne de la
naïveté des femmes.
– On a toujours beaucoup de plaisir à retrouver les amies et le quartier
et on attend la suite … mais qui va être élue miss Yopougon ?
78
ABOUET
Marguerite,
OUBRERIE
Clément
(illustrateur)
Aya de Yopougon
(vol 3)
Gallimard – 2008
Collection Bayou
128 p. – 15,90 €
[Bibliothèques
de la ville]
Côte d’Ivoire
L’élection de Miss Yopougon occupe tous les esprits mais ne fait
pas oublier les problèmes familiaux : les parents d’Aya se
séparent, le père de Bintou veut prendre une deuxième épouse
de l’âge de sa fille, le frère d’Adjoua découvre son
homosexualité… Beaucoup de problèmes sociaux sont abordés
mais c’est la réconciliation qui l’emportera et ce volume 3 se
termine sur une note optimiste.
– Cet épisode s’enrichit de plusieurs personnages, et les relations
humaines deviennent plus complexes. Mais l’auteur les décrit toujours
avec tact et humour, admirablement bien soutenu par les illustrations.
– Cette BD résiste bien à plusieurs lectures : on veut bien sûr
connaître ce qui arrive à chaque personnage mais une fois cette
curiosité assouvie, on peut s’attarder sur le graphisme, revenir
sur une situation et goûter le plaisir des dialogues. Vous l’avez
compris, vous avez affaire à des fans !
EDIMO et
MBUMBO, Simon-
Pierre,Malamine,un
Africain à Paris,
Les Enfants
Rouges, 2009,
115p., 15€
Cameroun
À l’issue de ses études universitaires en économie, Malamine a
tenté sans succès de faire valoir ses diplômes dans son pays, en
Afrique. Mais un diplôme de la Sorbonne ne suffit pas à effacer
l’origine ethnique : Malamine n’est pas de la « bonne » tribu. On
lui fait vite comprendre qu’il doit partir. De retour à Paris,
Malamine n’est pas plus à ce qu’il définit comme sa « juste »
place. Il s’en suit une frustration qui finit par influer sur ses
réflexions, ses envies, ses espoirs et sur ses fréquentations. Il
traîne à travers le pays africain son questionnement identitaire et
croise Germaine, l’infirmière française, sa collègue de travail, qui
cherche à lui sortir la tête de l’eau. Diane, l’Africaine sans papier,
Maurice, le confident, Ntounou, son éditeur, Osagefyo,
l’ultranationaliste sont autant de personnages qui alimentent la
pression d’ordre économique et familial à laquelle est confrontée
Malamine. Le jeune Africain peut-il survivre à la honte de
l’échec ? Peut-il prendre le risque d’un désaveu familial ? Est-il
seulement moral d’échouer alors que la survie d’une partie du
clan peut être en jeu ?
Cet ouvrage, présenté au Festival de la BD de Blois en novembre 2009,
est un récit qui se veut autobiographique qui pose de manière
remarquable le problème de ces jeunes immigrés « entre deux rives »
plantés devant l’échec de l’intégration. La maison d’édition, Les Enfants
Rouges, présente ainsi les desseins des auteurs : « Edimo et Mbumbo
79
ont voulu, dans cette bande dessinée, parcourir, de l’Afrique à Paris, un
bout de chemin de l’un de ceux qui échouent. Observer comment
l’impatience et le désespoir montent, et ce à quoi ils pourraient conduire.
En filigrane, ils parlent aussi de la France qui ignore souvent tout de
ceux qu’elle accueille. L’album est réalisé au crayon. Les personnages,
les décors émanent à peine d’esquisses brouillonnes. Cette technique
participe du processus identitaire qui se développe sous les yeux du
lecteur : Malamine, par ses réflexions brouillonnes, par ses rencontres
hasardeuses, cherche sa route, se perd pour se trouver enfin.
Beaucoup de justesse dans le ton adopté, les personnages sont campés de
manière intéressante et très vivante. Le récit se déroule sur deux espace
et deux temps: l’ici et maintenant parisien, l’hier et là-bas africain. Ce
va et vient n’induit pas de traitement très spécifique et différencié au
plan esthétique, les deux espaces semblent fusionner ce qui rend la
lecture plus ambigüe à l’image du jeu identitaire complexe. Peu importe
pour ainsi dire le décor, les cadrages serrés privilégient les débats,
affrontements idéologiques et psychologiques, présentés comme sur la
scène d’un théâtre.
DJEHOUTY
Biyong
Soundjata, la
bataille de Kirina
MENAIBUC, 2004,
17€
Cameroun
« Plus connu sous le nom de Soundjata Keïta, Mari Djata Konaté
(1190-1255) est le premier empereur du Mandé. Un grand empire
qui s’étendait de l’ouest du Sénégal au cen tre du Burkina Faso,
du nord de la Mauritanie au nord de la Côte d’Ivoire, du Libéria
et de la Sierra Leone. Pour réaliser cet exploit, Soundjata a
d’abord affronté le légendaire Soumaoro Kanté qui avait annexé
toutes les provinces du Monadé plusieurs années durant. La
première grande bataille qui a opposé les deux héros eut lieu à
Kirina (1235), une immense plaine située au coeur du Mandé.
C’est cette bataille mémorable, annonciatrice de la défaite de
l’empereur sosso, qui a inspiré à Djehouty le titre de son oeuvre.
[…] L’auteur poursuit le récit jusqu’à la fuite de Soumaoro et sa
disparition dans les grottes de Koulikoro. »
DJEHOUTY,
Biyong
Soundjata le
conquérant,
L’Ultime bataille,
Bès Editions, 2005
L’auteur malien, Doumbi Fakoly, qui depuis 1983 ne cesse
d’inviter les Africains à renouer avec leur spiritualité africaine
reconnaît, dans la préface de l’album, énormément de mérite à
Biyong Djehouty et notamment celui de choisir « la bande
dessinée pour écrire son récit » et d’apporter « à son tour, une
contribution significative dans la vulgarisation de l’enseignement
de l’histoire africaine. » La narration est véritablement claire,
quasi pédagogique, et le désir de faire oeuvre de réfrence et de
vulgariser l’histoire délaissée du continent en se situant
80
complètement dans le combat pour la renaissance africaine et
dans l’édification de la conscience historique de sa jeunesse est
évident et réussi, me semble-t-il.
GRENIER, Cécile,
AUSTINI, Alain,
MASIONI, Pat,
Rwanda 1994,
Glénat / Drugstore,
coll. Les Intégrales,
2009, 142p. 15€ –
République
Démocratique du
Congo
L’intégrale des deux volumes de Rwanda 1994, Descente aux
enfers (2005) et Le camp de la vie (2008), est sortie en septembre
2009. Ces deux ouvrages ainsi réunis sont l’aboutissement de cinq
années de recherches, dont sept mois au Rwanda, et le fruit de la
collaboration étroite entre les scénaristes français Cécile Grenier
et Alain Austini, et le célèbre dessinateur congolais Pat Masioni.
Avril 1994, à Kigali, capitale du Rwanda, Jacques, un humanitaire
français, s’est épris de Rose, une Tutsi. Ils viennent d’avoir un
enfant et comptent se marier en France en juillet. Dans leur foyer,
vit également, Mathilde, une autre tutsi, amie de Rose, et ses
enfants, Paul (10 ans) et Marie (5/6 ans). La vie paisible de cette
famille élargie se trouve déchirée par « le dernier génocide du
siècle » qui va se dérouler pendant 100 jours, entre avril et juillet
1994. Si Jacques et Rose réussissent à s’enfuir in extremis,
Mathilde va connaître la descente aux enfers, la mort violente de
sa fille Marie d’abord dans un barrage érigé par les Hutus et la
disparition de son fils Paul. Dans le deuxième chapitre, le conflit
s’achève doucement. Mathilde écume les camps de réfugiés à la
recherche de son fils qui est retourné à Kigali. Jacques, qui a mis
sa petite famille en sûreté, part à la recherche de Mathilde. Un
chassé-croisé plein de suspens tient le lecteur en haleine au
milieu d’un pays détruit et ensanglanté. Sur environ 7,5 millions
de Rwandais d’alors, 1,5 million de tutsis ont été exterminés à la
machette, par le feu, les balles ou tout simplement les coups…
Si dans cet ouvrage, Cécile Grenier et Alain Austini ne décrivent pas de
faits historiques précis et ne s’attardent pas sur le conflit politique ni
sur les intérêts financiers impliqués. Ils donnent une vision intimiste du
drame en s’attardant sur Mathilde, Paul et Marie qui subissent sans
vraiment comprendre ce qui leur tombe sur la tête. Des phylactères
orange scandent le récit et rappellent le rôle ô combien important que
jouèrent les messages de haine hutus lancés par la RTLM et Radio
Rwanda. Le dessin de Pat Masini est léger et précis : il transcrit à
merveille les émotions qui engloutissent le lecteur. Aucune couleur
trash, mais une palette élégante qui ne s’éloigne pas de l’esprit du
scénario. Le recours au noir et blanc traduit les analepses. En somme,
une belle BD qui décrit une des dernières horreurs du XXe siècle.
81
PAHÉ
La vie de Pahé –
Tome 1. Bitam
Paquet, 2006.
64p.13€
Gabon
Bitam est le premier volume de la Vie de Pahé (Patrick Essono,
dit Pahé). « Bitam, petite ville au nord du Gabon – Afrique
centrale. C’est là que je vis le jour il y a une trentaine de saisons
sèches. Issu d’une famille nombreuse, mon père, chef du village
Éboro, avait plus de 10 femmes ». Ce premier volet d’une trilogie
raconte l’enfance de Pahé dans les années 70/80. Guidé par ses
soeurs aînées de découvertes en découvertes, il part vers la
grande ville de Libreville. Il s’envole ensuite vers la France où il
est accueilli à Tours par sa grande soeur qui y entreprend des
études de médecine. C’est le décès de sa mère, Mama Odette, qui
conduira notre héros à faire la route dans l’autre sens.
Patrick Essono, dit Pahé, est avant tout un caricaturiste et c’est par des
traits grossiers qu’il entend nous faire découvrir la vie d’un petit
gabonais dans son village d’abord, dans les rues de la capitale du Gabon
puis au milieu du monde occidental. Pahé cherche à nous faire partager
toutes les émotions qu’il a pu éprouver à chacun de ces moments-là : la
joie, la tristesse mais également les odeurs, bonnes ou mauvaises, les
températures, chaudes ou froides, au moyen d’un code qu’il met en place
dès ce premier album. La caricature semble offrir toutes les possibilités
recherchées par l’auteur. Elle lui permet d’alterner des moments de
remarques acerbes, de plaisirs, de moqueries grossières baignés dans un
jeu de couleurs vives et avec des moments de profondes tristesses comme
l’enterrement de sa mère où les couleurs ont pratiquement disparu.
Somme toute, Bitam est un ouvrage passionnant, emprunt de nostalgie
profonde et de sentiments vrais.
PAHÉ
La vie de Pahé –
Tome 2. Paname
Paquet, 2008
71p.
Année :
13€
Gabon
Paname est le deuxième volume de la Vie de Pahé (Patrick Essono,
dit Pahé). Dans ce deuxième volet de sa trilogie, Patrick Essono a
pris le parti de parler de son adolescence, de ses études à Paris, à
l’École d’Art et de Publicité jusqu’à son premier travail de
caricaturiste dans des revues gabonaises. Cette dernière activité,
son activité principale aujourd’hui, lui donne l’occasion de se
confronter directement avec la dictature d’Omar Bongo, au
pouvoir au Gabon depuis 1967 jusqu’à son décès en 2009. Ce
deuxième album prend fin, brutalement, avec la mort de sa soeur
aînée, Florence, le 10 septembre 2001.
L’ouvrage, bâti sur les mêmes principes que le premier album, cherche
avec autant de souci à faire partager toutes les sensations qu’a pu vivre
l’auteur. L’utilisation des codes inventés dans le premier album pour
82
traduire odeurs et températures, accompagne maintenant des schémas
ou des plans nombreux permettant de planter les décors nouveaux (sa
chambre universitaire, la cuisine du CROUS,…). L’album peut se
diviser en trois parties distinctes : son adolescence à Villeneuve-d’Ascq
chez sa soeur Florence, ses études de dessin à Paris et sa vie de
caricaturiste opposant à la dictature d’Omar Bongo.
C’est semble-t-il cette dernière partie qui semble être le fil conducteur de
l’ouvrage entier puisqu’elle lui donne l’occasion de ce récit analeptique.
Si les deux première parties nous plongent avec toujours autant de
nostalgie sur la France des années 80 vue par les yeux d’un petit
Gabonais, la troisième nous met en face de la difficile expression
démocratique dans ces pays au pouvoir présidentiel fort comme au
Gabon. C’est à coup de dessins de presse que Pahé nous montre
comment sa vie fut rythmée par des plaintes pour diffamation et
arrestations. La dernière en date, d’ailleurs, date du 25 septembre
2009 :36 heures sous les verrous pour avoir caricaturé dans un bar deux
gendarmes gabonais s’exclamant : « Aux deux ouvreuses de Guinness.
Bonne soif ! ». Omar Bongo venait de mourir quatre mois plus tôt…
RIVIERE Benoît
Missy
PALUKU Hallain
La Boîte à Bulles,
Champ libre
2006,78 p. 14,50€
République
Démocratique du
Congo
Étoile de cabaret la nuit, Missy redevient au matin cette grosse
femme dont le monde entier se contrefiche. Une fois leur curiosité
et leur désir assouvis, ses amants l’abandonnent invariablement
au saut du lit.
Missy est un petit chef-d’oeuvre esthétique ! Dans la droite ligne des
nouvelles de moeurs, le récit est tout en sentiments, à la fois envoûtant,
sensuel et charnel. Le trait d’Hallain Paluku entraîne le lecteur dans un
tourbillon de formes, de courbes qui soulignent les rondeurs de Missy.
Pari totalement fou : les auteurs ont choisi de ne pas donner de visages à
leurs personnages. Le discours verbo-iconique s’en trouve renforcé. De
nombreuses planches ne comportent pas de texte, c’est alors le langage
du corps, les postures, la gestuelle qui parle. Une expérience somme
toute réussie et totalement envoûtante.
83
LECTURES ENFANTS-COLLEGES
9 AUTEURS.
Préface
d’Alain Mabanckou
Enfances
Pocket – Nouvelles
Voix – 2009 – 152p.
5€
A partir de 10 ans
Neuf auteurs nous offrent un souvenir d’enfance lié à
l’intime, ou surgi de leur imaginaire.
*Poétiques, teintés d’humour ou liés au merveilleux, ces neuf récits
font ressurgir l’enfance : quelque soit le continent, l’enfance reste
ce temps personnel, initiatique et universel où le seul enjeu est de
grandir.
ABOUET
Marguerite
SAPIN Matthieu
Akissi, attaque de chats
Gallimard, 2010
48p., 9.90€
A partir de 7 ans
Suite d’histoires courtes racontant les aventures d’Akissi.
Il est possible que ces histoires amusent plus l’enfant que le lecteur
adulte. Elles sont inégales. Illustration sympa.
ACEVAL Nora
MERLIN Christophe
(Illustrateur)
Hadidouène et l’âne de
l’ogresse
Seuil Jeunesse, 2007
Algérie
A partir de 4 ans
Qui sera le plus malin d’Hadidouène ou de l’ogresse ?
Un conte amusant et présenté de façon originale : images
d’un côté et texte dans le rabat de l’album pour permettre
plusieurs utilisations du conte.
Illustrations originales et colorées qui plairont aux enfants
ACEVAL Nora
ORHUN Embre
(Illustrateur)
L’élève du magicien
Le Sorbier 2007
Algérie
A partir de 8 ans
Fahim, un petit garçon très intelligent découvre que son
maître n’est autre qu’un magicien.
Mais, si le dicton qui dit que « les élèves dépassent les
maîtres » est vrai, que va-t-il se passer ?
Ce conte traditionnel est un petit bijou merveilleusement illustré.
BD
ACCOH Mensah,
ACCOH Anani :
Ils sont partis chercher
Les aventures d’Africavi racontent l’histoire d’un Jeune
prince Ewé d’un petit village d’Afrique occidentale qui se fait
appeler François 1er. Fils du roi Africato, Africavi est fasciné
par la culture européenne, comme toute la cour il se fait
84
de la glace… Les
aventures d’Africavi
L’Harmatan BD, 2010,
56 p., 10
habiller à l’occidental. L’histoire se déroule en Afrique entre
le XVIIIe et le XIXe siècle. Le roi Africato, fasciné par les us et
coutumes des colonisateurs, espère réussir à résoudre le
problème de la chaleur grâce au pouvoir de la fameuse glace
européenne. Africato croit que ce voyage, à la recherche d’un
des symboles de la modernité occidentale, sera l’occasion
pour son fils Africavi de se civiliser. Le prince, très lié à la
tradition et très peu enclin aux influences étrangères est donc
envoyé en mission. Entre les naufrages des esclavagistespasseurs
et les aventures dans la jungle où habitent des
femmes abandonnées de leurs fils et de leur mari, le voyage à
la découverte de la glace et de la modernité se montre, au
contraire, révélateur de l’importance des traditions locales.
AGENOR, Monique
Les enfants de la
colli133 p.,
Syros jeunesse, 2005,
7,50 €
Madagascar
Ce roman commence à Madagascar sur la 9e colline sacrée.
C’est jour de fête, soudain une troupe ennemie surgit et
massacre tout. Ceux qui ne sont pas tués sont emmenés en
esclavage à la Réunion où ils sont vendus à la plus riche
esclavagiste de l’île. Parmi eux deux enfants Nora et Saky qui
s’aiment depuis toujours. A partir de ce jour commence un
long calvaire.
*Roman très touchant qui pointe aux yeux des jeunes le problème
de
l’esclavage et de ses horreurs. Écriture simple et parfois poétique.
On se laisse envoûter par l’histoire et on n’a pas envie
d’interrompre la lecture…
– Livre facile à lire. Simple. Clair. Pédagogique.
L’histoire de Nora et Sahy permettra aux jeunes d’appréhender la
réalité de l’esclavage.
AKAKPO, Gustave
Le petit monde
merveilleux
Grasset Jeunesse 2007
Lampe de poche
illustré par
MWAKUMI
Dominique – Congo
43 p.- 5,10 €
8/10 ans
Kékéli (10 ans) habite dans un village sur pilotis. Il trouve un
« vieux petit agenda » sur lequel il va raconter sa vie : ses
relations avec sa famille, le lac, l’école, son amitié pour la jolie
Amivi.
Mais soudain, son lac, si beau, se met à dégager une odeur
épouvantable.
Le monde merveilleux de Kékéli s’écroule.
– Beaucoup d’humour, de fraîcheur et de spontanéité dans le
« journal » de Kékéli ».
L’amitié, la protection de la nature intéresseront les enfants du
85
même âge.
Les illustrations sont très belles, très colorées.
– Un roman qui s’adresse à de jeunes lecteurs 9-10 ans mais qui se
veut politique en abordant les problèmes d’environnement.
Atelier d’écriture avec
Tiécoro SANGARE,
DELINQUANTS
SOLIDAIRES
(pièce de théâtre)
GREF
Val de Marne – 28 p.
Mali
illustration avec Gaël
RONGY
Moussa et sa famille, d’origine malienne, en France depuis
une dizaine d’années vont être expulsés.
La police se présente au lycée pour emmener Moussa. Le
proviseur, les parents, les enfants se mobilisent pour
empêcher cette expulsion et se déclarent « délinquants »
solidaires.
– Cette pièce a été écrite à la suite de l’expulsion des « sanspapiers
» de Cachan en 2006.
L’injustice, l’absurdité des décisions administratives, la révolte des
enfants s’enchaînent naturellement.
La pièce est courte (5 scènes), écrite par des jeunes à partir de 12
ans. Au début de chaque scène, un choeur situe l’action et résume la
situation. Elle est très accessible à des collégiens.
BADIAN, Seydou
Sous l’orage
Présence Africaine,
2001, Poche
253 p. – 6,10€
Mali
Collège
Dans une petite ville qui pourrait être n’importe où en
Afrique de l’ouest, à une époque indéterminée de la
deuxième moitié du XXème siècle, une jeune étudiante Kany
rêve de son avenir auprès d’un étudiant Samou. Mais, son
père veut la marier à un commerçant aisé. Entre le poids de la
tradition, l’obéissance aux anciens, la revendication de la
liberté de choix, la part de la culture
traditionnelle et l’influence des blancs, cette histoire simple
est « celle de l’orage subi par les peuples africains »
– Livre choisi par un collègue malien dans le cadre d’un échange
lecture entre ses élèves et des élèves du collège Rameau. C’est un
classique pour les collègues maliens. il leur permet d’aborder des
problèmes fondamentaux : respect des anciens/poids de la tradition ;
place de la femme, école/tradition, évolution/respect de la culture,
mutations/ « esclaves du Blanc »…
Peut être lu, ici, dès la classe de cinquième, mais avec
accompagnement de l’enseignant. Intéressant, pose les problèmes
(finalement universels) sous forme de débats et de questionnements
intimes des personnages, suscite la réflexion.
– Un roman au ton juste qui peut convenir aux adultes et lycéens.
86
BAYAR , Michèle
KOLONE, Mahmout
Ahmet
Kodor, conte Toubou
Syros – 2007 – 13,50 €
illustré par DADAT
Mandana – Niger
Kodor est un jeune berger nomade, amoureux de Bila, la fille
du « derdé » (chef). Le jour où Bila annonce qu’elle épousera
celui qui lui apportera une branche de « lilogum », Kodor
part avec le plus frêle de ses chameaux qui s’est engagé à le
ramener sain et sauf de ce bois très dangereux.
* Histoire pleine de poésie, de mystère et d’aventure.
*Les illustrations très colorées sont magnifiques.
*Un album à ne pas manquer car nous n’avons jamais eu quelque
chose d’écrit du patrimoine des Toubous. De plus un conte avec un
chameau (inévitable pour les Toubous) est rare
dans le répertoire de contes connus. Conte très poétique et
superbement illustré. Convient également pour les enfants un peu
plus grands.
BEBEY, Kidi
Pourquoi je ne suis pas
sur la photo ?
Hachette/Edicef – 1999
Cameroun Maternelle
Titi est le plus petit de la famille. Triste de ne pas se voir sur
les photos de l’album de famille, il cherche à élucider la
question. Ses parents le rassureront par leur réponse.
BEN JALLOUN,
Tahar
L’école perdue
illustré par
Corvaisier Laurent
Gallimard Jeunesse
Folio Junior
88 p. – 3,90 €
10/12 ans
Dans un pays d’Afrique de l’Ouest, un jeune instituteur nous
raconte les problèmes auxquels il se trouve confronté
lorsqu’il ouvre une nouvelle école.
Une mystérieuse usine a ouvert également ses portes, aussi
l’effectif de sa classe se réduit de jour en jour. Le roman
aborde la pauvreté, le travail des enfants, l’école.
BEYALA, Calixte
La petite fille du
réverbère
J’ai lu – 1999
221 p. – 5,60 €
Cameroun
Collège
Une petite fille de onze ans, orpheline est élevée par sa
grand-mère. Elle veut étudier pour sortir de son bidonville et
retrouver son père. Roman autobiographique qui évoque la
condition de la femme et des petites filles.
Récit autobiographique qui retrace la vie quotidienne dans un petit
village. Intérêt : la condition de la femme et des petites filles.
Sensibilité, images, couleurs
87
BONI, Tanella
De l’autre côté du soleil
NEA-Edicef, 1991 Côte
d’Ivoire
143 p.
A partir de 10 ans
2 nouvelles : 1) Le secret du papayer – 2) Le bracelet d’or
1) Aza orphelin, vit chez sa tante. A l’occasion de la
réhabilitation du quartier, sa tante lui révèle que le papayer
est son totem ; Aza cherchera à en connaître le secret. En toile
de fond, la vie dans un quartier non loti en périphérie d’une
grande ville : petit commerce des femmes..
2) Solène, collégienne, porte un bracelet qui émet d’étranges
ondes magnétiques qui la guideront toute son enfance
BD
BOUDJELLAL Farid
Petit Polio tome 1
éditions du Soleil, 1998,
58 p.
Algérie
Farid Boudjellal s’est souvenu de sa propre enfance
toulonnaise pour écrire les récits de Petit Polio. On y retrouve
les joies et les peines d’un enfant, la solidarité familiale, la
douleur du deuil et le handicap, qui occupe une place
prépondérante mais non centrale du récit. Le tome 1 débute à
Toulon, en juillet 1958, dans une famille algérienne immigrée
de 4 enfants (1 garçon et 3 filles).
BOUSSUGE, Agnès
THIEBAULT Elise
Le pacte d’Awa : pour
en finir avec les
mutilations sexuelles
Syros / GAMS
J’accuse – 2006
127 p. – 7,50 €
Collège
Sur fond de guerre d’Algérie, Petit Polio est un récit
émouvant et drôle évoquant les premières années
d’intégration d’une famille algérienne à Toulon. La nostalgie
des années 50 et la découverte de la bande dessinée de revue
(Le Petit Trappeur dans le journal Kiwi).
BOUZZINE, Hamed
Jounaïd et l’oiseau de
paradis
Actes sud junior/ Cité
de la musique
(Conte du musée de la
musique)
illustré par REBENA,
Frédéric –
Maroc
6/8ans
L’histoire se déroule au Maroc où Jounaïd, musicien, se fait
voler son instrument de musique par trois brigands. De
tristesse, Jounaïd refuse de s’alimenter et se métamorphose
en oiseau. Il s’envole à la cours du sultan et son chant séduit
la princesse Othba.
2 pages documentaires pour découvrir l’oud.
– L’écoute du cd donne tout son sens musical à cette histoire. Les
illustrations sont proches de la bd.
CAMARA, Louis
Kankan le maléfique
Kankan est un monstre à mi-chemin entre l’homme et
l’oiseau. Il invite le coq, le chien, l’hyène, le chasseur, la
88
Urtebise HMH Plus
60 p. – 7,50 €
illustré par
FAVREAU
Béatrice
Sénégal
8/10 ans
vipère…. à venir défricher son champ. Mais il leur tend un
piège.
– Conte traditionnel africain. Kankan utilise la flatterie et la ruse
pour arriver à ses fins. Mais le piège tendu se retournera contre lui.
Le texte est vivant, souvent poétique. Dommage que les
illustrations soient si ternes. Une partie pédagogique intéressante
se trouve à la fin de l’album.
– Même avis que le précédent. Ce conte est facile à lire et le
vocabulaire est riche. Il illustre les valeurs traditionnelles de
solidarité sans être moralisateur. Un bon moment!
Mais effectivement, les illustrations laissent à désirer!
CISSE, Mamadou
Le Bossu et le Ninki-
Nanka
L’Harmattan
Contes de quatre
vents – 1998
illustré par Sophie
Mondesir
22 p.
6/8 ans
Dans un royaume prospère, un roi et une reine se désolent de
ne point avoir d’enfant. C’est la tempête qui après avoir
ravagé le pays leur apportera une petite fille. Devenue une
merveilleuse jeune fille elle est promise par son père à celui
qui saura apporter la queue du Ninki-Nanka, créature
hybride qui dévaste le pays. L’heureux élu sera un être
contrefait dont l’intelligence viendra à bout du monstre.
– Un conte très bien mené dans la veine des héros chasseurs de
monstres qui peut permettre des rapprochements avec la tradition
européenne et donc une réflexion sur les archétypes. Version
bilingue très claire, le wolof, transcrit sur la page de gauche en
regard de sa traduction peut permettre des rapprochements, le
repérage d’éléments récurrents et une double oralisation.
CLAIR, Andrée
Hama, Boubou
L’aventure d’Albarka
tome 1
Edicef/Néa
Collection – Afrique en
Poche Junior
Niger,
A partir de 10 ans
Dans ce livre un adulte raconte ses souvenirs d’enfance.
Albarka est né en 1909 dans un petit village Sonraï du Niger.
Sa mère et sa grand-mère s’occupent de lui ; comme tous les
enfants il joue avec ses petits camarades. A 7 ans après une
cérémonie familiale, il passe à l’âge « adolescent » et c’est le
père qui fait son éducation en lui faisant découvrir la brousse.
La première partie du livre se termine par le départ
d’Albarka à 8 ans, désigné pour partir à l’école des blancs. Il
aura des difficultés à s’adapter à ce monde étranger pour lui.
Finalement il découvrira l’intérêt de l’école et ce sera le
départ de son avenir.
Découverte intéressante de la vie d’un petit africain confronté aux
difficultés d’adaptation au monde des blancs. Les superstitions très
nombreuses sont quelquefois un peu pesantes.
La vie au village, les coutumes sont décrites avec précision, un peu
trop longuement quelquefois. En revanche, la seconde partie « la
89
nouvelle vie »fera connaître à des petits occidentaux dans quelles
conditions ces petits Touaregs allaient à l’école. Ils pourront
comparer…
COUAO-ZOTTI,
Florent
Charly en guerre
Dapper – Au bout du
monde – 2001
157 p. – 5,34 €
Bénin
A partir de 12 ans
Dans un pays en guerre civile un enfant de 9 ans dont le père
a été tué et la mère enlevée, enrôlé de force par les rebelles,
essaie d’échapper aux factions armées et de retrouver sa
mère.
Beaucoup d’action, de suspense, de chaleur humaine sans mièvrerie.
Me semble réussi sur un sujet difficile.
C’est un livre bien écrit, à réserver aux plus âgés du collège car le
quotidien de Charly, devenu enfant soldat, est tragique (violences,
humiliations…).
DAENICKX –
FERRANDEZ
Enfants des colonies T1
Nos ancêtres les
Pygmées
Histoire d’Histoire
Rue du Monde 2009
13,80€
Une première approche du passé colonial de la France à
travers l’histoire d’Ousmane, Sénégalais installé à Marseille
durant la période précédant la guerre d’Algérie.
L’album est réussi sur le plan narratif et esthétique mais les petits
encarts documentaires ne paraissent pas suffisants pour
appréhender simplement cette période historique.
DAHOUN Feralia
Kadar et Oder – 2002
Le Temps des cerises
Du soleil au coeur
illustré par
JOMARAYAYROLLES
Josette
43 p. 10€
Algérie
A partir de 10 ans
La fille d’un sultan que son père, jaloux de sa beauté tient à
l’abri d’une prison dorée tombe amoureuse du reflet d’un
visiteur. Profitant du pèlerinage de son père à La Mecque,
elle se travestit en homme et part à la recherche du beau
Kadar. Celui-ci, troublé par la beauté de celle qu’il a du mal à
accepter comme étant un homme, va recourir à divers
auxiliaires pour tenter de la percer à jour. Lasse de voir l’élu
de son coeur incapable de percevoir lui-même sa féminité, la
princesse renonce à le conquérir.
Ce conte très alerte est raconté sur un mode familier puisqu’il est le
fruit d’une collecte auprès des grand-mères de l’association « La
maison de toutes les couleurs ». Beaucoup de malice dans cette
histoire de revanche de la femme sur l’homme. L’ensemble est très
complet (calligraphie, texte trilingue : français – arabe – berbère,
appareil documentaire, image très présente), peut-être un peu trop,
la lisibilité n’est pas immédiate.
90
DAHOUN, Feralia
L’artiste et
la princesse
« Kif, biffin, kif »
2003
Le Temps des cerises
Du soleil au coeurillustré
par
YVONNET
Algérie
A partir de 10 ans
Un jeune artiste sans grand succès mais assez imbu de luimême
se laisse aller à calligraphier sur les murs des propos
dévalorisants sur la jugeote et les capacités des femmes. Une
jeune femme malicieuse va se jouer de lui et l’amener à
reconsidérer son point de vue en lui montrant que la femme
est l’égale de l’homme… sinon plus.
Un conte de trompeur-trompé plein d’humour, raconté sur un
mode familier puisqu’il est le fruit d’une collecte auprès des grandmères
de l’association « La maison de toutes les couleurs ».
L’ensemble est très complet (calligraphie, texte trilingue : français –
Arabe – Berbère, appareil documentaire), peut-être un peu trop, la
lisibilité n’est pas immédiate. L’illustration est par ailleurs de
qualité très médiocre…
DALY, Niky
Kwela, Kwela,
Jamela – Gautier
Languereau
Afrique du Sud
6/8 ans
La maman de Jamela s’est acheté un très beau tissu rouge
pour se faire une robe de mariage. Aidée de Jamela , elle le
prépare avant de la tailler le met à sécher sur le fil. Jamela
s’engage à le surveiller. Mais en fait elle s’en sert comme d’un
voile de mariée et part défiler dans la rue… aïe aïe aïe….
Décidément les bêtises des enfants à travers le monde sont bien
souvent les mêmes ! Une histoire sympathique.
DALY, Niki
Pas si vite, Songolo
Hachette/Gautier
Languereau
Afrique du Sud
Maternelle
Gogo, grand-mère de Songolo, n’est pas très à l’aise en ville.
Aussi, son petit-fils l’accompagne pour y faire des courses.
On découvre la ville…
Histoire simple, accessible aux enfants à partir de 4 ans. On est
touché par l’attachement qui lie la grand-mère et le petit-fils.
DAVY P.
De l’autre côté du soleil
Nathan poche, 2011, 218
p. 5.60€
Un livre intéressant sur l’esclavage, l’amour et la difficulté à
aller à l’encontre des pensées établies. L’originalité est dans la
confrontation du témoignage de Traoré et de celui d’un
médecin blanc, pour une fois humain, qui prend conscience
de l’absurdité et de l’horreur de la situation sans parvenir à
lutter contre.
Le texte, dans une écriture fluide et qui porte le lecteur, montre avec
finesse combien il peut être difficile de se défaire de l’ordre établi à
91
l’époque de l’esclavage aussi bien du côté des Noirs que du côté des
Blancs.
DIALLO, Mamadou
Mariama et autres
contes d’Afrique de
l’Ouest
Syros – Jeunesse
6/8 ans
Pourquoi le lièvre saute quand il se déplace – Maalign
Saadyo (l’hippopotame) – Diabou N’Dao – Mariama (qui
voulait épouser un homme sans cicatrice – Bouki herbivore
(l’hyène)
– Cinq contes à lire très différents et drôles, faciles à lire, grâce aux
gros caractères. Pas assez d’illustrations
DIALLO, Muriel
Simaga, le cheval sans
papiers
Vent d’ailleurs, 15€
Cote d’Ivoire
Aussitôt arrivé au monde la mère de Simaga le poulain est
capturée au lasso. Seul, il va suivre la lune qu’il veut
rejoindre, la prenant pour sa mère. Mais celle-ci se cache avec
les saisons et dans son périple il s’aventure sur des terres
étrangères où certains animaux lui demandent ses
papiers…Que deviendra
Muriel Diallo livre ici un superbe album tant sur le fond que sur la
forme. Magnifiques illustrations. Histoire touchante que celle de ce
petit poulain qui va trouver la force de faire face aux difficultés.
Clin d’oeil à l’actualité avec les problèmes d’étrangers et de
solidarité. Beaucoup de poésie.
Cet album peut-être lu dès 4 ans
DIALLO, Muriel
Toclo-toclo et la fille
tête en l’air
Vent d’Ailleurs
2010, 14 €
Cote d’Ivoire
Toclo-Toclo est un jeune tailleur dont le travail est souvent «
approximatif », ce qui rend souvent fou ses clients.
Mais l’envie irrésistible de sortir avec « la fille tête en l’air »
pour la saint Valentin suffira-t-elle à développer son
imagination et à aboutir dans ses réalisations.
Comme d’habitude l’illustration de Muriel Diallo est superbe. Son
dessin coloré et vivant viennent servir le propos amusant de cet
album.
DIB,Mohammed
MERLIN, ill.
Albin Michel, 2003
Algérie
A partir de 4 ans
Histoire du chat qui boude car il a été accusé, à tort, d’avoir
mangé les grives que Vieux Père avait rapportées.
Une sympathique histoire mais dont la fin m’a un peu déçue.
Joliment illustrée.
DIEP, Françoise
(collecté par)
La colline au Serpent
Un serpent, génie de la colline, exige des offrandes des
habitants d’un village et devient de plus en plus exigeant au
fil des années; une jeune fille amoureuse et particulièrement
92
Lirabelle
(Contes du Burkina
Faso)
Illustré par
N’Dongo Tidiane
courageuse va défier le serpent.
*Ce conte constitue une bonne approche de la tradition animiste où
toute chose, toute forme et tout phénomène naturel a une âme qui
doit être respectée et écoutée ; j’aime beaucoup les illustrations très
symboliques.
*L’histoire est intéressante mais je n’apprécie pas particulièrement
les illustrations que je trouve tristes.
DIEP, Françoise
(collecté par)
Le lièvre et le singe
Illustré par
Goormaghtigh
Leila – Lirabelle
(Conte du Burkina
Faso) – 26 p.
15 € avec CD 30
Maternelle
Dans une contrée où tous les animaux sont atteints par la
famine, un lièvre croise régulièrement un singe, gros et bien
gras. Affamé, le lièvre supplie le singe pour connaître sa
recette. A force d’insister, le singe veut bien lui révéler son
secret en échange de quoi le lapin doit suivre le singe et
accepter d’agir comme il le lui dicte. Donnant sa parole, le
singe l’emmène dans une contrée où il peut manger à sa faim.
* Dans cette histoire le lièvre ne brille pas par son intelligence.
Comme chez La Fontaine, il ne pourra pas résister à la tortue.
* Une histoire sympathique d’un lièvre impatient. Illustrations
intéressantes.
DIOP, Birago
Contes (Les) d’Amadou
Koumba
Présence africaine
Sénégal
8/10 ans
Ce livre s’adresse à tous les publics mais aux plus jeunes, il
serait mieux de les raconter.
*Difficile de résumer des contes : ils naissent d’une observation de
la vie quotidienne et en sont comme une illustration pleine de poésie
et d’humour.
*Livre merveilleux qui conte avec beaucoup de verve et de poésie des
histoires où se mêlent génies, lutins, kouss, les animaux qui ont
figure humaine et des personnages traditionnels des contes
africains. En émane une grande sagesse. Écriture un peu difficile
pour les plus jeunes.
DIOUF, S.A., EVANS
Shane W.
Bintou quatre choux !
Gautier-Languereau
2003, Burkina Faso
Bintou en a assez de ses quatre touffes de cheveux sur la tête,
elle rêve de tresses. Mais tout le monde est là pour lui
rappeler que les tresses sont réservé aux grandes filles.
Mais un jour, lors d’une fête de village, c’est grâce à la
débrouillardise de Bintou que trois jeunes garçons vont être
93
Maternelle sauvés de la noyade. Aussi la grand-mère de Bintou saura
bien la récompenser !
DJIM ZOUGLOU,
OUAGA-BALLE
DANAIL’enfant
des rues
Harmattan –
Tchad
10/12 ans
C’est la vie d’un enfant qui vit dans les rues, petit cireur,
chercheur dans les décharges.
– Intéressant par la personnalité de l’enfant et sa vie dans un monde
dur. L’écriture est parfois un peu recherchée.
– Un propos sympathique, mais qui ne se révèle pas convaincant.
Peut-être est-ce dû à la difficulté de trouver une écriture adaptée
pour la littérature de jeunesse.
EBODE, Eugène
Grand-Père Boni et les
contes de la savane
Editions Monde Global
– 2006
109 p. – 12,26 €
Cameroun
A partir de 10 ans
9 contes racontés par un ancien du village « Grand-Père
Boni » qui a exercé de nombreux métiers et a beaucoup
voyagé. Les enfants écoutent Grand-Père Boni, rassemblés
sous un baobab, en dégustant des produits récoltés dans le
village. On retrouve l’univers du conte africain avec ses
pluviateurs, ses sorciers, ses papayes, ses totems…et même
un objecteur de conscience !
Les contes sont courts (de 8 à 20 pages max.), amusants et jamais
angoissants car tout finit par s’arranger. L’auteur revisite les
contes traditionnels.
Ce livre s’adresse à des collégiens ou à des CM2 en lecture
accompagnée. Bien écrit, incisif et alerte, riche en vocabulaire.
EBOKEA, Marie
Félicité
Mbéla et la perle de
Mamiwater
Belin – Rêves de
voyages
24 p.- illustré par
Muriel DIALLO
14€ – Cameroun
6/8 ans
Mbéla habite au Cameroun, dans un village de pêcheurs. Un
jour, elle pénètre dans la grotte de Mamiwater, la sirène, pour
y dérober une grosse perle, mais elle est aussitôt faite
prisonnière. Voyant son chagrin, la sirène la libère à
condition qu’elle revienne chaque jour lui rendre visite.
Mbéla retrouve les siens, mais ne tient pas sa promesse! Le
malheur s’abat alors sur le village, et Mbéla comprend que
c’est la vengeance de la sirène. Elle révèle la vérité, et tout le
village se rend à la grotte. La sirène devient l’amie de tous
dans le meilleur des mondes.
– Un texte simple mais imagé, et agréable à lire. L’histoire est sans
surprise: La petite fille trop curieuse est punie, et quand elle ne
tient pas sa promesse, tout le village en souffre. Heureusement tout
s’arrange au moment où elle dit la vérité.
Il n’y a ni suspens ni rebondissements.
94
Les illustrations pleine page sont superbes, très colorées.
ELHOUSSAINE
OUSSIALI Clotilde,
RONZON A. et
POMMIER, illustrateurs
Hassan Aït Yamzel,
Le journal d’un enfant
aujourd’hui
au Maroc
Gallimard Jeunesse,
2010
Maroc
A partir de 9 ans
A mi chemin entre documentaire et fiction, le livre débute sur
une présentation du Maroc accompagnée d’une carte
géographique, d’une carte d’identité et de repères
chronologiques.
Hassan, 10 ans, à travers son journal évoque sa vie
quotidienne sous tous ses aspects : famille, école, cuisine,
habitat, marché, agriculture, islam etc… ; à chaque page du
journal un rabat documentaire présente quelques points plus
précis concernant le sujet.
Un chapitre sur le Maroc aujourd’hui clôture le texte.
Je trouve ce livre très attrayant et très riche : de nombreux sujets
sont abordés. Certains sujets gagneraient peut être à être regroupés.
La présentation étant très agréable, le livre sera d’une lecture facile
pour les jeunes lecteurs..
L’illustration est très vivante.
EPANYA,
Christian
Koumen et le vieux
sage de la montagne
Monde Global – 2006 34
p. – 14,90€
6/8ans
Un fléau frappe un petit village du Niger, les récoltes de
coton sont détruites. On fait porter la responsabilité de cette
catastrophe sur Koumen, une petite fille handicapée. Pour
elle la situation devient intenable, aussi décide telle, une nuit
de partir avec l’aide de Mbaal le Hibou. Ce que personne ne
sait au village, c’est le don de Koumen pour parler aux
animaux. Elle entreprend un long voyage pour aller
demander conseil à un vieux sage. Aidée de ses amis les
animaux, elle parvient à son but et alors…
*On retrouve ici les ingrédients des contes africains : malheurs sur
le village, l’enfant qui a un don particulier, le sage qui fait un
miracle. Malgré un abus de situations répétitives, l’album est
attrayant. Les illustrations plairont-elles aux enfants ? Elles sont
parfois un peu oppressantes par leur couleur foncée.
* Deuxième avis rejoint le premier
EPANYA, Christian
Mes images du Sénégal
Le Sorbier 2009 13€
6/8 ans
Youssou vit à Dakar dans un quartier populaire où chacun se
retrouve le soir ou après l’école pour discuter. Il invite le
lecteur à découvrir son quartier, les lieux célèbres de la
capitale, ses vacances en Casamance auprès de ses grandsparents,
etc.
95
Les illustrations, naïves et colorées agrémentent ce documentaire
qui permet aux jeunes lectures une approche intéressante du
Sénégal : vie quotidienne, transports, fêtes…
BD
ESSO Joëlle
PETIT JOSS, école
urbaine mixte – tome 1
Dagan, 2010, 14,95 €
Cameroun
Petit Joss est une école primaire urbaine mixte située dans un
quartier tranquille, rue des manguiers à Douala (Cameroun).
En ce début des années 1970, l’école tourne la page de la
colonisation et de son paternalisme. Elle doit relever le défi
de l’indépendance, avec un corps enseignant « monochrome
» et essentiellement autochtone et doit faire face aux
exigences des parents et des autorités de tutelle qui veulent
que la transition soit réussie. C’est à une femme, Mme
Etambi, qu’incombe la mission de diriger la première cet
établissement de l’ère post-coloniale, elle succède à des
expatriés français. C’est le Petit Joss, l’école de ce temps-là
que raconte Joëlle Esso dans ce 1er tome, composé de 6 petites
histoires.
Comme le dit la comédienne, chanteuse, danseuse, peintre et, pour
la première fois, scénariste et dessinatrice de bande dessinée, Joëlle
Esso : « J’ai eu envie de raconter mon Afrique, celle d’une
enfance insouciante à Douala dans les années 70 ». Il est vrai que
l’on ne trouve pas dans l’album « l’image misérabiliste de l’Afrique
véhiculée par les médias, avec toujours des enfants pieds nus, au
gros ventre, mourant de faim » [Journalducameroun.com]. Non, ce
sont des enfants issues de la bourgeoisie locale, peut-être pas les
plus nombreux d’Afrique ! Si le sujet semble intéressant, les
scénarii manquent d’assurance et de style. Si le saupoudrage
d’expressions camerounaises pourrait séduire, les histoires ne
présentent que peu d’intérêt. Pour hélas ternir davantage le tableau,
le trait est maladroit, le décor pauvre et le dialogue texte/image trop
souvent redondant. Somme toute, un premier essai peu concluent
GBADO LALINON,
Béatrice
Les aventures de Biki
Hachette/Edicef 2000
Le Caméléon vert
Bénin
Maternelle
Wabi, petit garçon, et Biki, petit singe sont très liés. Tous
deux vont passer une journée en ville et Biki, victime de la
pollution tombe inanimé.
* Belle histoire d’amitié entre l’enfant et le singe. Illustrations
« impressionnistes » très agréables.
* J’ai trouvé que ce livre n’apportait rien et à la limite était un peu
« niais »
96
GOBY, Valentine
Le cahier de Leïla : de
l’Algérie à Billancourt
Autrement –
Français d’ailleurs 2006
illustré par BADEL
Ronan
46 p. – 14,50 €
France
A partir de 10 ans
France 1963 ; La famille de Leila vient rejoindre le père,
ouvrier des usines Renault de Billancourt. Dans son journal
intime elle raconte la découverte de ce nouveau pays.
– La fiction est bien menée, toute en nuances et on comprend bien le
désarroi de la fillette qui doit accepter les réalités pas toujours
faciles à accepter de la France des années 60 (habitat précaire,
pauvreté, racisme…). Un encart documentaire précise les grandes
lignes de l’histoire de l’Algérie depuis la colonisation jusqu’à
l’immigration
HAMPATE BA,
Amadou
Il n’y a pas de petite
querelle
Pocket n°11070 – 2007
156 p. – 4,60 €
Mali
A partir de 10 ans
Série de contes de la savane, soit récits d’aventures soit contes
sociaux avec une morale pleine d’humour. Analyse les
qualités et les défauts de la nature humaine.
L’intérêt de ces contes c’est qu’à tout âge le plaisir de lecture est
égal.
Descriptions foisonnantes et imagées. Très intéressant sur la
culture peule et africaine. On y découvre l’Afrique avec ses
mentalités, ses styles de vie…
HAMPATE BA,
Amadou
L’Enfant Peul
Actes Sud – Babel 2001
535 p. – 10,50 €
Mali
A partir de 10 ans
Amadou Hampaté Ba, dit Amkoullel, est né à Bandiagra, au
Mali. Son grand père maternel était Peul. Tidjani, le second
époux de sa mère Khadija, l’adopta. Amadou fut initié aux
traditions ancestrales, fréquenta l’école coranique, devint chef
d’une « Waaldé » (association de jeunes) mais il fut aussi
désigné pour aller à l’école des Blancs, ce qui le conduisit à
l’École Professionnelle de Bamako. En 1921 il partait comme
« écrivain temporaire » à Ouagadougou.
Roman autobiographique passionnant parce que c’est à la fois une
aventure personnelle, une histoire familiale et collective, une
fresque historique.
HAMPATE BA,
Hamadou
Le petit frère
d’Amkoullel
Syros –Mali –
Dans un village Bambara du Mali, au début du siècle,
Amkoullel, assiste à la naissance de son petit frère. Il
découvre les rites associés à la naissance. Il se fait un ami
dans le village et découvre la vie.
97
6/8ans
*Récit de la naissance avec des détails intéressants et « universels »
ainsi que sur les rites spécifiquement africains : visite du « maître
du couteau » et celle du bon « Dieu Komo ». Texte un peu long qui
s’adresse à de bons lecteurs.
*Récits intéressants pour les enfants qui découvriront similitudes et
ressemblances
HAMPATE BA,
Amadou
Petit Bodiel
Nouvelles éditions
Ivoiriennes
Edicef – 1993 – 94 p.
Mali
A partir de 10 ans
Petit Bodiel, le lièvre, considéré par l’entourage comme un
vaurien est invité par sa maman à la suite de la mort de son
père à redresser la situation. Mais c’est sans compter sur la
ruse, de ce petit malin !
Ce texte est un vrai plaisir à lire tant la langue y est riche et
l’humour présent.
Il s’adresse à un très large public, jeunes et adultes, mais la
longueur du texte peu rebuter quelques jeunes lecteurs en difficulté.
Pour les plus jeunes des extraits resitués dans leur contexte
peuvent être lus.
HASSAN, Ali
Le Rêve du papillon
Grandir
Soudan
6/8ans
Le roi des animaux perd ses yeux dans l ‘étang où il
s’abreuvait… tous les animaux profitent de sa faiblesse pour
se moquer de lui… sauf le papillon qui propose de l’aider.
JOUBERT Raphaëlle
(adaptation)
Nofa petite Touareg
L’Harmattan
Contes des quatre
vents – 1998
illustré par BER
THELOT Reine
8/10 ans
En plus de la beauté, Nora a le don de communiquer avec les
animaux. A la mort de sa mère, elle doit faire face à la
jalousie de sa belle-mère qui ne supporte pas l’amour
démesuré que lui porte son père et va obtenir du marabout
qu’il la transforme en chèvre. Mais heureusement les coeurs
purs finissent toujours par obtenir justice dans l’univers du
conte.
– Version arabe de Cendrillon, ce conte très bien écrit pose en plus la
question de l’équité au sein de la famille à laquelle le Coran impose
d’aimer chaque enfant avec la même force. S’il y a transgression ici,
c’est celle du père. Bel album avec une illustration très aérienne à
l’aquarelle, le texte arabe calligraphié apporte un élément esthétique
supplémentaire. (Magie-Amour paternel-Jalousie)
KABORE, Roger
Bila
La Princesse Yennega
La princesse Yennega saura-t-elle honorer son père le roi
soleil ?
Mammadou parviendra-t-il à arracher sa bien aimée des
98
et autres histoires
NEA/Edicef
Afrique en Poche junior
6/8ans
griffes du maître de la grande clairière ?
Comment le prince Diabo-Tempo pourra-t-il délivrer son
village de la malédiction qui le frappe ?
Les trois frères trouveront-ils la solution à leur énigme
auprès de l’Imam Boubacar ?
– Ces contes hérités de la tradition orale du pays Mossi sont pleins
de poésie et captivants.
KANE, Abdoulaye
Elimane
Le Prince Madal
Bayard Poche
J’aime Lire
6/8ans
C’est la sécheresse dans une région du Sénégal. Pour que la
pluie arrive, le roi doit sacrifier son fils. Après de nombreuses
aventures, ce dernier trouvera la solution pour apporter l’eau
au village.
KALOUAZ Ahmed
Je préfère qu’ils me
croient mort
Rouergue , doAdo
monde , 2011
Nombreux sont les enfants africains qui rêvent de devenir
footballeurs professionnels en Europe. Aussi quand un
recruteur fait miroiter à Kounandi, jeune malien de 14 ans, un
stage en France, toute la famille et le quartier participe
financièrement au voyage…
Un texte engagé, inspiré de faits réels, qui rapporte sans concession
les dérives du football. L’auteur dénonce le mépris et l’humiliation
quotidienne de ces jeunes qui deviennent sans papiers.
KANE, Abdoulaye
Elimane
Le Prince Madal
Bayard Poche
J’aime Lire
6/8ans
C’est la sécheresse dans une région du Sénégal. Pour que la
pluie arrive, le roi doit sacrifier son fils. Après de nombreuses
aventures, ce dernier trouvera la solution pour apporter l’eau
au village.
KANTA, Abdoua
Halimatou – Hachette
Edicef – Collection
Jeunesse
Niger
A partir de 10 ans
Halimatou, jeune Peule vit au Niger. Aînée de la famille, elle
doit travailler, s’occuper des bêtes, aller au marché… Elle fait
la connaissance de son père, découvre l’amour.
Bonne description de la situation des filles en brousse, des
coutumes, des relations familiales (toujours actuel).
KARCHE, Vincent
Le papillon noir
Edicef
Colas, un petit lutin blanc est transporté par l’horrible Bécar
au pays des collines. Avec son ami africain Samandari, il doit
trouver le papillon noir qui empêchera Becar de devenir
99
Burundi
A partir de 10 ans
maître du monde. Mais le parcours est plein d’embûches.
Beaucoup de mystères autour de Colas ; ce qui n’empêchera pas
une belle amitié de se nouer avec le petit africain. La fin, la fausse
trahison de Samandari est un peu tirée pas les cheveux.
Les jeunes français ne découvriront pas assez l’Afrique dans ce
livre. Il concerne plutôt un jeune public africain.
KARRAY Raouf
Grandir, s.d.
Tunisie
Tout petits
Trois textes de berceuses en français et deux en arabe. Pour le
reste l’album est essentiellement composé d’illustrations.
Je trouve que cet album ne présente que peu de textes, par contre le
dessin traduit bien dans sa dynamique et son mouvement
l’intégration du bébé à la vie quotidienne. J’ai aimé les dessins et les
couleurs chaudes et vivantes.
KESTELOOT, Lilian.
Soundiata, l’enfant Lion
Casterman – Epopée
2006
104 p. – 7 €
Sénégal
Les griots africains racontent la naissance de Soundiata, fils
d’un roi et d’une femme buffle ; c’est le fondateur de l’empire
du Mali, au XIIIème siècle.
C’est l’épopée de Soundiata, le chevalier « sans peur et sans
reproche ». A comparer avec l’épopée de Soundiata Keita.
(Présentation différente)
KEYBA NATAR,
Toïngar
Les Contes du
Kou’ndou
Editions FASAL
2004 – 66 p. – 16 €
Contes d’Afrique
ill. : Elisabeth PASKA
Tchad
6/8ans
Huit contes, très courts ; souvent très moraux : – méchanceté
de la marâtre de Nderbé Yeuge – la paresse du caméléon – la
lenteur du dromadaire et la précipitation de l’âne – la
désobéissance du singe Goî-Beude – la fille qui écoutait.
D’autres sont plus originaux -l’origine du soleil et de la lune
– la naissance du balafon (les filles de la famille Ngoh) – la
raison pour laquelle le chien fait pipi debout !
* La morale est très simpliste : « le bien se paye en bien, le mal en
mal » !
* Ces contes sont faciles à lire, la présentation très claire. Des contes
accessibles aux plus jeunes en lecture seule : textes courts. Ce qui
est intéressant c’est le mélange de contes mythologiques et de contes
à visée « morale » mais morale un peu simpliste parfois. Je n’ai pas
aimé l’illustration qui fait vieillotte.
KINGUE EPANYA,
Christian
Konan a quitté Garoua, la ville de son oncle pour revenir au
village. Là, il fabrique un petit camion semblable à celui de
100
Le petit camion de
Garoua
Hachette/Edicef – 2001
21 p. 3,50 €
Cameroun
Maternelle
son oncle.
– Cette histoire apporte des détails sur la vie quotidienne et montre
l’esprit créatif des enfants qui n’ont pas de jouets. Abordable dès 3
ans.
KONATE, Dialiba
L’épopée de Soundiata
Keïta
Seuil jeunesse – 2002
62 p. – 19,50€
Mali
A partir de 12ans
Récits et légendes sur le père fondateur de l’empire, du Mali
dans la tradition des griots et des sages généalogistes
– Superbes dessins associés au récit de cet album. Un petit chef
d’oeuvre autant pour les enfants que pour les adultes, gamme de
couleurs sable
KONATE, Dialiba
Le prince Maghan
Diawara et le
crocodile du lac
Faguibine
Seuil Jeunesse – Mali
8/10ans
Le prince Maghan Diawara est un grand chasseur rusé. Il va
réussir à tuer un crocodile mangeur d’hommes. Il fera la
même chose avec un énorme boa. Il devient chef du village.
*Histoire traditionnelle de chasseur invincible. Mais cet album sort
de l’ordinaire grâce à ses illustrations réalistes qui font
« frissonner ».( Mais les enfants aiment ça, que ça se termine
bien !)
*Je proposerai cet album pour les 8-10 ans, car le texte est long et
parfois peu facile. Les illustrations ressemblent aux dessins des
enfants de cet âge, elles peuvent les attirer car ils s’y retrouvent :
c’est leur monde.
KOUROUMA,
Ahmadou
Le chasseur, héros
africain
Grandir – 1999
8/10 ans
Le rôle des chasseurs dans la société africaine. Les
représentations artistiques et le récit de la journée d’un
chasseur. La collection présente un récit accompagné d’un
dossier documentaire qui permet de mieux comprendre le
sujet.
Kourouma a écrit quatre titres dans cette série mi-documentaire,
mi fiction. L’iconographie est riche, chaque thème est bien
documenté, c’est très agréable à lire
KOUROUMA,
Ahmadou
Le Forgeron, homme de
L’auteur raconte la journée d’un forgeron africain. La forge
est un lieu sacré en Afrique. La collection présente un récit
accompagné d’un dossier documentaire qui permet de mieux
101
savoir
Grandir – 2000
8/10 ans
comprendre le sujet.
Voir Chasseur (Le), héros africain
KOUROUMA,
Ahmadou
Yacouba, chasseur
africain
Gallimard – Grandir
8/10 ans
Mathieu, jeune français, vient en vacances à Abidjan, sa tante
étant mariée à un ivoirien. Avec ses cousins, il approche la
« société traditionnelle » (aujourd’hui disparue) avec ses rites
traditionnels.
Livre commande – presque trop didactique – l’intérêt : la
confrontation des deux sociétés – peut donner des idées à priori sur
l’Afrique et faire peur.
LESTER, Julius
Les larmes noires
traduit de l’américain
Hachette
Black Moon
140 p. – 12€
Collège
Ce n’est pas du théâtre, mais ça y ressemble. Les personnages
donnent tour à tour leur point de vue, livrent leurs
sentiments et leurs émotions ressentis à l’occasion d’une
vente d’esclaves. L’histoire se déroule aux États-Unis, en
1859. Nous sommes en Géorgie. Le maître d’une plantation
de coton, criblé de dettes de jeu, est obligé de vendre la plus
grande partie de ses esclaves. Un drame pour tous les Noirs
de la plantation, mais pas seulement. En effet, chaque
personnage en restera marqué à vie, pour différentes raisons :
les esclaves comme la famille du maître ou encore le
commissaire-priseur de la vente.
L’auteur a su trouver le ton juste pour nous faire vivre cette
période de l’histoire, par le biais de la vente (qui s’est réellement
déroulée) puis des interludes où les différents protagonistes
expriment leur point de vue avec le recul du temps. Un récit tout en
émotion, accessible pour les jeunes de collège.
MABANCKOU, Alain
Enfances
nouvelles recueillies
par l’auteur Pocket,
2008,
154p. – 5 €
Ecriture plurielle avec Ananda Devi, Florent Couao-Zotti,
Eliane Kodjo, J.L.Raharimanana, Kangni Alem, Khadi Hane,
Michel Cadence, Sami Tchak. Huit auteurs proposent un
souvenir d’enfance.
Quelques textes plus originaux que d’autres ; facilité de lecture
pour les jeunes de par le thème et la forme.
102
MBAYE NDAAK,
Babacar
La danse de la pluie
bilingue français-wolof
Les petits géants du
Monde Rue du Monde
2008 6,50€
Maternelle
Une adaptation d’un poème wolof qui célèbre l’arrivée de la
pluie et ses bienfaits.
MBENGA MPIALA,
Sammy
L’enfant de la guerre
CEDA / HMH 1999
Lire au présent
Zaïre / Côte d’Ivoire
66 p.
Ablon, un jeune libérien, échappe au massacre de sa famille
par un militaire. Jeune adulte, il se réfugie en Côte d’Ivoire
où il connaîtra la réussite sociale.
Ce livre, très manichéen, n’est pas crédible : Ablon adulte se marie
avec la fille de l’ancien tortionnaire de sa famille, fait justice luimême,
est condamné à la prison puis bénéficie d’une mesure de
grâce…
MBODJ, Souleymane
Contes d’Afrique
Milan Jeunesse – 53 p.
Illustré par Virginie
GUERIN- Sénégal
16 € accompagné d’un
cd.
Maternelle
Sept contes :
Le champ du lièvre – Saraba (petit garçon maudit) –
L’antilope et le lion – Pourquoi le ciel est si haut – L’araignée
et la pintade – L’homme et l’oiseau – La pierre qui parle.
– Contes très moraux : celui qui se croyait le plus fort, le plus rusé
est pris au piège.
– J’ai trouvé ces contes vivants et sympathiques même s’ils
reprennent des thèmes connus. L’illustration colorée est très
agréable pour les jeunes lecteurs
M’BULA, Moyi
Le soleil et la pluie
(français-lingala)
L’Harmattan – 1998
contes des quatre vents
– 16p. – 7 € 6/8ans
La pluie se sent menacée et décide de ne plus revenir car les
habitants du village ne veulent que le soleil… mais ils vont
vite se rendre compte de leur erreur…
MWANKUMI,
Dominique,
Des chasseurs s’attaquent à la mère de Nsoko pour lui
prendre ses défenses. Celui-ci arrive à s’enfuir mais il se
103
HELLINGS, Colette
Nsoko l’orphelin
Ecole des loisirs
(Archimède)- 2002
36 p.
Maternelle
retrouve seul, perdu dans la brousse. Mbila, un jeune garçon
réussit à approcher Nsoko et le conduit à l’hôpital des
éléphants. Il s’occupe bien de lui jusqu’au moment où l’heure
sera venue pour Nsoko de retourner en brousse.
Très jolie histoire. Permet d’aborder le problème de la chasse.
Agréablement illustrée. Peut être racontée dès 3 ans.
MWANKUMI,
Dominique
Les Petits acrobates du
fleuve
École des loisirs – Lutin
Poche ; 2008, 6p. – 5,50 €
R D du Congo
6/8ans
Kembo et ses amis tentent en pirogue de rejoindre le gros
bateau courrier qui ralentit sur le fleuve mais ne s’arrête pas.
Ils vont braver les dangers et essayer de monter à bord pour
acheter quelques marchandises introuvables au village.
– Des aventures bien représentatives de ce que vivent les petits
africains. Illustrations sympas.
MWANKUMI,
Dominique
La peur de l’eau, une
journée de deux enfants
à Ganvié, cité lacustre
au Bénin
École des Loisirs 2006
45 p. – 12€
RD du Congo
6/8ans
Un jeune garçon vit dans une cité lacustre et il attend son
cousin Pino qui habite le Plateau. Ce dernier apporte en
cadeau à la famille un poulet mais au moment de monter
dans le bateau celui ci s’échappe. On suggère alors à Pino de
plonger pour chercher un petit trésor, mais comme tous les
habitants du Plateau, il a peur de l’eau.
*J’ai été déçue par la fiction, l’histoire est un peu légère et elle ne
sert que de prétexte à proposer une partie documentaire intéressante
sur les cités lacustres et le Bénin. Illustrations sympas. La
bibliographie fera peut-être rêver les enfants.
*Certes la fiction est légère mais le coté documentaire est tellement
exact et amené d’une manière si agréable que je trouve cet album
intéressant. Les illustrations me plaisent beaucoup : j’en aime les
teintes et le coté « crayonné

NANGALA, Camara
La poupée
CEDA / HMH
Lire au présent- 1998
66 p. –
Côte d’Ivoire
A partir de 10 ans
La famille de Mimie est riche et vit dans un palais tandis que
celle de Yémikan habite en face dans un taudis. Yémikan
envie le mode de vie des voisins et les jouets des enfants…Un
jour elle trouve dans une décharge une vieille poupée cassée
que va convoiter Mimie.
*Ce récit plaira aux jeunes de 10-12 ans. Il est plein de suspense et
104
nous invite à une réflexion sur l’inégalité sociale et donne une belle
leçon de générosité.
*Le récit, alerte et bien mené, montre que la possession de richesses
ne suffit pas toujours pour être heureux…
NGUUNRDAM
KASAPA
(français-peul)
GOUROU, Pierre
Les Aventures de
Kataboum
(trad : Barry, Abou-
Dardaye)
L’Harmattan – 1997
6/8 ans
Kataboum est un rhinocéros, petit et pas très discipliné…il
explore le monde qui l’entoure. Grâce à sa curiosité il pourra
protéger les siens.
NIANG DIALLA,
Nafissatou
Awa, la petite
marchande
Hachette/Edicef
Collection Jeunesse
Sénégal
8/10 ans
Awa, petite écolière, doit préparer les repas, ses frères et ses
soeurs avant d’aller à l’école. Situation lourde qui se
complique lorsque son père tombe malade car elle ne peut
plus aller en classe. Heureusement, un oncle veille et elle
pourra partir à Paris
Description de la vie d’une famille pauvre dans un village africain.
Conséquences de cette pauvreté sur la scolarisation des enfants et
des filles en particulier. Awa, souvent humiliée, aura sa revanche à
la fin et cela plaira sans doute aux enfants.
NGUUNRDAM
KASAPA
(français-peul)
GOUROU, Pierre
Les Aventures de
Kataboum
(trad : Barry, Abou-
Dardaye)
L’Harmattan – 1997
6/8ans
Kataboum est un rhinocéros, petit et pas très discipliné…il
explore le monde qui l’entoure. Grâce à sa curiosité il pourra
protéger les siens.
NITIWE,Felix
Drôles de jumelles
Editions du Flamboyant
Edicef-Le Caméléon
C’est la rentrée pour Oscar mais pas pour ses soeurs jumelles ;
les parents refusent de les envoyer à l’école car elles sont
albinos. Tout s’arrange avec l’arrivée d’un nouvel élève, lui
aussi albinos.
105
Vert
Bénin
Maternelle
– Histoire simple, facile à comprendre, qui lutte contre les idées
reçues : les soeurs sont différentes : elles font peur. Quelques termes
typiquement africains. Les illustrations collent bien au texte,
colorées et drôles.
Album très agréable, texte simple et bien construit
OBIN, Manfeï
Le rat célibataire
Syros Jeunesse – 2003
Paroles de conteurs
illustré par Joëlle
JOLIVET – 157 p.
Côte d’Ivoire
6/8 ans
Quatre histoires sont réunies, avec comme personnage
principal Boton le lièvre. Elles mettent en scène les animaux
dans des situations classiques (tout le monde se rassemble
pour travailler les champs des uns et des autres) ou plus
originales (choisir une femme parmi plus d’un milliers de
jeunes filles toutes semblables, dans un royaume au fond des
eaux). Toutes se terminent par une petite morale
« réutilisable » dans la vie quotidienne des humains.
Ces histoires originales sont présentées avec humour, mais invitent
à la réflexion. Le texte est riche et l’éditeur le présente avec des
typographies variées, qui mettent en évidence les moments
importants, les exclamations, les silences. On trouve aussi des
petits passages en Akyé, amusants à lire phonétiquement.
Les illustrations, en revanche, sont peu nombreuses et un peu
tristes (en noir et orange).
OYONO Eric
Gollo et le lion
Albin Michel
Jeunesse
illustré par
CORVAISIER
Laurent
Maternelle
Gollo et sa soeur Kayes, orphelins, vivent dans la forêt. Tout
semble paisible mais le lion Polgozom rôde. Rusé et
gourmand, il réussit à se faire passer pour Gollo, en imitant
sa voix. et à dévorer Kayes. Gollo va faire renaître sa soeur en
utilisant le pouvoir de l’eau.
– Conte qui rappelle celui de la chèvre et des sept biquets.
Mais le méchant est puni, la morale est sauve, le lecteur rassuré.
Les illustrations sont très détaillées, très colorées, un peu trop
voyantes quelquefois.
– Ce conte à la croisée des contes initiatiques et des contes des
origines est raconté d’une manière très rythmée, très orale. Des
illustrations hautes en couleurs, d’une matière dense, reprenant des
motifs de poteries ou de tapisseries. Pour moi l’ensemble est réussi.
PANET Sabine
PENOT Pauline
Le coeur n’est pas un
Villepinte. Awa, brillante élève, révise pour le bac de
français mais elle apprend que son père a décidé de la marier
cet été avec un cousin au village. Sa jeune soeur Ernestine en
106
genou que l’on peut
plier
Thierry Magnier,
Roman, 2012 , 165 p. 9€
6ème et sa tante sont révoltées à cette idée… Mais on ne
badine pas avec la parole donnée et l’honneur au Sénégal.
Un roman tonique qui se lit d’une traite et qui remet en cause bien
des idées reçues sur les familles africaines en France et la vie
actuelle au Sénégal.
PINGUILLY, Yves,
PILORGET Bruno
Soeur blanche, soeur
noire
Au XIXe siècle, un jeune breton, Youenn, s’engage sur un
bateau en partance pour les Antilles afin d’échapper à la
sentence qui l’attend pour avoir assassiné l’homme qui avait
tenté de violer sa soeur. Aux Antilles, il découvre la traite des
Noirs. Incrédule, Youenn cherche à comprendre les Noirs. Il
s’immisce dans leur univers qui n’est pas sans faire écho à ses
traditions bretonnes et s’éprend d’Assita. Ensemble, ils fuient
l’esclavage
RASAMYMANANTSO,
Evelyne
Les aventures de
Milaloza
illustré par Fetra
Prediff (opération
Bokiko partenaire) –
2007 Madagascar – 6€
6/8ans
Tovo est un garnement qui décide contre l’avis de ses parents
de ne plus aller à l’école ; son père lui demande de chercher
un travail. Par ses initiatives il accumule les catastrophes
auprès du chef du village, du curé… mais cela se terminera
bien et il retournera de son plein gré à l’école.
*Conte non traditionnel bilingue ; Tovo est un enfant
d’aujourd’hui, il y a des antennes paraboliques et des téléphones
portables au village. Il se croit plus malin que tout le monde mais
devra en rabattre.
*Un conte agréable à lire où le personnage principal devient le
héros au moment même où il n’y croit plus.
QUAO-GAUDENS,
Pascale
Entre deux mondes
Ceda – HMH – 1999
66 p. – 4 €
Côte d’Ivoire
Collège
Zabou, une jeune métisse, vit en France avec sa mère et son
beau-père (africains). En quête de son identité, elle décide de
partir en Afrique à la recherche du père (blanc) qu’elle n’a
jamais connu.
*Ce livre construit sur la recherche de ses racines par une jeune
fille (découverte du père biologique, préparation du voyage,
rencontre avec le père, retour) propose une réflexion sur les origines
et le métissage. Il est indiqué pour 15 ans et plus mais le petit
nombre de pages le désigne plus pour les collégiens.
* C’est un vrai plaisir de lecture. Les personnages semblent si réels
avec leurs émotions qu’on est vraiment captivés.
107
RAJENOMONJATO,
Charlotte-Arresoa
Le pétale écarlate,
Société Malgache
d’Edition
Madagascar
Felana, une jeune malgache d’origine princière, naît un soir
sous le signe de l’ « Alakaosy »qui selon la tradition fait d’elle
un être voué à la solitude. Toute personne qui l’aimera sera
frappée de mort. Le roman retrace la lutte de la jeune fille et
de ses amis contre cette force maléfique. Il nous montre qu’il
appartient à chacun de forger son propre destin.
Roman très intéressant, bien construit, bien écrit. Le lecteur est
tenu en haleine jusqu’au bout. Il le fait pénétrer dans le monde
obscur des croyances malgaches. Cependant une accumulation un
peu excessive de manifestations effroyables de ce monde obscur lui
ôte de la crédibilité…
RAKOTOSON Michèle
Tovonay, l’enfant
du Sud
Sépia,2010
126p. 7€
Madagascar
A partir de 10 ans
Tovonay est un petit garçon des rues. Son père a dû partir
pour chercher du travail ; seul avec sa mère, sa grand-mère
et une petite soeur qui naîtra entre temps il devient l’homme
de la maison assumant de nombreuses tâches tout en
continuant à aller à l’école quand il peut.
L’exil devient inévitable pour la famille qui ne trouve plus
rien pour subsister au village.
Michèle Rakotoson donne à voir dans ce récit la difficile
condition de vie dans les campagnes, ce que représente l’exil
vers la ville. Mais elle nous donne surtout une tout autre
image de ce que peut être la vie de ces enfants. Elle veut
rendre hommage à tous ces
« Porter panier Madame ».
* Un récit vraiment attachant qui touchera adultes et enfants
RAVALOLOMANGA,
Bodo
Le lac bleu et autres
contes de Madagascar
(contes bilingues
malgaches français)
L’Harmattan – 1996 –
12 € Madagascar
Collège
6 contes ; résumé de « Le lac bleu et l’enfant infirme » : Une
reine accouche d’un enfant infirme. Le roi lui demande de
jeter cet enfant. Elle part donc et l’abandonne près d’un
grand lac. Dieu qui entend des pleurs envoie des messagers
chercher cet enfant ; il le guérit de son infirmité et le renvoie
sur terre, après lui avoir donné une bague magique…
REUSS, Didier –
REUSS-NLIBA, Jessica
Cameroun
Terre des hommes
Présentation sur chaque double page des différentes notions
de géographie d’un pays : climat, relief, végétation, faune,
population, langues, religions, économie, villes, transports,
musique, cuisine, célébrités et proverbes.
108
Grandir 2009 15€
8/10 ans
REYPENS Cathy
GUYON Françoise
ORENGO Roger,
illustrateur
Ama et les chemins
nomades
Grandir, 2008
Maroc
A partir de 10 ans
La journée d’une famille berbère nomade dans le sud
marocain.
Au récit, s’ajoute un petit dossier documentaire sur la vie
quotidienne des nomades.
Le contenu est intéressant mais les illustrations trop sombres
donnent un aspect un peu noir au texte.
Quant au dossier documentaire malgré son contenu informatif, il
risque par son manque d’attrait de ne pas susciter l’envie des jeunes
lecteurs.
SANE, Insa
Sarcelles Dakar
Sarbacane-Exprim, 2007
187 p. – 9 €
Sénégal
Collège
Djiraël est un petit voyou de 19 ans qui habite Sarcelles. Entre
deux flirts, il bidouille des combines souvent foireuses.
L’instable Djiraël est un peu perdu, sans repères et sans père
pour veiller sur lui. Et puis un jour, sa mère lui propose de
découvrir le pays de son enfance, le Sénégal. Le voyage sera
initiatique ; un véritable retour à l’enfance, aux racines, aux
rêves, qui va changer à jamais le petit français du Val-d’Oise.
L’auteur : le jeune français d’origine sénégalaise est slameur,
membre du groupe de hip-hop 3K2N et comédien.
Très apprécié des lycéens d’Étonnants Voyageurs 2007.
* Dans la première partie du roman, qui se déroule en France, le
langage est celui de la banlieue et peut être très crû (à réserver aux
plus grands du collège). Puis la famille s’envole vers Dakar, le ton
change et on ressent bien le choc de ce jeune homme qui prend
conscience progressivement de ses racines. J’ai beaucoup aimé le
décalage entre le langage de la banlieue et celui de la poésie
africaine, de l’art des griots. On passe de l’un à l’autre au fil de
l’histoire.
*Agréable rencontre avec deux cultures d’un ado de banlieue et
toutes ses contradictions ; la partie tradition africaine et les
rencontres autour du père sont très initiatiques
109
SAMI,
La courge qui parlait
Editions du Jasmin 1999
Tanzanie
6/8ans
Une courge qui parle grossit, grossit et finit par avaler tous
les habitants du village ; il ne reste plus qu’une vieille femme.
* Histoire ennuyeuse
SATOMI, Ichikawa
Baobonbon
Ecole des Loisirs
6/8ans
Maman envoie Paa vendre des bananes au marché. En
chemin, il rencontre Baobab qui a soif. Il va lui chercher de
l’eau, mais en son absence ses bananes lui sont dérobées.
Pour le consoler, Baobab lui donne des graines avec
lesquelles il fera des bonbons qu’il vendra !
Paa, petit garçon généreux qui fait des bêtises sympathiques. Le
texte est facile à lire ; les illustrations tiennent beaucoup de place et
semblent animées.
Les enfants découvriront que certains enfants vivant ailleurs ont
une vie bien différente de la leur, ce qui les fera réfléchir. Les
illustrations sont bien adaptées au texte, et le choix des teintes
pastel apporte beaucoup de douceur.
Livre qui peut être utilisé en maternelle de par ses illustrations.
SAY, Bania
Mahamadou
Le Voyage d’Hamado
Hachette/Edicef
Collection Jeunesse
Niger
6/8ans
Hamado, paysan, découvre une « maison qui vole » (un
avion). Il sera invité à faire un voyage inaugural puis un
autre plus long. Il découvre ainsi la vie des « occidentaux »
– Livre un peu trop naïf. Comparaison permanente entre le vu et le
vécu, un peu lassant ; il n’y a pas d’action
SCHULZ Hermann
Mandela et Nelson
Ecole des Loisirs , neuf,
2011, p.
Grande nouvelle : l’équipe de foot de Bagamoyo va affronter
une équipe de joueurs allemands en Tanzanie. Mais rien n’est
vraiment au point, ni le terrain, ni la stratégie… Nelson a
beaucoup à faire pour que son équipe soit imbattable mais il
peut compter sur Mandela, sa soeur jumelle, et les autres.
Un livre où l’humour rivalise avec la débrouillardise des gamins du
village pour mener à bien cette rencontre. Un roman qui parle de
foot ball mais surtout nous raconte une façon inventive de réagir
malgré les difficultés de la vie quotidienne.
110
SEGLA, Daniel
Mon Tata Betiabe
Monde Global
L’architecture et les
symboles expliqués aux
enfants
2006 32 p.- 12 € ,90
illustré par Hélène
Brenke
6/8ans
Yann, un petit breton va quitter Tanko, un écolier béninois.
Celui-ci décide de faire visiter son pays Bétiabé à son copain
avant son départ.
L’histoire est prétexte à un texte documentaire sur le peuple
Bétiabé : animaux, architecture, mode de vie. Il ne m’a pas
passionné.
Si l’enfant aime les documentaires, alors il le lira, mais si ses
lectures sont avant tout des récits, il ne poursuivra pas sa lecture,
et je le comprends car notre curiosité n’est pas très en éveil !
SEID, Joseph
Brahim
Au Tchad sous les
étoiles
Présence Africaine
Tchad
10/12 et
12/15 ans
Une douzaine de contes plus ou moins faciles à lire. Les héros
sont victimes d’injustice mais tout rentre dans l’ordre (sauf
Nidjema l’orpheline).
Sur l’ensemble des contes l’enseignant pourra prélever celui
qui correspond au niveau de sa classe, car dans certains
l’accumulation de noms de personnes, de villes, de régions
rend la mémorisation difficile.
Contes courts se terminant souvent par une morale, bien écrit.
Occasion de rencontrer des gens différents, aux croyances
inconnues chez nous.
SECK, Awa
L’affaire des sandales
de Fatou
Hachette/Edicef
Le Caméléon vert
Sénégal
Maternelle
Invitée à un baptême, Tante Fatou s’est faite belle. Mais ses
jolies sandales sont dérobées.
Va-t-on les retrouver ?
– Permet d’aborder une autre culture : les habits, les coutumes. A
partir de 3 ans
SEMBENE, Ousmane
Les bouts de bois de
Dieu
Pocket – 2007 (1971)
– 5 € – Sénégal
Écrit à partir d’un fait réel, le roman relate la longue grève
des cheminots du Bamako-Dakar. Une galerie de portraits
époustouflante qui donne une idée de la société coloniale.
Un roman très fort où l’on découvre l’importance et la
détermination des femmes dans le combat. Les hommes auraient-ils
gagné sans elles ?
111
TADJO Véronique
DUBOIS Bertrand
La petite fille qui ne
voulait pas grandir
Actes Sud Junior
2007, 32p.
A partir de 8 ans
Le papa d’Ayanda part à la guerre. Malheureusement, seul le
papa d’Ayanda ne revient pas au village.
Submergée par la tristesse, elle décide d’arrêter de grandir
puisque les adultes sont si cruels.
Alors que tous ses amis grandissent, elle reste toute petite.
Mais un jour, face aux difficultés familiales, elle se rend
compte qu’il serait peut-être mieux de grandir. Alors…
Une belle histoire que celle d’Ayanda qui se révolte à juste titre.
Elle ne retrouvera sa sérénité et son calme qu’après avoir aidé sa
famille et son village assailli par des guerriers. Belles illustrations.
TADJO, Véronique
Masque, raconte moi
Hachette/Edicef -2002
Le Caméléon Vert Côte
d’Ivoire
6/8ans
Un enfant interroge un masque et lui demande son secret ;
celui-ci lui répond de trouver seul. Cinq animaux sont alors
présentés.
– Bon documentaire, bien présenté. Exploitable en français et arts
plastiques.
TOAZARA,
Cyprienne
Soza le pêcheur
illustré par Roddy –
Editions Jeunes
malgaches
opération Bokiko
13 p.- Madagascar
(bilingue) – 6€
8/10 ans
Soza part pêcher au-delà du grand récif pour gagner plus ; il
fait naufrage et revient 7 années après dans sa famille. Il a été
sauvé par des créatures des eaux et doit rétablir l’ordre dans
sa région (sorcellerie, vol de zébus). Ayant accompli sa
mission il repartira en bateau au-delà des récifs avec sa
famille.
Un peu magique, un peu moral. Parle de la vie de Madagascar et
des croyances. La fin peut être inquiétante. Dessins sympathiques.
TSOBGNY, Brigitte
Acoria
Quand la forêt parle
Collection Jeunesse 8/10
ans – 10/12 ans/ 12/15
ans
Cameroun – Réseau
Afrique 37- 10 €
Afidji est une Cendrillon africaine, mal aimée de toute sa
famille. Un jour, elle part pour retrouver la première épouse
de son père. C’est très loin, elle doit traverser la forêt des
pygmées très dangereuse. Heureusement quelqu’un veille.
– Le conte est classique : la petite fille rejetée de tous et qui
reviendra par la grande porte. Vie du village bien décrite. La forêt
est mystérieuse et inquiétante. Lecture facile.
Agréable à lire, on a envie de continuer. Permet de découvrir le
milieu tout en tenant en haleine par le déroulement de l’action.
UGOCHUKWU,
Françoise-
La sécheresse s’abat sur le village ; les troupeaux meurent ;
les enfants sont malades.
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La source interdite
Hachette/Edicef
Collection jeunesse
Nigéria 8/10 ans
Un jour, des enfants découvrent une source, mais celle-ci est
interdite suite à une querelle entre voisins.
La pauvreté dans les familles, le rôle des anciens, la sécheresse, tous
ces problèmes sont abordés sans misérabilisme ; le rôle des enfants
donne même une note d’optimisme.
VEILLERES, Claire
Leïla, Rada et Anissa
vivent au Maroc
Enfants d’ailleurs
De la Martinière
jeunesse 2009 13€
10/12 ans
Après une introduction géographique du pays, nous suivons
un enfant dans chaque lieu : la médina de Fès, un bidonville
de Casablanca et les montagnes du Haut-Atlas.
Une approche à mi-chemin entre l’album et le documentaire.
WILSON, William
L’océan noir
Gallimard Jeunesse
2008 15,90€
8/10 ans
En 18 tentures de coton l’auteur raconte l’histoire des
hommes noirs grâce à l’art traditionnel du Bénin
« l’appliqué ». L’Océan noir retrace l’histoire des hommes
noirs, qu’ils soient puissants rois africains ou actifs
marchands d’esclaves, captifs emmenés vers le continent
américain et transportant avec eux leur culture et leurs
traditions, nègres marrons enfuis dès l’arrivée et se cachant
dans la forêt avec la complicité des Indiens, élites éduquées
de la cour du royaume Mina, Noirs américains se
rassemblant sous la bannière pacifiste de Martin Luther King
ou celle, plus offensive, des Black Panthers, musiciens noirs,
artistes noirs, guerriers noirs, peuple noir.
Une réussite qui donne envie de voir l’exposition grandeur nature.